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Manifestations ambulantes de moines bouddhistes à travers le pays Des centaines de bonzes défient la junte militaire birmane

Des centaines de moines bouddhistes ont marché en priant hier à Rangoon et dans d’autres localités de Birmanie en signe de défi majeur à la junte militaire qui est confrontée depuis un mois à une vague de protestations contre la vie chère. À Sittwe, dans l’ouest du pays, la police antiémeutes a fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs à blancs pour disperser un millier d’entre eux qui manifestaient pacifiquement contre la junte, selon Radio Free Asia. Au moins trois moines ont été arrêtés, selon des témoins cités par la radio. Hier, plus de 300 bonzes ont d’abord cherché à se rendre à la célèbre Pagode Shwedagon, mais les autorités avaient fermé toutes les entrées de ce complexe de temples bouddhistes, a indiqué la correspondante de l’AFP. Des miliciens favorables à la junte étaient postés près de l’édifice. Les moines ont alors décidé de poursuivre leur action en récitant des prières et en marchant à travers les rues de Rangoon, la plus grande ville du pays. Ils étaient systématiquement suivis par des agents en civil qui ont confisqué un appareil photo et une caméra à des journalistes birmans travaillant pour des médias japonais, selon des témoins. Des centaines de badauds se sont joints au défilé, souriant et applaudissant en suivant les bonzes. Des policiers antiémeutes étaient en alerte dans des camions garés dans les rues voisines. Aucun incident majeur n’a été signalé. À Bago (80 kilomètres au nord de Rangoon), au moins 1 000 moines bouddhistes ont traversé la localité tandis que des milliers de personnes observaient le défilé, a indiqué un témoin à l’AFP. De son côté, un diplomate occidental a fait état de quatre défilés lundi et hier dans le centre de la Birmanie, deux à Kyaukpadaung et deux à Chauk. Ces localités sont situées près de Mandalay. Un autre rassemblement a été signalé à Aunglan. Les manifestations, en particulier de bonzes, sont extrêmement rares en Birmanie où le régime ne tolère aucune contestation. Des organisations de moines bouddhistes avaient menacé de déclencher des actions contre le régime militaire si celui-ci ne présentait pas des excuses avant lundi soir pour les récentes violences dont ont été victimes des bonzes. L’appel à manifester « a eu un impact », a dit un diplomate occidental. Des manifestations avaient éclaté le 19 août en Birmanie après l’augmentation massive des prix des carburants et des transports en commun, entraînant un durcissement du régime qui avait fait arrêter des dizaines d’opposants, notamment des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Aung San Suu Kyi. Le mécontentement s’était ensuite propagé en province, notamment parmi les jeunes moines. Le 5 septembre, plusieurs centaines de bonzes avaient défilé à Pakokku (plus de 500 km au nord de Rangoon), non loin de Bagan et de Mandalay, mais des soldats avaient tiré en l’air, tandis que des miliciens favorables au régime s’étaient mis à battre des moines. Le lendemain, une vingtaine de responsables locaux avaient été retenus en otages dans un monastère et, après leur libération, des bonzes avaient saccagé un magasin et une habitation appartenant à des miliciens. Des moines ont de nouveau marché hier à Pakokku, a indiqué un habitant en précisant qu’il avait eu trop peur de sortir. Dimanche dernier, le magazine Irrawaddy, proche de l’opposition birmane en Thaïlande, avait indiqué qu’un groupe s’appelant L’Alliance de tous les moines bouddhistes avait appelé les bonzes à refuser les aumônes des militaires et à participer à des marches pacifiques hier. La religion bouddhiste est prédominante en Birmanie où des moines avaient participé à un soulèvement populaire en 1988, qui avait été réprimé dans le sang. Une partie du clergé bouddhiste entretient des relations avec le régime. La Birmanie a été gouvernée par des juntes successives depuis 1962. « Cette fois, les autorités sont prudentes », a noté l’analyste birman Win Min, basé en Thaïlande. « Elles n’ont pas cherché à toucher les moines parce qu’elles savent que ça peut se retourner contre elles. »
Des centaines de moines bouddhistes ont marché en priant hier à Rangoon et dans d’autres localités de Birmanie en signe de défi majeur à la junte militaire qui est confrontée depuis un mois à une vague de protestations contre la vie chère.
À Sittwe, dans l’ouest du pays, la police antiémeutes a fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs à blancs pour disperser un millier...