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Actualités - CHRONOLOGIE

NOSTALGIE À Retournac, un musée sur l’aventure de la dentelle du Puy Page réalisée par FIFI ABOU DIB

Elle était fabriquée à la main, le soir à la veillée, dans les fermes de Haute-Loire, puis vendue jusqu’en Australie et au Mexique : le Musée des manufactures de dentelles de Retournac (Haute-Loire), qui a ouvert cet été, témoigne de l’extraordinaire aventure de la dentelle du Puy. « Vers 1860, on recensait 70 000 dentellières en Haute-Loire, pour une population de 300 000 habitants », raconte Bruno Ythier, le directeur du nouveau musée de Retournac, un village de 2 500 habitants, à 30 km du Puy-en-Velay. Dans ce gros bourg, quelque 5 000 dentellières travaillaient pour huit fabriques de dentelle vers 1920. C’était alors l’apogée de cet artisanat d’art local qui a embelli tout au long du XIXe siècle les coiffes et les vêtements d’élégantes du monde entier. L’une de ces manufactures, « Auguste Experton et fils », a été rachetée en 1994 par la mairie de Retournac. Le fonds de la société, 450 000 pièces, était intact : 220 000 mètres de dentelle enroulée sur des rectangles de carton, 80000 cartons piqués servant de modèles, 40 000 échantillons, 19 000 motifs ronds ou ovales à incruster sur des nappes ou des rideaux, 10 000 dessins sur calque, une tonne et demie de fil de lin... Tous les registres, carnets, répertoires, courriers de l’entreprise avaient été laissés sur place. « Nous avons retrouvé des lettres envoyées par des grossistes de Sydney », se souvient Bruno Ythier qui, recruté par la mairie, a dressé pendant un an et demi un pré-inventaire. « L’image ringarde de la dentelle du Puy, des napperons sur la télévision, et le côté folklorique des dentellières, avec leur coiffe et leur châle, ont occulté la réalité de la mondialisation du commerce », continue Bruno Ythier. Les dentellières travaillaient chez elles, maniant, agenouillées dans la paille, les fuseaux de bois sur leur carreau, sorte de coussin à armature de bois, rembourré de paille et protégé par une toile cirée. Les manufactures passaient commandes et fournissaient modèles et fils. Dans l’atelier de la manufacture, des dessinateurs concevaient les modèles, et des ouvrières assemblaient les vêtements et le linge de table ou liturgique qui étaient expédiés d’abord à dos de mulets, puis en train et en bateau à travers l’Europe et dans le monde. En 1997, la mairie de Retournac a racheté une deuxième manufacture, « Claire Experton et Cie », dirigée par la sœur d’Auguste. Le bâtiment, agrandi, est devenu le Musée des manufactures de dentelles. Sur 1 200 mètres, quelque 2 000 pièces y sont exposées. Elles proviennent pour l’essentiel de la manufacture d’Auguste Experton, trop petite pour être transformé en musée. Dépoussiérée, cette ancienne fabrique pourra être visitée sur rendez-vous dès cet hiver. Le sous-sol, entièrement refait, servira de réserves. En dix ans, un quart seulement du fonds de la manufacture de dentelles a été inventorié. Par Marie-Laure MICHEL
Elle était fabriquée à la main, le soir à la veillée, dans les fermes de Haute-Loire, puis vendue jusqu’en Australie et au Mexique : le Musée des manufactures de dentelles de Retournac (Haute-Loire), qui a ouvert cet été, témoigne de l’extraordinaire aventure de la dentelle du Puy.
« Vers 1860, on recensait 70 000 dentellières en Haute-Loire, pour une population de...