Requiem pour un laboratoire

Ça y est. Le Laboratoire central de la santé n’existe plus. Les fonctionnaires ont été priés de rester chez eux ; le matériel et les meubles stockés dans des hangars. Il aura vécu 50 ans. Était-ce bon vouloir du prince ? Ou plutôt raison d’État ? En effet, des hauts responsables auraient expliqué aux téléspectateurs que les prestations de ce laboratoire n’étaient pas à la hauteur de leur coût. D’autres ont fait allusion aux dangers potentiels de la présence de microbes et de produits toxiques. Heureusement, d’atome il ne fut point trouvé. Cette tribune n’est pas le lieu indiqué pour répondre à de telles allégations. J’en profite cependant pour poser quelques questions et interrogations. D’abord, comment se fait-il qu’une institution officielle, créée par une loi organique et faisant partie d’un système de santé, puisse être rayée par une simple décision administrative ? Qu’en pensent nos ministres et nos députés ? Qu’en pensent le Conseil de la fonction publique, l’Inspection centrale et le Conseil d’État ? On aurait bien voulu entendre les voix des présidents des ordres des médecins et des pharmaciens, et celles des doyens des facultés de médecine et des facultés de santé publique. Que doivent penser de nous les organisations internationales qui ont aidé et collaboré avec cette institution, et notamment l’OMS qui l’a parrainée et financée ? Que doivent penser de nous les autres États, dont les Laboratoires de la santé sont des plus performants ? Comme Diogène, « je cherche un homme » et j’ajoute : « Un peuple qui assassine son passé ne peut prétendre construire son avenir. » Dr Joseph M. HATEM Ancien directeur des Laboratoires de la santé, ancien expert auprès de l’OMS, professeur honoraire