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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Art nouveau dans tous ses états à Bruxelles en octobre

Berceau de l’Art nouveau en Europe, Bruxelles ouvrira en octobre les portes de dizaines de maisons particulières habituellement inaccessibles, autant d’exemples du foisonnement d’un mouvement architectural pourtant fugace. À la toute fin du XIXe siècle, lorsque la capitale belge connaît une forte expansion de population et un engouement pour les maisons individuelles, l’esthétique en rupture radicale de l’Art nouveau va fasciner la bourgeoisie et envahir les nouveaux quartiers jusqu’en 1910. L’architecte belge Victor Horta, qui construit en 1893 l’Hôtel Tassel dans un élégant quartier bruxellois, signe le véritable « manifeste » du mouvement architectural, retrace la spécialiste Françoise Aubry. L’audace de la maison, avec ses éléments décoratifs intérieurs aux voluptueuses lignes courbes, lui vaut une reconnaissance immédiate d’architectes européens et du grand public. La même année, son compatriote Paul Hankar construit tout près sa maison personnelle, considérée comme le point de départ d’un courant plus géométrique et plus accessible financièrement. « Le foyer individuel devient un champ expérimental, les bourgeois veulent un décor qui leur donne une image sociale », résume Françoise Aubry, la conservatrice du musée Horta, somptueuse maison personnelle de l’architecte qui attire aujourd’hui près de 70 000 visiteurs par an. Pour Horta, l’Art nouveau devient une manière d’habiter l’espace, éclairé par des puits de lumière et des verrières. Des matériaux jadis à usage industriel – fer, céramiques, poutres métalliques – s’introduisent à l’intérieur de la maison. Les fresques murales, tentures, mobilier, voire les vêtements de la propriétaire sont pensés en même temps que l’architecture du bâtiment. « L’arabesque devient le moyen de lier structure et décor intérieur », explique Mme Aubry. Ce nouveau style aux influences anglaises, loin des canons classiques, choque aussi, notamment en France, mais l’architecte français Hector Guimard (auteur des bouches de métro parisiennes) viendra s’inspirer en Belgique pour la construction de ses propres maisons. L’Art nouveau va essaimer dans des villes manufacturières comme Nancy, Turin, Barcelone, Glasgow, Vienne ou Budapest. Si le Barcelonais Antoni Gaudi avait légèrement précédé Horta, sa reconnaissance en Europe s’avérera plus tardive. « Lorsque le style descend dans la rue, à travers les aménagements de magasins ou la fabrication de meubles à plus grande échelle, les mécènes de la première heure prennent leurs distances », explique Françoise Aubry. Le style passera de mode et la spéculation immobilière sera destructive. Quelque 500 maisons Art nouveau sont toutefois toujours debout à Bruxelles, recense Isabelle Pauthier, directrice de l’Atelier de recherche et d’action urbaines. Elles témoignent d’une époque où les façades étaient considérées comme de véritables créations, souvent signées et datées par l’architecte, et où le savoir-faire artisanal offrait une inventivité débridée (pierre sculptée, ferronnerie aux dessins complexes, sans oublier la serrurerie, poignées, boîtes aux lettres, sonnettes, heurtoirs, devenant des créations uniques). « Bruxelles, c’est l’éclectisme de l’architecture, mais l’Art nouveau est son style le plus identifiable, le plus singulier, le plus décoratif », juge Isabelle Pauthier. La 4e « Biennale de l’Art nouveau » se déroule au cours des quatre week-ends d’octobre. Elle propose un éventail de 108 promenades guidées dans la ville, de deux à quatre heures, en bus, à pied ou en vélo. Plus de 70 intérieurs de maisons seront exceptionnellement ouverts. Catherine MARCIANO (AFP)
Berceau de l’Art nouveau en Europe, Bruxelles ouvrira en octobre les portes de dizaines de maisons particulières habituellement inaccessibles, autant d’exemples du foisonnement d’un mouvement architectural pourtant fugace.
À la toute fin du XIXe siècle, lorsque la capitale belge connaît une forte expansion de population et un engouement pour les maisons individuelles,...