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Actualités - CHRONOLOGIE

VIENT DE PARAÎTRE - « Baisers de Cinéma »* (éditions Gallimard), sélectionné pour les prix Renaudot et Médicis Le père lumière d’Éric Fottorino

Artisan de la nouvelle formule du « Monde », fin 2005, le journaliste Éric Fottorino est promu directeur du fameux quotidien français en 2007. Ceci ne l’empêche pas de continuer à publier des romans et d’une manière prolifique. « Baisers de Cinéma » (Gallimard), le dernier en date, narre le parcours d’un jeune homme en quête d’une mère, à travers les pellicules en celluloïd. Une occasion pour se replonger dans l’âge d’or du cinéma français et de visiter avec nostalgie tous les créateurs et acteurs de la Nouvelle Vague. «Ce récit appartient au XXe siècle. En ce temps-là, pour qui voulait téléphoner dans la rue, il fallait quelques pièces de monnaie frappées en francs ou une carte à introduire dans l’appareil d’une cabine. On pouvait aussi choisir d’entrer dans un café et demander un jeton. En ce temps-là encore, c’est seulement par la poste, selon le bon vouloir du facteur, et en l’absence d’intempéries, qu’on recevait du courrier. » C’est par cette introduction, qui annonce la couleur du roman, qu’Éric Fottorino introduit le lecteur dans un monde teinté de nostalgie et de tendresse. Jean Hector, éclairagiste (ou plutôt faiseur de lumière) sur les plateaux des cinéastes de la « Nouvelle Vague », a laissé à son fils après sa mort des photos en noir et blanc, des bobines de films amateurs et un grand mystère. Quoique peu bavard, il lui a avoué un jour qu’il devait son existence à un baiser de cinéma. Depuis, le jeune homme, devenu avocat, tente de retrouver sur les photos en celluloïd des héroïnes la trace de sa maman. Gilles Hector qui n’a jamais connu sa mère va alors s’engouffrer quotidiennement dans un cinéma d’art et d’essai à la recherche d’une certaine filialité qui l’entraînera par ailleurs dans un long périple passionné. C’est une histoire d’apparence très simple. Celle d’un petit garçon qui a perdu son père, qui n’a jamais connu sa mère et qui, de ce fait, ne parviendra jamais à retenir une femme. Il tombe enfin amoureux d’un être inaccessible. Mais ce roman ne s’articule pas uniquement sur la quête d’une mère, mais plutôt sur l’image qu’on voudrait capturer, s’approprier. D’abord, la représentation d’une maman, mais aussi de l’être aimé avec laquelle Hector vivra une passion amoureuse et destructrice. « Entre le mot aimer et abîmer, une seule lettre les sépare, le “b”, pour beauté. » En clair-obscur, avec parfois des envolées lyriques et le plus souvent des émotions en demi-teintes, un peu désuètes, Éric Fottorino parvient à rendre hommage à la langue française et à un septième art qui a été l’un des précurseurs de la modernité contemporaine. Un cinéma, plus vrai que la vie Plus qu’une invitation au cinéma, c’est une introspection intérieure à laquelle l’écrivain convie le lecteur. Pas besoin de billet au guichet pour lui permettre d’entrer dans les salles obscures où l’on projette Les Quatre cents coups, Jules et Jim, Ma nuit chez Maud et autres. Pas besoin de carte de visite pour croiser Delphine Seyrig, Romy Schneider, Catherine Deneuve ou Claude Jade, figures emblématiques de la Nouvelle Vague et découvrir avec délectation les diverses sources de lumière qui font et défont un sourire, un visage. Le rêve est à portée de main. « Mon seul héritage paternel est d’être sensible à l’éclairage. Lorsque je me rappelle un événement de ma vie, ce n’est pas un visage ni une intonation de voix qui reviennent à mon esprit. Ma mémoire est une pellicule en clair-obscur ». Faire la lumière avec des mots ou élucider les visages avec des lampes, si le père et son enfant mènent sans le savoir un même combat, le fils Gilles, par contre, essaiera de sortir de l’ombre, dans laquelle l’avait placé son géniteur. C’est en suivant ce rai de lumière qui s’assombrit à maintes fois, que le narrateur redécouvrira finalement un sens à sa vie. Si les scénarii sont d’habitude générateurs de films, le contraire a lieu dans le roman d’Éric Fottorino. Ce sont les images cinématographiques qui seront sa principale source d’écriture. Roman de fiction à la limite de l’autobiographie, Baisers de cinéma est certes un merveilleux compte rendu de références aux films de la Nouvelle Vague mais également aux enfances vécues par l’auteur et le réalisateur François Truffaut, qui ont partagé la même inquiétude quant au problème de filialité. Si la vie (« en couleurs et non en noir et blanc comme les rêves ») n’est pas du cinéma, à la lecture du beau roman d’Éric Fottorino, on serait tenté de s’interroger, tout comme l’a fait un jour Truffaut : « Le cinéma, lui, ne serait-il pas plus important que la vie ? » Éric Fottorino en quelques dates Licencié en droit et diplômé en sciences politiques, Éric Fottorino est d’abord journaliste et collaborateur régulier au journal Le Monde. Principalement connu pour ses chroniques, il écrit des romans depuis 1991, parmi lesquels Besoin d’Afrique, L’Homme de terre, Rochelle ou Un territoire fragile, qui obtient un grand succès. Passionné de vélo, il prend en 2001 le départ du 53e grand prix du Midi Libre et publie le récit de son aventure dans Je pars demain. Trois ans plus tard, il reçoit le prix « France Télévisions » pour le roman Korasakov. Artisan de la nouvelle formule du Monde fin 2005, il est promu à la tête de la rédaction en 2006, puis directeur du quotidien après le départ de Jean-Marie Colombani en 2007. La même année, il publie Baisers de cinéma. Colette KHALAF * En vente à la librairie Stephan.
Artisan de la nouvelle formule du « Monde », fin 2005, le journaliste Éric Fottorino est promu directeur du fameux quotidien français en 2007. Ceci ne l’empêche pas de continuer à publier des romans et d’une manière prolifique. « Baisers de Cinéma » (Gallimard), le dernier en date, narre le parcours d’un jeune homme en quête d’une mère, à travers les pellicules en...