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ÉDUCATION - Le secret de l’école finlandaise Étudier moins pour apprendre mieux ?

Étudier moins pour apprendre mieux : tel semble être le secret de l’école finlandaise, citée comme un exemple en Europe, mais ce modèle n’est pas forcément la panacée pour les pays qui, comme la France, seraient tentés de l’importer, expliquent élèves et professeurs. Pour les élèves du Lycée franco-finlandais d’Helsinki, une journée d’école typique commence à 08h00 et se termine à 14h00. « Le vendredi, j’ai cours de 09h00 à 11h00 », précise Fanny Söderman, 19 ans. « Au début de l’année, je n’avais cours le lundi que de 8h00 à 10h00 », renchérit Ella Hans, 17 ans. Après ses devoirs à la maison – environ une heure par jour toutes disciplines confondues –, Fanny fait de la danse, quatre à cinq fois par semaine. Le soir, elle travaille à la vente dans un grand magasin. Toutes les deux ont étudié une ou plusieurs années à l’étranger. Elles apprécient la flexibilité du système finlandais et le faible contingent d’heures de cours obligatoires. « En France, je finissais rarement avant 17h00 et j’avais encore du travail scolaire à faire chez moi », raconte Fanny. « Finir tôt nous permet de faire du sport, de voir les copains et de terminer les devoirs dans l’après-midi », explique Joonatan Leino, 18 ans. Dans les pays développés, les élèves finlandais sont ceux qui passent le moins d’heures à l’école, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De 7 à 14 ans, ils reçoivent un total de 5 713 heures d’enseignement contre plus de 8 000 aux Pays-Bas ou en Italie et 7 750 en France. La moyenne de l’OCDE est de 6 898 heures. Or, les Finlandais seraient les mieux formés avec les Sud-Coréens, si l’on en croit les études PISA (Program for International Student Assessment) de l’OCDE qui évaluent notamment les performances des jeunes de 15 ans en lecture et en maths. Alors, travailler moins pour apprendre mieux ? Pas si simple, explique Corrado Fontana, professeur de français au Lycée franco-finlandais. « En France, comme en Italie ou en Suisse, l’enseignement porte sur l’acquisition d’un savoir, d’une quantité d’informations, et pour cela il faut du temps. Ici, on enseigne un savoir-faire. Les programmes sont construits de façon à éviter la discrimination entre les élèves », explique-t-il. Les élèves finlandais gagnent en indépendance et en « capacité à faire tout seul ». Mais ils manquent de culture générale, selon les enseignants. L’enseignement de l’histoire au Lycée représente en moyenne 90 heures réparties sur trois ans, soit à peu près autant qu’une seule année de cette discipline en France. La philosophie, ou l’exercice très français de la dissertation, est quasiment inexistante. « En France, on approfondit les enseignements. En Finlande, on apprend les bases d’une matière », assure Ella. Fanny regrette de son côté les exercices d’argumentation qu’elle affectionnait en première littéraire dans son lycée français. Les enquêtes PISA ne sont qu’un instantané des performances scolaires et sont loin de donner une vision exhaustive d’un système éducatif, rappelle M. Fontana. Trop de variables interviennent par ailleurs pour pouvoir comparer objectivement les systèmes scolaires entre eux. La Finlande est un petit pays de 5,3 millions d’habitants, dont le niveau de vie est l’un des plus élevés de l’OCDE et où les écarts socio-économiques sont peu importants : selon l’OCDE, l’extraction sociale y est peu déterminante dans la réussite scolaire. « Il y a en Finlande une réelle homogénéité sociale et culturelle. On ne peut pas comparer les performances de lecture avec la France, où les enfants d’origine étrangère éprouvent forcément plus de difficultés », selon M. Fontana.
Étudier moins pour apprendre mieux : tel semble être le secret de l’école finlandaise, citée comme un exemple en Europe, mais ce modèle n’est pas forcément la panacée pour les pays qui, comme la France, seraient tentés de l’importer, expliquent élèves et professeurs.
Pour les élèves du Lycée franco-finlandais d’Helsinki, une journée d’école typique commence...