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Blackwater sous le feu des questions du Congrès US

Erik Prince, le très discret PDG de la société américaine de sécurité privée Blackwater, a été auditionné hier par le Congrès, qui s’interroge en particulier sur le rôle des agents de la firme dans une fusillade qui a fait onze morts irakiens à Bagdad le 16 septembre. Un rapport du Congrès publié lundi a révélé que Blackwater a été impliquée dans près de 200 incidents en Irak depuis 2005. Le rapport reproche également au département d’État de ne pas avoir suffisamment surveillé cette entreprise qui fait l’objet de vives critiques de la part de parlementaires, tant démocrates que républicains. Erik Prince, un multimillionnaire de 37 ans, ancien membre des Navy Seal (forces spéciales de la marine américaine), ayant participé à des missions en Bosnie, en Irak et au Proche-Orient, a déclaré hier, dans sa déposition devant la commission de la Chambre des représentants chargée de la Surveillance et de la Réforme du gouvernement, que son personnel avait agi de manière « appropriée », le 16 septembre, dans un contexte difficile. « Il y a eu une série de jugements hâtifs, fondés sur des informations inexactes, et de nombreux rapports ont injustement attribué à Blackwater la responsabilité de la mort d’un nombre variable de civils », a-t-il déclaré. « Le Congrès ne doit pas se baser sur ces affirmations avant qu’elles ne soient avérées », a-t-il ajouté. L’incident du 16 septembre a déclenché la colère du gouvernement irakien, qui avait qualifié cette fusillade de « crime ». Le président de la commission de la Chambre, le représentant démocrate de Californie, Henry Waxman, a toutefois estimé que le rôle de Blackwater dans la fusillade soulevait de nombreuses questions et que cet événement n’était que le dernier d’une longue série. « Blackwater, une société de sécurité privée, nous aide-t-elle en Irak ou entrave-t-elle notre action ? » s’est-il interrogé dans sa déclaration liminaire. « Blackwater est responsable », a-t-il ajouté. Dans son rapport, M. Waxman note que « dans 32 de ces incidents, Blackwater a riposté après une attaque, tandis que dans 163 cas (soit 84 % des fusillades), le personnel de Blackwater a été le premier à ouvrir le feu ». Or, la firme ne peut que faire usage de la force de façon défensive selon le contrat de sous-traitance avec le département d’État. Carolyn Maloney, représentante démocrate de l’État de New York, a, pour sa part, tancé M. Prince au sujet d’un incident qui s’était déroulé pendant la nuit de Noël, lors duquel un garde du corps du vice-président irakien, Adel Abdel-Mehdi, avait été tué par un employé de Blackwater qui semblait ivre au moment des faits. L’agent de sécurité avait été rapatrié aux États-Unis sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Il a ensuite été licencié par son employeur. « Pourquoi privatisons-nous notre armée au profit d’une organisation agressive et qui, dans certains cas, se montre imprudente dans la conduite de sa mission ? » s’est-elle interrogée. « S’il avait vécu aux États-Unis, il aurait été arrêté et aurait été accusé de crime. S’il agissait d’un membre de nos forces armées, il aurait été passible de la cour martiale, mais il semble que les employés de Blackwater bénéficient d’un régime spécial », a-t-elle lancé. Selon le document publié lundi, Blackwater a limogé 122 membres de son personnel en poste en Irak ces trois dernières années pour un certain nombre d’infractions, dont 28 incidents liés à l’usage d’armes et 25 cas impliquant la drogue et l’alcool Depuis 2001, Blackwater a conclu des accords avec le gouvernement américain d’une valeur estimée à plus d’un milliard de dollars. De hauts responsables du département d’État seront également interrogés devant la commission de la Chambre sur le point de savoir si le recours croissant aux services de firmes privées ne sape pas les efforts des États-Unis en Irak. La secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a souhaité pour sa part, dans un entretien au New York Post, que l’enquête qu’elle a ordonnée sur la fusillade sanglante impliquant Blackwater soit menée dans la transparence, appelant à un examen des faits « à 360 degrés ». Par ailleurs, le Pentagone a alloué ce week-end un nouveau contrat à une filiale de Blackwater, Presidential Airways, d‘un montant de 92 millions de dollars, pour assurer des missions de transport aérien (passager et cargo) en Afghanistan, au Pakistan, au Kirghizistan et en Ouzbékistan, selon un communiqué publié sur le site internet du département de la Défense.
Erik Prince, le très discret PDG de la société américaine de sécurité privée Blackwater, a été auditionné hier par le Congrès, qui s’interroge en particulier sur le rôle des agents de la firme dans une fusillade qui a fait onze morts irakiens à Bagdad le 16 septembre.
Un rapport du Congrès publié lundi a révélé que Blackwater a été impliquée dans près de 200...