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INSTALLATION - Au CCF, jusqu’au 26 octobre, de 13h00 à 19h00 « Je ne vis rien d’abord », ou cinq regards sur le quotidien de la ville

Dans la salle d’exposition du CCF, à la rue de Damas, on flâne, on déambule, on circule et puis on s’arrête et on réfléchit. Le travail qui impose cette réflexion prête au mouvement et à la mobilité. Il a été effectué par les élèves de quatrième année de la faculté des beaux-arts de l’USEK dans le cadre d’une étude sur le quotidien. Une démarche artistique qui traduit le regard qu’ils ont porté sur la ville de Beyrouth, présenté dans cet espace culturel jusqu’au 26 octobre. Sous la houlette des architectes Pierre Hage Boutros et Rana Haddad et de l’artiste Omar Fakhoury, les sculptures, manipulations de la matière, assemblages ou films vidéos, quoique indépendants, s’imbriquent les uns dans les autres. Une démarche artistique qui a nécessité trois semaines de travail et 5 jours d’installation, vu les exigences de l’espace. Il s’agit d’abord de sièges anamorphiques dont l’étude est axée sur les visions illusoires. Qu’est-ce qu’un siège ? Quel rapport existe-t-il entre le concept et la forme ? Quelle est la justesse d’un point de vue ? Y en a-t-il un uniquement de vrai, d’abouti ? Face à la profusion des objets de consommation, Jean Bou Doumit s’est demandé comment faire un siège de moins en installant plusieurs sortes de soi-disant chaises et en les comparant à leurs déchets. À côté de ce travail, Rana Nasr s’est attelée à suspendre une série de petits fascicules qui oscillent au bout d’un fil comme un pendule. Des extraits du roman Horla, de Guy de Maupassant, y sont mis en parallèle avec des photos de fenêtres et vitrines de Gemmayzé. « Je vois, j’ai vu le regard » sont autant d’expressions récurrentes, mais voit-on vraiment ? En sortant les textes de l’écrivain de leur contexte et en les mariant aux images du quotidien, l’étudiante vise à susciter l’éveil, à inciter le regard. Quant à Samer Basbous, il s’agissait pour lui de faire l’inventaire des modèles de voiturettes à café existantes à Bourj Hammoud et de les dessiner, empilées les unes sur les autres, afin de confectionner un spécimen unique, sorte d’assemblage qui réunit ces modèles. Ce faisant, l’artiste en herbe obtenait un résultat incroyable. Sa voiture pouvait s’unir ou se désunir à loisir. D’abord d’allure documentaire, cette métaphore devient un relevé descriptif de la réalité des divisions interculturelles et sociopolitiques. Puis, côté « filmique », ce sont deux réalisations, l’une individuelle et l’autre collective, qui offrent à voir, respectivement, les traces laissées par les élèves de l’USEK ainsi qu’une rue de Beyrouth. Ainsi, Nagi Chalhoub a assemblé 300 images provenant de 300 tables de dessin de la faculté des beaux-arts et a composé ces entailles, perforations ou traces d’existences sur une pellicule constamment projetée sur le mur durant l’installation. Enfin, Stéphanie Saad, avec la collaboration de Basbous et Chalhoub et sous la supervision de Jean-Pierre Cousin, rédacteur du magazine d’architecture AA , illustre la rue Abdel Wahab el-Inglizi dans un film de 8 minutes . « Notre regard parcourt l’espace et nous donne l’illusion du relief et de la distance. C’est ainsi que nous construisons cet espace : avec un haut et un bas, une gauche et une droite, un devant et un derrière, un près, un loin. » Ces mots empruntés à Georges Pérec sont introduits en exergue au film qui démontre en général et en détails un certain espace vécu et familier qui, soudain, paraît étranger. Espace vital, vert (ce qu’il en reste) ; espace critique, géométrie dans l’espace ; espace céleste ; découverte de l’espace ou odyssée de l’espace ; autant de termes graves ou humoristiques qui parviennent à fragmenter la vision et à reconstruire le regard. Un certain regard. Colette KHALAF
Dans la salle d’exposition du CCF, à la rue de Damas, on flâne, on déambule, on circule et puis on s’arrête et on réfléchit. Le travail qui impose cette réflexion prête au mouvement et à la mobilité. Il a été effectué par les élèves de quatrième année de la faculté des beaux-arts de l’USEK dans le cadre d’une étude sur le quotidien. Une démarche artistique...