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Une cité fantôme transformée en musée Le temps s’est arrêté en 1962 à Bodie, jadis troisième ville de Californie

Maisons délavées, magasins poussiéreux, machines rouillées : dans les montagnes de Californie (Ouest), les autorités de tutelle de la ville fantôme de Bodie, jadis troisième agglomération de l’État, ont bloqué le calendrier en 1962. C’est cette année-là que le gouvernement de Californie a pris le contrôle de l’agglomération déserte, relique de la ruée vers l’or nichée à 2 800 mètres d’altitude près de la frontière du Nevada, et a décidé de la maintenir telle quelle, un parti pris muséographique unique aux États-Unis. « Telle quelle » signifie que Bodie doit rester exactement comme elle l’était en 1962, alors qu’elle avait déjà été abandonnée depuis une quarantaine d’années après l’épuisement des filons. « Si quelque chose était déjà effondré en 1962, il reste par terre. Si c’est après 1962, nous le restaurons », explique à l’AFP Charlie Spiller, employé du « Parc d’Etat historique (SHP) de Bodie et l’une des rares personnes à y habiter toute l’année. Travaillant à partir de photos de la ville prises il y a 45 ans, les employés de Bodie l’entretiennent sous haute surveillance. « Les historiens doivent approuver toute ce que nous faisons », note M. Spiller, en déambulant dans les rues parsemées de wagonnets de mine rongés par la corrosion. Le souci d’authenticité va jusque dans le choix des clous utilisés dans la reconstruction. Pas question non plus d’utiliser du verre industriel pour réparer les fenêtres : « On le fait venir d’Allemagne », l’un des rares endroits où l’on fabrique encore du verre artisanal, raconte M. Spiller. « Le problème est de faire en sorte que cela reste en l’état et ne se détériore pas », souligne-t-il. Une gageure lorsque vient l’hiver, parfois dès septembre, et que ce paysage aride et escarpé se transforme en enfer blanc, submergé de neige et fouetté par le blizzard. L’une de ces tempêtes a récemment abattu un château d’eau et plusieurs petits bâtiments. Les maisons datent pour la plupart de la fin du XIXe siècle, époque où l’on construisait avec des planches grossières, quasiment sans fondations, et où les plus pauvres assuraient l’étanchéité de leurs masures... avec des boîtes de conserve aplaties. Fondée en 1859, Bodie, qui a accueilli jusqu’à 10 000 habitants dans les années 1880, devenant la troisième ville de Californie derrière San Francisco et Sacramento, a été dévastée par deux incendies depuis. Seul 10 % est resté intact, ce qui représente encore environ 200 bâtiments. Et contrairement aux dizaines de villes fantômes restaurées qui parsèment l’ouest des États-Unis et ressemblent souvent à des parcs d’attractions, avec acteurs en costume d’époque et petits trains touristiques, Bodie frappe par sa beauté austère et le sentiment de solitude que l’on y éprouve, même si 200 000 personnes y passent par an. Parmi les moments forts de la visite, celle d’une école dont la salle de classe possède encore des cartes géographiques pendues au mur et des encriers au contenu depuis longtemps évaporé. Plus loin, c’est la devanture d’un magasin d’alimentation générale où s’empilent caisses de thé, boîtes à l’effigie du chocolatier de San Francisco Ghirardelli et flacons d’aspirine, à proximité d’un assortiment de lampes à pétrole qui ferait pâlir d’envie les collectionneurs d’objets du Far West. « C’est un endroit unique, et c’est aussi un témoin essentiel de notre histoire », affirme fièrement Laird Johnson, de l’association des « Amis de Bodie ». Les filons d’or comme ceux de Bodie ont établi pour longtemps la réputation de pays d’abondance dont bénéficie encore la Californie.
Maisons délavées, magasins poussiéreux, machines rouillées : dans les montagnes de Californie (Ouest), les autorités de tutelle de la ville fantôme de Bodie, jadis troisième agglomération de l’État, ont bloqué le calendrier en 1962.
C’est cette année-là que le gouvernement de Californie a pris le contrôle de l’agglomération déserte, relique de la ruée vers...