Rechercher
Rechercher

Actualités

NOBEL DE LITTÉRATURE 2007 Doris Lessing : l’anticonformisme tranquille

Hantée par son enfance africaine, guidée par son engagement politique et féministe, la Britannique Doris Lessing, qui a reçu hier le prix Nobel de littérature 2007, a construit avec un anticonformisme discret une œuvre éclectique, de la saga à la science-fiction, en passant par le théâtre. Cette ancienne membre du Parti communiste britannique, qu’elle a quitté en 1956 lors de l’écrasement de la révolte hongroise, a été comparée à la Française Simone de Beauvoir. Mais cette petite femme discrète s’est toujours refusée à devenir, ailleurs que dans ses livres, le porte-parole des idées qu’elle défend. Son œuvre est d’abord tirée de son expérience personnelle : « Je suis toujours étonnée de ce que je découvre en moi », aime-t-elle répéter. Le Carnet d’or (The Golden Notebook, 1962), son livre le plus connu, raconte ainsi l’histoire d’une femme-écrivain à succès qui tient son journal sur quatre carnets différents : un noir pour son œuvre littéraire, un rouge pour ses activités politiques, un bleu dans lequel elle tente de trouver la vérité à travers la psychanalyse et un jaune pour sa vie privée. Quand elle ouvre le cinquième carnet, Le Carnet d’or, qui doit faire l’impossible synthèse de sa vie, elle ne pourra que le confier à son amant pour qu’il la transcende en roman. L’écrivain a su explorer tous les styles, n’hésitant pas à faire des incursions dans la science-fiction avec les cinq tomes de sa série Canopus in Argos écrite entre 1979 et 1983. Doris Lessing a même été en 1984 l’auteur d’un canular mettant cruellement en relief les défauts du monde de l’édition. Quand elle a tenté de faire publier son livre The Diary of a Good Neighbour (Le Journal d’une bonne voisine) sous le pseudonyme de Jane Somers, elle s’est vu refuser le manuscrit par son propre éditeur. Et, lorsqu’une autre maison d’édition a sorti l’ouvrage, la critique l’a accueilli avec la plus grande discrétion. Sa jeunesse écartelée entre plusieurs continents lui a inspiré sa première saga, rédigée de 1952 à 1969 : les cinq volumes des Enfants de la violence (Children of Violence), qui mettent en scène le personnage d’une Martha Quest étonnamment proche de Lessing. L’écrivain est née le 22 octobre 1919 à Kermanshah, en Perse, l’actuel Iran. Doris Lessing est la fille d’un ancien officier de l’armée britannique, qui y exerce le métier de banquier avant d’émigrer une nouvelle fois en Rhodésie, actuel Zimbabwe, où il se lance dans l’exploitation d’une ferme. L’Afrique, terre de sa jeunesse, imprégnera l’œuvre de Doris Lessing. Plus tard, elle se fera une fervente critique du continent, dénonçant en particulier la corruption de certains gouvernements. En 1995, elle se rendra en Afrique du Sud, après la fin de l’apartheid. Aventureuse, elle abandonne ses études dès l’âge de 14 ans et devient fille au pair à Salisbury (aujourd’hui Harare) avant d’exercer de nombreux métiers, dont téléphoniste et secrétaire. Deux fois mariée et deux fois divorcée, elle estime que « le mariage est un état qui ne lui convient pas ». C’est avec son fils né de son deuxième mariage qu’elle débarque à Londres en 1949. Elle a dans ses bagages le manuscrit de The Grass is Singing (Vaincue par la brousse), un roman dont l’action se situe dans une ferme en Rhodésie et dont la publication en 1950 lui assure un succès immédiat. Parmi ses autres ouvrages figurent notamment Going Home (1957), où elle dénonce l’apartheid en Afrique du Sud, et The Good terrorist (La terroriste, 1986), sur un groupe de jeunes révolutionnaires d’extrême-gauche.
Hantée par son enfance africaine, guidée par son engagement politique et féministe, la Britannique Doris Lessing, qui a reçu hier le prix Nobel de littérature 2007, a construit avec un anticonformisme discret une œuvre éclectique, de la saga à la science-fiction, en passant par le théâtre.
Cette ancienne membre du Parti communiste britannique, qu’elle a quitté en 1956...