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Le rideau de fer

Le rideau de fer que les Palestiniens et leurs complices locaux de tout bord ont abattu sur le Liban et qui a été maintenu par l’armée d’occupation syrienne et sa légion de collabos, ce rideau opprimant donc n’est pas encore prêt, malgré un 14 mars 2005 providentiel et un long défilé de martyrs, à être levé. Nous en sommes de nouveau à élever au rang de loyauté confessionnelle ou nationale notre silence face à l’injustice et notre soumission à des notables qui jouent notre avenir au poker de leurs intérêts, ainsi que notre impuissance à secouer leur joug. Nous pataugeons en plein syndrome de Stockholm, ce syndrome qui désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter peu ou prou le point de vue de ceux-ci. Et quel meilleur mimétisme des plébiscites à 99,99 % de (tous) nos bourreaux d’hier, que le Liban, berceau et ultime symbole des libertés dans cet Orient d’oppression et d’obscurantisme, plonge dans l’hérésie « démocratique », visant à remplacer les élections par des accords consensuels conclus hors de toute légitimité populaire ou constitutionnelle, sous couvert de coutumes et autres habitudes relevant des droits que les seigneurs d’autrefois exerçaient sans vergogne sur leurs sujets. Quelle différence y a-t-il en effet entre ces tractations opaques et les décisions des bureaux politiques des partis uniques des pouvoirs voisins ? Pour commencer, on conspira de tous côtés pour saboter leur nouvelle liberté aux Libanais, en gangrenant, à travers l’infâme loi Ghazi Kanaan, leurs premières élections législatives libres depuis 1972. Encore sous le coup de l’émotion qui suivit le monstrueux attentat du 14 février 2005 et grisés par le départ hâtif des troupes de Damas, ainsi que par les espoirs que suscitèrent le retour d’exil et la libération des symboles, même antagonistes, de la résistance à l’occupant, les Libanais ont certainement sous-estimé la gravité de la situation causée par ces élections faussées et, croyant toujours à leur nouvelle bonne étoile, s’empressèrent d’introniser une étrange Assemblée où, sous couvert de liberté, de souveraineté et d’indépendance, les collabos d’hier étaient revenus siéger en nombre. Ce Parlement s’est tout de suite empressé de s’offrir un solide verrou syrien et de marginaliser une fois de plus la résistance chrétienne en la phagocytant par les retournements dramatiques des alliés, hier encore inconditionnels de la Syrie, ou en l’excluant carrément du jeu politique. Et de conclure en la soumettant à d’incessantes attaques médiatiques pour la garder sur la défensive : en en diabolisant une partie par des accusations de complicité avec l’axe du mal irano-syrien, alors que l’autre reste toujours persona non grata dans les cercles dits nationaux, car l’absolution du péché qu’a constitué dans les années 80 son alliance éphémère et destructrice avec Israël lui est toujours refusée. Le résultat fut que seule la légitimité de la représentation chrétienne dans l’équilibre subtil du pouvoir confessionnel était entachée de doute ; ce qui ouvrit large la brèche qui permit de lui confisquer ou de réduire sa part dans le gouvernement de l’après-Syrie. Les différends larvés entre ses composantes remontèrent en force à la surface, que l’élection partielle au Metn-Nord ne fit que cristalliser pour faire ainsi renaître les appréhensions d’autrefois des citoyens ordinaires à évoquer librement leurs choix politiques. Les opérations du Hezbollah qui, en l’été 2006, furent suivies par les crimes haineux d’Israël contre un Liban pratiquement désarmé et une population démunie, ont fait voler en éclats la coalition gouvernementale issue d’accords électoraux contre nature et ont radicalisé et dressé des pans entiers de la population les uns contre les autres. De surcroît, l’hésitation suspecte à sanctionner le meurtre des manifestants du 25 janvier 2007 et l’assassinat de sang-froid, en représailles, de deux jeunes réveillait un arrière-goût de l’impuissance des autorités face aux enlèvements criminels qui ont parsemé la période la plus honteuse du chaos national de 1975-1976 et renforçait l’emprise de chaque faction sur ceux dont elle s’attribuait la représentation et y faire ainsi taire toute dissension séditieuse. Pour couronner le tout et bien relever cette sauce nauséabonde, la nébuleuse de l’intégrisme religieux s’est infiltrée de mille parts dans un tissu social fragilisé par la pauvreté et l’exclusion et tendu par les répercussions de la guerre civile en Irak. L’armée, écartelée entre des missions qui dépassent de loin ses capacités matérielles et privée par lâcheté politique d’un armement efficace et de munitions en quantité suffisante, a pu, par la grâce d’un Dieu qui ne renie pas les purs et un courage et une ingéniosité nourris par une foi sans faille dans le sacré de sa mission, affronter héroïquement ce danger et défaire, quoiqu’à un prix exorbitant, les plans maléfiques qui nous étaient réservés. Entre-temps, les Libanais, de plus en plus acculés dans leurs dernières défenses, n’ont plus, quand ils n’émigrent pas, que le triste choix entre être désintégrés au coin d’une rue par un engin de malheur, ou être surveillés en permanence par les milices plus ou moins officielles de ceux qui avaient mis le pays durant trente ans en coupe réglée, ou par les caméras qui commencent à pulluler à chaque coin de rue, ou encore, pour faire chic, par les 24h/24 des satellites qu’on nous promet pour bientôt. Les lignes téléphoniques sont sous écoutes et les journalistes et autres écrivains sont revenus dare-dare à une autocensure qu’on avait presque oubliée. Les débats politiques sains ne sont plus d’actualité et la dissimulation est redevenue de règle. Ceux qui ont vu en son temps l’excellent documentaire de Georges Ghanem sur Kamal Joumblatt ont certainement ressenti le goût amer de la défaite annoncée que ce leader déçu et abandonné par ses alliés, qui aura bu le calice jusqu’à la lie. Cette même malédiction semble de nouveau prête à s’abattre sur les Libanais désorientés par leurs luttes intestines. Après un dossier nucléaire iranien qui semble faire long feu et un fiasco annoncé en Irak, l’accord avec la Syrie revient au goût du jour et plus personne à l’étranger ne semble accorder un sincère intérêt au maintien d’un Liban libre, pluraliste et démocratique ; pas même le Vatican, atteint d’un mutisme assourdissant depuis la mort de Jean-Paul II. D’ailleurs, à voir le spectacle désolant de notre vie politique, qui pourrait leur en vouloir ? Les indices s’accumulent lourds et noirs, annonciateurs d’un mauvais orage qui se profile à l’horizon. De grands hommes tombent, fauchés par une haine tenace, nourrie par de bas calculs ; les survivants, apparemment inconscients, continuent à se chamailler alors que le pays prend eau de toute part ; et comme chaque fois, en pareilles circonstances, ce qui inquiète le plus, la peur s’installe et accompagne la diminution progressive de la confiance nationale. Histoire vraie : il n’y a pas longtemps, le patriarche maronite revenait d’une tournée internationale. Toute la communauté chrétienne était là pour l’accueillir. À côté de la caserne de Sarba, plusieurs personnes, apparemment des gens du coin, discutaient vivement de la manière dont un arc de triomphe devait être érigé et des banderoles accrochées. Pendant ce temps, des ouvriers syriens, sans se soucier outre mesure des discussions en cours, terminaient de construire l’objet de la dispute. À bon entendeur salut !… Wassim HENOUD Consultant en stratégie
Le rideau de fer que les Palestiniens et leurs complices locaux de tout bord ont abattu sur le Liban et qui a été maintenu par l’armée d’occupation syrienne et sa légion de collabos, ce rideau opprimant donc n’est pas encore prêt, malgré un 14 mars 2005 providentiel et un long défilé de martyrs, à être levé.
Nous en sommes de nouveau à élever au rang de loyauté...