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Répression en Birmanie « Battus pour dénoncer les meneurs », un moine raconte

« On nous a battus puis nous avons été interrogés pour dénoncer les meneurs » : un jeune bonze birman a raconté hier à l’AFP comment, avec un millier d’autres moines, arrêtés lors des manifestations contre le régime militaire, il est resté parqué six jours durant dans un hangar surchauffé et a souffert de brutalités, de faim et de soif. Un matin, les soldats sont arrivés à son monastère bouddhiste, expliquant aux bonzes qu’ils allaient les emmener prendre une collation offerte par l’armée. Grossier subterfuge, derrière lequel se cache l’un des nombreux raids menés par les forces de sécurité contre 18 monastères : en arrivant sur un campus, les moines sont jetés dans un bâtiment surchauffé, sans fenêtre ni toilettes. Avant d’être obligés de se dévêtir, puis d’être battus à plusieurs reprises. « Nous avons été forcés de nous agenouiller, la tête vers le sol, comme des prisonniers. Nous sommes restés deux jours comme cela, avant qu’on nous déshabille », témoigne ce moine de 18 ans, sous couvert d’anonymat. « Nous avons été battus, plusieurs fois, à coups de poing et de pied ou avec des bâtons. Puis nous avons été répartis en groupes de 10 et interrogés un par un. Ils voulaient savoir si nous avions participé aux manifestations et qui était le meneur dans notre monastère », confie le moine. À la fin des interrogatoires, les bonzes étaient enfermés par groupes de 60 dans des salles de classe, obligés de s’agenouiller et de faire leurs besoins à même le sol. Selon le jeune moine, des soldats bouddhistes ont avoué avoir eu honte du traitement infligé aux religieux. « Des soldats bouddhistes sont venus s’excuser et implorer notre pardon. Ils nous ont dit que s’ils nous traitaient de la sorte, c’est parce qu’ils en avaient reçu l’ordre de leurs officiers », a raconté le bonze. « Des moines ont alors prédit aux soldats qu’ils iraient en enfer, et certains militaires ont commencé à pleurer, car ils savaient que c’était vrai. » Afin d’obtenir la miséricorde, des soldats ont apporté de l’eau aux captifs. Le jeune bonze a reconnu parmi ses codétenus des moines du monastère de Ngwekyaryan, sévèrement battus par les soldats auxquels ils ont tenté de résister. « Certains étaient grièvement blessés, les paupières fermées à la suite des coups répétés. D’autres étaient blessés à la tête et aux bras. Certains avaient même des fractures ouvertes », a assuré le moine. Les moines ont ensuite été répartis en plusieurs groupes : dans un premier, ceux soupçonnés d’avoir participé aux manifestations, dans un autre ceux accusés d’avoir mené les manifestations et enfin dans un dernier ceux soupçonnés de les avoir soutenues. Le jeune moine a finalement été libéré en compagnie d’autres bonzes de son monastère, après avoir assuré aux militaires qu’il n’avait jamais manifesté. En attendant de regagner son village pour y retrouver calme et sécurité, il assure qu’il n’éprouve aucune haine vis-à-vis de ses tortionnaires. « Je n’ai pas de colère contre les soldats. Je leur envoie un message d’amour, afin qu’ils retrouvent la paix, un jour. »
« On nous a battus puis nous avons été interrogés pour dénoncer les meneurs » : un jeune bonze birman a raconté hier à l’AFP comment, avec un millier d’autres moines, arrêtés lors des manifestations contre le régime militaire, il est resté parqué six jours durant dans un hangar surchauffé et a souffert de brutalités, de faim et de soif.
Un matin, les soldats sont arrivés...