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Actualités - REPORTAGE

Un exercice spirituel pour réveiller les consciences Yoga, ou la paix en action

À l’heure où les bonzes bouddhistes entreprennent des marches silencieuses dans les rues de Yangon et de Mandalay pour faire pression sur la junte militaire qui dirige le pays d’une poigne de fer depuis plus de vingt ans ; à l’heure où, à l’occasion de Yom Kippour, les juifs revisitent le sens du pardon et que les musulmans jeûnent pour le ramadan, octroyons-nous un temps de pause pour pouvoir envisager le changement, pouvoir imaginer autre chose. Prendre un peu de distance, se recentrer, s’élever… pour sentir, redécouvrir, changer, réfléchir sur les grands enjeux de notre temps qui dessinent notre quotidien et celui de nos enfants. C’est le sens donné à l’évènement yoga organisé à Byblos par Danielle Abi Saab – professeur de yoga, formée à New York – à l’occasion du week-end de la Journée internationale pour la paix des Nations unies. Dans un quotidien hanté par la menace de guerre, de chaos, de perte de repères, ceux qui ont participé à cet évènement ont voulu penser la paix en inscrivant le Liban dans ce maillon de la chaîne yoga formée à travers le monde : de Hong Kong à Tel- Aviv, de Londres à Cape Town, de Sydney à Los Angeles, point de départ de cette initiative. Le projet Global Mala (Mala veut dire guirlande) a pour vocation d’unir la communauté yogie de tous les continents en créant une guirlande à travers le monde. En organisant cet évènement au Liban également, Danielle Abi Saab a voulu mettre le pays sur la carte du monde, visant à en proposer ainsi une perception autre que celle de la guerre et à le placer précisément dans une dynamique mondiale de paix. Trois heures durant, au rythme de 108 « om » (paix en sanskrit), de 108 respirations « kapalabati » (qui désintoxique le crâne, permettant ainsi de dégager l’esprit), de 36 salutations au soleil clos par 36 minutes de méditation, au vert, dans un horizon ouvert, les participants se sont laissé porter à l’exploration d’une paix intérieure tant il est vrai que celle-ci est en relation avec la concorde extérieure. Les 108 enchaînements – le nombre est sacré dans plusieurs religions – sont les premiers jalons d’une entreprise humaine de plus grande envergure. « Même un voyage de mille kilomètres commence par un petit pas », disait Lao-Tseu. Les yogis en herbe ont dédié, chacun en son for intérieur, leur exercice à une grande cause. L’idée même de cet évènement dans le monde était de créer une certaine conscience des enjeux planétaires de notre temps, tels que le réchauffement climatique, la lutte contre le sida, l’environnement, la guerre, etc. Noyés dans nos petites querelles intestines, individuelles et individualistes, nous avons tendance à oublier un peu que la personne du futur président du Liban ne changera rien à notre sort le jour où la sécheresse nous affamera, 14 Mars, 8 Mars ou 11 Mars confondus; le jour où la pollution bouffera nos poumons et nos neurones. En prenant un temps de réflexion et de concentration sur ces grandes thématiques, en apportant leur énergie à ces grandes causes, les participants ont voulu contribuer quelque part, à leur manière et à leur échelle, à leur temps. En mettant l’espace gracieusement à disposition, Roger Eddé a lui aussi contribué à cet évènement, lequel était entièrement gratuit. Dans le même esprit de gratuité et de liberté, les participants ont été encouragés par Danielle Abi Saab à verser, chacun à sa discrétion, des dons à des ONG ou à des organisations – locales ou internationales – qui ont pris à charge la défense de ces grandes causes. Chacun est reparti avec une idée dans la tête poursuivre sa contribution. Qui pour payer la scolarité d’un enfant, qui pour parrainer un orphelin, qui pour rêver à nouveau d’une mobilisation pacifique pour le Liban… Et si nous avions pris nos matelas place des Martyrs, comme nous l’avions envisagé un instant, au moment de choisir le lieu de l’évènement ! N’aurions-nous pas pu semer les graines d’une manifestation pacifique de plus grande ampleur, à l’instar des moines du Myanmar, rejoints sous une pluie battante par une population récitant avec eux des prières en faveur de la paix ? La sérénité n’est-elle pas contagieuse ? La paix est un état d’esprit à la base. Gandhi a bien changé l’Inde, et ils étaient un milliard. Nicole Hamouche
À l’heure où les bonzes bouddhistes entreprennent des marches silencieuses dans les rues de Yangon et de Mandalay pour faire pression sur la junte militaire qui dirige le pays d’une poigne de fer depuis plus de vingt ans ; à l’heure où, à l’occasion de Yom Kippour, les juifs revisitent le sens du pardon et que les musulmans jeûnent pour le ramadan, octroyons-nous un temps...