CIMAISES Les « Chemins de l’art en Europe », expo événement de l’automne à Bruxelles

Une grande exposition consacrée à la lente édification d’un espace culturel européen, de la chute de l’Empire romain au siècle des Lumières, fait l’événement cet automne à Bruxelles. Ouverte au public jusqu’au 20 janvier 2008, l’exposition « Le Grand atelier. Chemin de l’art en Europe » est le point d’orgue du festival culturel « Europalia », qui célèbre cette année le 50e anniversaire de l’Union européenne. Riche, variée, encyclopédique, l’exposition présentée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles met en lumière les entrelacs de la culture européenne, du Ve siècle – temps des migrations des peuples et des premières communautés chrétiennes – au XVIIIe siècle, lorsque sont nés les premiers musées. « Nous avons voulu montrer comment les artistes et les amateurs d’art ont circulé et se sont influencés, même sur des distances très grandes », explique le commissaire de l’exposition, Roland Recht. Bien avant la signature du traité de Rome en 1957, acte fondateur de l’Union européenne, l’Europe se dessinait sous la forme d’un « gigantesque atelier », dans lequel évoluaient peintres et sculpteurs, mais aussi orfèvres, princes, marchands et commanditaires, ajoute le professeur au Collège de France, qui souligne que l’on « voyageait alors beaucoup plus qu’on ne l’imagine aujourd’hui ». L’exposition est composée de quatorze « chambres d’art », dans lesquelles sont présentées 336 œuvres prêtées par 150 collections des 27 pays de l’UE. Pour retracer ces 12 siècles d’aventures artistiques, ses concepteurs ont laissé de côté les « courants » et les « écoles », désireux d’éviter le piège d’une simple « compilation de chefs-d’œuvre ». Au contraire, ils privilégient des personnalités, œuvres et phénomènes qui ont eu un impact à l’échelle du continent. Certaines œuvres sont signées par des grands maîtres comme De Vinci, Dürer, Van Eyck, Rubens ou Van Dyck. D’autres sont des réalisations d’artistes moins célèbres mais néanmoins remarquables, comme les orfèvres de la vallée mosane ou les moines copistes irlandais. Dans cette exposition touffue, qui donne envie d’en savoir plus sur presque tous ses volets, l’Antiquité constitue peut-être le « fil rouge » qui permet au visiteur de ne pas se perdre. Ainsi, l’art gréco-romain se laisse deviner dans certains fonts baptismaux du Moyen Âge. À partir de la Renaissance, l’attrait pour les anciens saute aux yeux, comme dans l’architecture classique ou dans la peinture, ici notamment illustrée par une toile de Rubens inspirée d’un sarcophage romain. Le XVIIIe siècle, point de chute de l’exposition, « marque un changement de la relation à l’art, puisque avec la création des musées, il ne sera plus nécessaire de se déplacer », relève encore le commissaire Roland Recht. Dans la salle consacrée au siècle des Lumières, on peut voir quelques peintures étonnantes, montrant de riches collectionneurs évoluer dans leurs somptueuses galeries d’art, qui préfigurent les musées d’aujourd’hui. L’exposition se termine sur un film, intitulé 27x27x27, qui donne la parole à 27 artistes contemporains qui confient aux spectateurs l’œuvre qui est, selon eux, la plus emblématique de l’histoire de l’art européen. Le public est ensuite invité à désigner l’œuvre qu’il juge lui-même la plus importante. « Le Grand atelier » est l’événement phare de l’édition 2007 d’Europalia, l’un des plus importants festivals culturels européens qui a lieu tous les deux ans en Belgique. En général consacré à un seul pays (la Russie en 2005), Europalia a cette année pour invités les pays membres de l’Union européenne. Plus de 300 événements sont inscrits à son programme, disponible sur le site www.europalia.eu. Philippe SIUBERSKI (AFP)