Rechercher
Rechercher

Actualités

BEIRUT STREET FESTIVAL - « Kana… Houna » de Hussein Saouli À la trace des images perdues

Blanche est la couleur des traces de pas collées sur le trottoir de l’ancien café Wimpy à Hamra. Blanc également le tee-shirt du jeune homme qui distribue des dépliants. C’est avec cette couleur de toutes les possibilités, cette non-couleur (ou non-appartenance) que Hussein Saouli a choisi de s’exprimer dans les rues de Beyrouth à travers une installation intitulée « Kana … Houna » (Il était… là) qui a « assiégé » hier six sites de la capitale dans le cadre du Beirut Street Festival. Outre à Hamra, Saouli a en effet laissé des traces place Sassine, à Mar Élias (face au centre Makassed), sous le tunnel Salim Salam, sous le pont de Cola et à la rue de l’Université arabe. Pour l’artiste, qui est architecte d’intérieur, ces endroits sont emblématiques de l’invasion israélienne de Beyrouth en 1982, une guerre qui a laissé… des traces indélébiles dans sa mémoire. À travers ces six points où se sont déroulés des événements plus ou moins importants, il revient ainsi sur un épisode des plus sanglants et destructeurs de la guerre libanaise. Sur le dépliant qu’il distribue, ou fait distribuer sur place, Saouli n’explique pas son choix des lieux ou des événements. Un petit texte relate par contre les grandes lignes de l’invasion israélienne. Une carte géographique de la ville est illustrée de photos. « Chacune représente un fait qui s’est déroulé à un endroit donné en 1982 », précise Saouli. Au café Wimpy, donc, Saouli revient sur la fusillade des soldats israéliens en plein Hamra. Sur une autre illustration, on reconnaît Walid Joumblat, une mitraillette à la main, saluant le passage de combattants palestiniens. Ailleurs, on voit Yasser Arafat parmi les décombres, embrassant un enfant. Et Georges Habache assistant à un concert de oud improvisé par les combattants, sous le pont de Cola. Un char israélien renversé sous le pont Salim Salam. Ibrahim Koleilat faisant une inspection à bord d’un… char. Il y a là également Béchir Gemayel, « qui a laissé tomber sa tenue militaire pour le costard-cravate, une façon de saluer son accession à la présidence ». Beyrouth 1982-Beyrouth 2007. « Beaucoup de choses se sont passées entre ces deux dates », note Saouli. « Le temps passe et ne s’arrête pas. Les endroits demeurent. Les hommes s’en vont, laissant derrière eux des traces et des mémoires. Hier encore, ils étaient là. Ils ont créé l’événement et conçu un environnement. Ils sont partis, mais le lieu est chargé de mémoires. Ils sont partis, mais leurs ombres planent au-dessus de nous. Leurs voix résonnent dans l’espace. » Des fantômes d’un passé douloureux et indigeste ? M.G.H.
Blanche est la couleur des traces de pas collées sur le trottoir de l’ancien café Wimpy à Hamra. Blanc également le tee-shirt du jeune homme qui distribue des dépliants. C’est avec cette couleur de toutes les possibilités, cette non-couleur (ou non-appartenance) que Hussein Saouli a choisi de s’exprimer dans les rues de Beyrouth à travers une installation intitulée « Kana … Houna...