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Façades défigurées, ajout d’un étage supplémentaire... Les maisons à colombage : chefs-d’œuvre en péril en Alsace

Les maisons à colombage, qui confèrent aux villages d’Alsace leur aspect cossu, mais dont le nombre régresse en dépit de l’ardeur de quelques passionnés, seront à l’honneur durant les Journées du patrimoine. Ces maisons à la charpente entièrement en bois si typiques de l’Alsace sont petit à petit remplacées par des maisons neuves anonymes, regrette Francis Wendling qui préside l’Association de sauvegarde de la maison alsacienne. « Ce sont des chefs-d’œuvre en péril », déplorent certains en montrant du doigt des maisons menaçant ruines dans les villages. Dans sa maison « carte postale » de Ringendorf (Bas-Rhin), M. Wendling a convié en fin de semaine « des spécialistes de la couverture traditionnelle ». L’occasion de présenter au public les tuiles « queues de castor » (ou Biberschwanz) particulières à ces maisons. Il présente aussi avec fierté quelques tuiles plus élaborées dont le dessin a été créé par l’architecte allemand du château du Haut-Kœnigsbourg. Entre les poutres de sa maison assemblées par des tenons et des mortaises, les espaces libres ont été hourdées (maçonnées grossièrement) de torchis, un mélange de terre grasse argileuse, de chaux, de fibres végétales et animales, notamment des poils de vache. Sur le torchis bleu apparaissent des inscriptions en caractère gothique, mais écrites en dialecte, reprenant des textes anciens ou des proverbes. Le poutrage en bois dessine des figures décoratives et symboliques comme le losange, signe de fécondité, ou la croix de Saint-André, à l’effet multiplicateur. À Rangen, à l’ouest de Strasbourg, Frédéric Cueney recevra aussi les curieux dans sa maison réhabilitée qui date de 1848. « Il y avait de beaux restes, du chêne, cela m’intéressait », déclare ce commercial de 37 ans. « C’est un sacerdoce : il faut de la passion, du temps et de l’argent, mais ce qui réconforte, c’est que d’autres gens de ma génération ont la même passion », confie-t-il. Dans ce village de 175 habitants, un couple, Rodrigue et Lisa Forner, a également entrepris d’installer sa maison à colombage après avoir récupéré les poutres d’une maison abandonnée dans un autre village, une pratique traditionnelle en Alsace. Ces « bâtisseurs » comptent beaucoup sur un réseau d’amis, souvent des artisans, car ils ne peuvent guère compter sur des subventions. Les petites communes sont désargentées et les plus grandes sont promptes à préempter telle maison sans maître pour la raser et faire un parking ou un lotissement, admet un fonctionnaire du conseil général du Bas-Rhin. Il souligne avec regret l’impuissance des collectivités à empêcher les dommages faits aux maisons à colombage : façades défigurées, ajout d’un étage supplémentaire... en béton cellulaire. Une grande entreprise de charpente bas-rhinoise propose aujourd’hui à ses clients de leur construire une maison avec des charpentes récupérées sur des maisons en ruines. Les matériaux ne manquent pas, selon l’une de ses responsables, Élisabeth Brenner, car les mairies préfèrent souvent « un bâtiment pétant neuf » en lieu et place d’une maison à colombage chère à rénover. Quant aux jeunes, la majorité veulent vivre dans de grands volumes au lieu de la traditionnel « stub » (la pièce à vivre) à plafond bas. Et lorsqu’il leur est interdit de démolir, ils font un trou dans le toit pour laisser entrer la pluie puis accélèrent le délabrement à l’aide du tracteur, affirme-t-elle. Les prix et encouragements décernés par l’association de sauvegarde – et non des collectivités locales – ne suffiront pas à préserver durablement l’image d’une région à colombage.
Les maisons à colombage, qui confèrent aux villages d’Alsace leur aspect cossu, mais dont le nombre régresse en dépit de l’ardeur de quelques passionnés, seront à l’honneur durant les Journées du patrimoine.
Ces maisons à la charpente entièrement en bois si typiques de l’Alsace sont petit à petit remplacées par des maisons neuves anonymes, regrette Francis Wendling qui...