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Crise - L’intervention des autorités britanniques critiquée Fallait-il sauver le soldat Northern Rock ?

Le gouvernement britannique semble avoir réussi le pari d’endiguer la panique des clients de Northern Rock après que le ministre des Finances Alistair Darling eut mis tout son poids dans la balance. Après trois jours de panique qui ont vu les clients faire la queue y compris la nuit devant les succursales de Northern Rock pour y récupérer leurs économies, les files d’attente se sont résorbées hier, tandis que le cours du groupe remontait en Bourse. Mais l’intervention des autorités britanniques a été critiquée en Grande-Bretagne, où certains jugent que le gouvernement, l’Autorité des marchés financiers et la Banque d’Angleterre ont outrepassé leurs prérogatives. « Northern Rock n’est pas assez importante, elle ne présente pas de risque systémique pour l’économie. Il fallait la laisser s’en sortir ou couler par ses propres moyens. Elle aurait dû payer pour ses erreurs », assène le professeur Willem Buiter, de la London School of Economics, dans le quotidien d’affaires City AM hier. Jeudi soir, en concertation avec l’Autorité des services financiers (FSA) et le Trésor, la Banque d’Angleterre a consenti à Northern Rock, cinquième prêteur immobilier du pays, des liquidités exceptionnelles pour l’aider à faire face à ses échéances. Devant le mouvement de panique qui a conduit les petits épargnants à vouloir retirer leurs économies, le ministre des Finances, Alistair Darling, a ensuite pris lundi la décision de garantir tous les dépôts confiés à la banque, sans plafond. « Nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer que le marché redevient normal », a-t-il assuré hier encore, au terme d’une réunion avec le gouverneur de la BoE Mervyn King et le président de l’autorité des marchés financiers (FSA) Callum McCarthy. Toutefois, de nombreux commentateurs ont déploré le fait que cette intervention créait un précédent fâcheux, assorti d’un « aléa moral » (« moral hazard », en anglais) : celui de donner l’impression aux investisseurs que les prises de risque extrêmes – comme les risques pris sur le marché des « subprimes » américain, avant la débâcle – sont permises, puisque le gouvernement est là pour tirer d’une mauvaise passe ceux qui ont commis des erreurs. Certains vont jusqu’à se demander si la BoE ne s’est pas reniée en volant au secours de la banque. Depuis le début de la crise du crédit, la BoE répète en effet fermement que sa mission n’est pas de sauver les investisseurs « malavisés », et que ceux-ci doivent tirer les leçons de leurs erreurs. Voler au secours des déconfits reviendrait à les inciter à prendre encore des risques inconsidérés, et poserait les fondations d’une nouvelle crise « de plus grande ampleur », a souligné jeudi son gouverneur. « La BoE n’a fait que fournir une ligne de crédit, à une banque qu’elle juge solvable, sous la supervision du Trésor », nuance Dominic White, économiste chez ABN Amro. « Si elle a donné l’impression d’agir contrairement aux principes qu’elle s’est récemment imposés, c’est clairement en raison d’un impératif politique. » La banque a d’ailleurs souligné dès jeudi qu’en prêtant de l’argent à Northern Rock à un taux d’intérêt pénalisant, de 100 points de base supérieur au taux directeur de la BoE, elle compensait l’« aléa moral ». Dans un pays historiquement confiant dans les forces de marché, les autorités devaient-elles donc sauver un « canard boiteux », victime de sa stratégie d’investissement irresponsable, de la faillite ? À cela, Trésor et Banque d’Angleterre peuvent répondre en déplaçant le problème. Ce n’est pas la survie d’une institution financière qui compte, mais l’épargne de milliers de petits porteurs.
Le gouvernement britannique semble avoir réussi le pari d’endiguer la panique des clients de Northern Rock après que le ministre des Finances Alistair Darling eut mis tout son poids dans la balance. Après trois jours de panique qui ont vu les clients faire la queue y compris la nuit devant les succursales de Northern Rock pour y récupérer leurs économies, les files d’attente se sont...