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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Rétrospective du prix Turner à Londres : 23 ans d’art et de scandales

Une rétrospective des lauréats du prestigieux prix Turner, créé en 1984 pour récompenser des artistes contemporains britanniques, ouvre ce mardi à la Tate Britain de Londres, l’occasion d’un retour sur 23 années souvent marquées par la controverse. En sélectionnant pour ce prix Damian Hirst, Tracey Emin ou Chris Ofili, le jury du prix Turner a contribué à faire émerger la génération des « jeunes artistes britanniques » dans les années 1990. Créé en 1984, avec l’objectif affiché de devenir pour l’art contemporain ce que le prix Booker est à la littérature, le prix Turner a gagné en importance et en notoriété au fil des années et permis à l’art contemporain britannique de sortir de son ghetto. « La génération précédente avait une grande suspicion, et même de la peur, envers l’art contemporain. Je pense que ce monde est dépassé. Les gens sont très excités par la production d’art contemporain. Il y a chaque année un grand débat que le prix Turner contribue à stimuler », a observé le directeur de la Tate Britain Stephen Deuchar. Après des débuts plutôt consensuels en 1984 en couronnant Malcolm Morley, un peintre figuratif, le prix Turner a souvent privilégié des artistes aux œuvres controversées. En 1986, le couple d’artistes homosexuels Gilbert and George qui se veut « une sculpture vivante » reçoit le prix. La Tate Britain expose Drunk with God, une pièce monumentale de plus de 4 mètres de large qui met en scène les deux artistes comme créateurs et observateurs d’un univers londonien aux couleurs saturées. On peut aussi revoir dans cette exposition Mother and Child Divided, une vache et un veau coupés en deux dans la longueur, conservés dans le formol et exposés sous verre de Damian Hirst, lauréat 1995, qui n’avait pas été exposé à Londres depuis. Cette installation, qui a fait couler beaucoup d’encre, consacrait alors l’un des « jeunes artistes britanniques » qui a actuellement la cote la plus élevée sur le marché de l’art pour un artiste vivant. Également dans cette catégorie, Tracey Emin faisait en 1999 partie de la sélection du jury avec son œuvre My Bed. Cette installation, un lit défait évoquant la fertilité, le sexe, la maladie et la mort, ne lui a pas permis d’obtenir le prix, mais elle a été en revanche plébiscitée par le public. La Tate Britain expose aussi No Woman No Cry et Double Captain Shit and the Legend of Black Stars, deux toiles de Chris Ofili, le lauréat du prix en 1998, d’origine nigériane et qui vit à Trinidad. L’auteur de ces toiles colorées, mélange de collages et de peinture acrylique, avait déclenché un scandale pour avoir incorporé des excréments d’éléphant dans ses œuvres. Le prix avait aussi choisi en 1991 comme lauréat Anish Kapoor, aujourd’hui sculpteur consacré. L’artiste né à Bombay est représenté à la Tate Britain par Untitled 1990, l’une de ses sculptures recouvertes de pigment pur, typiques de sa période précoce. Le prix de 40 000 livres (57 438 euros) récompense des artistes de moins de 50 ans nés ou vivant en Grande-Bretagne. Attribué à de nombreux créateurs étrangers, il a permis de montrer à quel point Londres est devenue un centre d’attraction pour les artistes contemporains du monde entier. Le lauréat du prix Turner 2007 sera annoncé à Liverpool, capitale européenne de la culture en 2008, le 3 décembre. L’exposition « Prix Turner : une rétrospective » est visible à la Tate Britain à Londres jusqu’au 6 janvier 2008. Lucie GODEAU (AFP)
Une rétrospective des lauréats du prestigieux prix Turner, créé en 1984 pour récompenser des artistes contemporains britanniques, ouvre ce mardi à la Tate Britain de Londres, l’occasion d’un retour sur 23 années souvent marquées par la controverse.
En sélectionnant pour ce prix Damian Hirst, Tracey Emin ou Chris Ofili, le jury du prix Turner a contribué à faire émerger...