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Libération des mœurs depuis la fin de l’apartheid Le sexe s’expose en Afrique du Sud, une première sur le continent

« On n’en sait jamais assez sur le sexe ! » lance Helena Gaspar devant les stands de Sexpo, première exposition du genre dans une Afrique du Sud qui prend peu à peu la tête d’une révolution des mœurs, au cœur d’une région très puritaine. Au sortir d’un atelier consacré à l’orgasme, Helena se réjouit d’avoir « beaucoup appris ». « C’est dommage, j’ai manqué le début sur le plaisir féminin. Mais je sais comment mon petit ami peut jouir sans éjaculer. C’est génial ! » s’exclame cette étudiante en économie de 22 ans, qui tient ingénument un ballon rouge portant l’inscription « Blow Me » (Explose-moi). Aux côtés de ses voisins conservateurs – en Zambie, un couple vient d’être condamné à une lourde amende pour avoir photographié ses propres ébats ; le président zimbabwéen Robert Mugabe juge les homosexuels « pires que des porcs et des chiens » – l’Afrique du Sud fait figure d’avant-gardiste. Depuis la fin de l’apartheid et l’avènement de la démocratie en 1994, une partie des Sud-Africains amorce aussi une libération sexuelle, des sex-shops ont pignon sur rue, des mères de famille s’offrent vibromasseurs et autres gadgets lors de réunions-ventes style Tupperware, et le mariage homosexuel a été légalisé. « Nous pensons que l’Afrique du Sud a besoin de ce genre d’expo afin de parler plus librement du sexe », estime cependant Silas Howarth, 28 ans, publiciste et organisateur de Sexpo, ouverte jusqu’à dimanche soir à Midrand, au nord de Johannesburg. Car en dépit de l’évolution récente, la sexualité reste taboue pour la plupart des Sud-Africains, ce qui n’aide pas à enrayer l’épidémie du sida qui touche plus de 18 % de la population (5,5 millions de personnes). « Que peut-on faire ? Ça se passe sous les couvertures », a argué devant la presse une ministre, Thoko Didiza, justifiant la timidité des campagnes de prévention, lors d’une conférence fin juin du Congrès national africain (ANC, au pouvoir). « Je pense sérieusement que si on ne parle pas de sexe d’une façon saine, cela ne peut mener qu’à des choses négatives », assure pour sa part l’organisateur, en référence aux quelque 50 000 viols enregistrés chaque année. La première édition africaine de Sexpo – concept importé d’Australie où elle tourne dans cinq villes chaque année – espère séduire 30.000 visiteurs. Hommes, femmes, venus entre collègues ou amis, et couples de tous âges ont afflué dès l’ouverture la semaine dernière, furetant parmi une centaine de stands, lingerie, faux ongles, tapis de fourrure, jacuzi, lubrifiants à la framboise, etc. À l’entrée, deux éphèbes « bodybuildés » et torse nu – un Noir, un Blanc-- se relaient avec deux beautés --également blanche et noire – en jupettes d’infirmière et de taxi new-yorkais. Au milieu du hall, garçons et filles s’amusent à chevaucher un énorme phallus de rodéo, jusqu’à ce que cette « sex machine » remuante les jette au tapis. La fantaisie et l’humour, de plus ou moins bon goût, sont de mise. Ainsi le peintre australien Tim Patch, « Pricasso », fait un tabac : il peint nu, avec... son pénis. « C’est marrant », dit Janine Dekock, 25 ans, dont l’artiste, en manchettes de peluche rose, jambières, haut de forme et nœud papillon argentés, vient d’achever le portrait. Son tout aussi jeune mari, Daniel, le juge « très bon ». Mais il ne se risquera pas à jouer lui-même de la palette : « Je ne suis pas aussi doté... pour peindre. »
« On n’en sait jamais assez sur le sexe ! » lance Helena Gaspar devant les stands de Sexpo, première exposition du genre dans une Afrique du Sud qui prend peu à peu la tête d’une révolution des mœurs, au cœur d’une région très puritaine.
Au sortir d’un atelier consacré à l’orgasme, Helena se réjouit d’avoir « beaucoup appris ». « C’est dommage, j’ai...