Esquisses d’une violence quotidienne...

Le 19 septembre dernier, une vieille dame, Samia Medlej, sirotait un café sur son balcon avec son mari et sa fille. Au même moment, un jeune cadre dynamique, Charles Chikhani, quittait son bureau un peu plus tard que d’habitude. Tous les deux ont trouvé la mort quelques minutes plus tard lorsqu’une voiture piégée explosera au passage de la voiture du député Antoine Ghanem. « Je prenais le café avec ma mère et mon père au balcon quand nous avons entendu une forte explosion. Notre première réaction a été de courir à l’intérieur. C’est alors que mon père et moi avons remarqué qu’elle n’était pas avec nous », témoigne la fille de Samia, Mirna. « Nous nous sommes précipités sur le balcon et nous l’avons vue le crâne fracassé par un morceau de ferraille », ajoute Mirna, dont les enfants de 16, 14 et 13 ans se trouvaient dans une autre partie de la maison. « C’était horrible pour eux de voir leur grand-mère comme ça », explique-t-elle, incrédule à l’idée que cette vieille dame « qui aimait la vie » ait pu être emportée par cette « folie ». Charles Chikhani, 28 ans, directeur financier d’une grande société de communication, avait quitté le travail 20 minutes plus tard que d’habitude et rentrait chez lui en voiture quand l’explosion s’est produite. « Nous n’aurions jamais imaginé qu’il serait tué ainsi », a confié, son oncle Rafic Chikhani. « Ses parents regardaient la télévision après l’explosion et ils ont vu un policier sortir la carte d’identité de Charles de son portefeuille », indique-t-il. « Il a été atteint à la tête par un éclat. » Le choc de ces familles est grand, la peine et la douleur difficiles à surmonter. Tout un travail de deuil devra être accompli avant de pouvoir reprendre goût à la vie.