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Pour Bolton, seul Pékin a le pouvoir d’initier un changement politique L’envoyé de l’ONU a rencontré l’opposante Aung San Suu Kyi

La junte militaire birmane, en butte à la réprobation internationale pour sa répression des manifestations en faveur de la démocratie, a autorisé hier l’envoyé spécial de l’ONU Ibrahim Gambari à rencontrer l’opposante Aung San Suu Kyi. M. Gambari et Aung San Suu Kyi « se sont entretenus pendant environ une heure et 15 minutes » dans une résidence de l’État, a déclaré hier à l’AFP un responsable de la sécurité. Pour l’analyste birman Win Min, la rencontre exceptionnelle entre M. Gambari et la prix Nobel de la paix, Mme Suu Kyi, montre que la pression extérieure semble, malgré des apparences contraires, atteindre la junte. « Gambari s’est rendu là-bas non seulement en tant que représentant du secrétaire général de l’ONU (Ban Ki-moon), mais également avec le mandat de membres du Conseil de sécurité », a-t-il rappelé. La dernière rencontre entre Ibrahim Gambari et Mme Suu Kyi remontait à novembre 2006. Aung San Suu Kyi, 62 ans, assignée à résidence depuis 2003, a été privée de liberté pendant la majeure partie des 18 dernières années. Dans un communiqué publié hier soir, l’ONU a indiqué que M. Gambari « espérait vivement rencontrer » le généralissime Than Shwe, numéro un de la junte, au cours de sa mission. Selon un responsable d’une compagnie aérienne, l’envoyé de l’ONU a d’ailleurs décidé de rester dimanche soir en Birmanie. Toujours d’après les Nations unies, l’émissaire s’est entretenu samedi dans la nouvelle capitale birmane Naypyidaw (400 kilomètres au nord de Rangoun) avec le Premier ministre par intérim, le général Thein Sein, le ministre de l’Information, le général Kyaw Hsan, le ministre de la Culture, le commandant Khin Aung Myint, et le vice-ministre des Affaires étrangères Kyaw Thu. M. Gambari a remis un message du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, dont la teneur n’a pas été précisée. Avant cette visite, dans un contexte extrêmement tendu, le Nigérian avait dit espérer obtenir des « progrès ». Win Min se montrait modérément optimiste sur la portée des entretiens menés par M. Gambari. « Cela pourrait indiquer que des négociations sont susceptibles de suivre, par l’entremise de Gambari, mais il faut être prudent car, par le passé, ils ont envoyé des signes d’ouverture avant de revenir en arrière. » La Chine est la clef pour un changement politique en Birmanie, pas Ibrahim Gambari, a de son côté estimé dimanche John Bolton, ex-ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU. « Lorsque nous avons tenté de placer la Birmanie sur l’agenda du Conseil de sécurité, la Chine a voté contre. Ils ne voulaient même pas que le Conseil en parle », a-t-il toutefois rappelé, avant d’ajouter : « Je n’ai pas constaté de réelle indication d’un changement » de position de Pékin. Un émissaire japonais est, par ailleurs, parti hier pour la Birmanie pour tenter d’obtenir de la junte militaire une enquête complète sur la mort d’un journaliste japonais lors d’une manifestation. L’émissaire devrait également « transmettre le message de la communauté internationale, qui espère le dialogue, et non la force, face aux mouvements prodémocrates », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Mitoji Yabunaka, avant de quitter le Japon pour la Birmanie. Tokyo envisage de rappeler son ambassadeur et de réduire, voire de suspendre, son assistance technique à la Birmanie. Plusieurs milliers de personnes ont également défilé hier à Londres et dans plusieurs villes du Royaume-Uni pour soutenir les manifestants prodémocratie. Le pape Benoît XVI a, pour sa part, appelé à la prière pour « la recherche d’une solution pacifique pour le bien du pays » à l’occasion de la célébration de l’Angelus à Castel Gandolfo. Sur le terrain, les informations provenant de Birmanie continuaient d’être très parcellaires, la principale liaison à l’Internet restant coupée depuis vendredi. Rangoun, première ville de Birmanie, restait quadrillée par les forces de l’ordre qui continuaient d’empêcher par la force, et apparemment avec succès, tout rassemblement de protestataires. La répression a fait officiellement treize morts, nettement plus selon des responsables étrangers.
La junte militaire birmane, en butte à la réprobation internationale pour sa répression des manifestations en faveur de la démocratie, a autorisé hier l’envoyé spécial de l’ONU Ibrahim Gambari à rencontrer l’opposante Aung San Suu Kyi.
M. Gambari et Aung San Suu Kyi « se sont entretenus pendant environ une heure et 15 minutes » dans une résidence de l’État, a...