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De la Genèse à la société traditionnelle archaïque… Liliane Ghazali : À défaut de maîtriser l’orgasme féminin, l’homme veut dominer la virginité

Expliquer les crimes d’honneur nécessite, selon Liliane Ghazali, psychanalyste et anthropologue, un voyage dans le temps, jusqu’à la Genèse, lorsque Dieu a créé Ève, à partir d’une côte d’Adam, pour qu’elle lui tienne compagnie, et que ce dernier s’est exclamé devant ce miracle en déclarant : « Chair de ma chair, os de mes os. » « C’est la source de tout le malentendu, observe-t-elle. Parce que l’homme s’est ainsi imaginé que le corps de la femme lui appartenait. Pour perpétuer cette idée, le christianisme ajoute “Femme, tu dois obéir à ton homme” ou encore “L’homme est la tête de la femme”. Tout cela fut mal interprété, parce que dès le début, l’homme s’est imaginé que Dieu avait créé la femme pour lui, pour son propre plaisir et pour meubler sa solitude. Ce qui a augmenté encore plus son égocentrisme et sa façon de regarder la femme comme un objet de plaisir, qui rompt sa solitude, un objet de sa puissance et de sa procréation. Donc la femme n’existe plus en tant qu’individu autonome, mais en tant que prolongement de l’homme dont elle est une partie et pour qui elle a été créée. » Le crime d’honneur est donc une suite logique de cette mentalité, notamment « dans cette société patriarcale et archaïque qu’est la nôtre, où le “nous” est plus important que le “je”, estime la psychanalyste. Déjà le “je” de l’homme était plus important que le “tu” de la femme. Maintenant le “je” de l’homme et le petit “je” ou “tu” de la femme sont noyés dans un “nous” collectif qui renvoie sans cesse à l’homme l’image de sa toute puissance, du fait qu’il est possesseur du bien ». De plus, note Liliane Ghazali, l’image de l’homme est soumise à ce que son milieu (clan, tribu, famille, communauté, village, etc.) pense de lui. « Déjà, l’homme n’est pas autonome, sa famille ne l’est pas non plus, comment voulez-vous donc qu’il puisse accorder une autonomie à une personne, la respecter et lui permettre d’être propriétaire de son corps ? » se demande-t-elle. Et la spécialiste d’insister : « Le fait que l’uléma Mohammad Hussein Fadlallah ait émis cette fatwa est une révolution incroyable, non pas au niveau religieux, mais social, du fait même qu’il a reconnu le “je” et rejeté le “nous”. » Analysant le crime d’un point de vue psychanalytique, elle explique : « L’homme a toujours eu peur de l’orgasme féminin parce qu’il ne peut pas le maîtriser, en ce sens que chez lui le phénomène est visible, ce qui n’est pas le cas chez la femme. Mise à part l’humidification du vagin, il ne peut pas savoir si sa partenaire a un orgasme ou si elle simule. Donc, fasciné par ce mystère de la réponse féminine à la stimulation qui constitue le frein le plus réel, voire le seul, à sa toute puissance, pourquoi voulez-vous qu’il ne cherche pas à se l’approprier ? À défaut de pouvoir maîtriser le plaisir sexuel chez la femme, il maîtrise l’élément ou le lieu de ce plaisir, c’est-à-dire son hymen, sa virginité. Telle est la situation dans les sociétés traditionnelles archaïques où l’individu n’a pas encore émergé du “nous” social et global, quelle que soit sa conviction religieuse. »
Expliquer les crimes d’honneur nécessite, selon Liliane Ghazali, psychanalyste et anthropologue, un voyage dans le temps, jusqu’à la Genèse, lorsque Dieu a créé Ève, à partir d’une côte d’Adam, pour qu’elle lui tienne compagnie, et que ce dernier s’est exclamé devant ce miracle en déclarant : « Chair de ma chair, os de mes os. »
« C’est la source de tout le...