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Actualités - ANALYSE

Analyse Retour de la France dans l’OTAN : la porte s’entrouvre, mais sur quoi ?

La France évoque depuis peu son éventuel retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN en espérant apparemment obtenir un rôle accru pour les Européens qu’elle revendique depuis la fin de la guerre froide, mais le succès de sa démarche n’est pas garanti. Le président Nicolas Sarkozy fin août, puis le ministre de la Défense Hervé Morin mardi dernier, ont semblé lier les progrès de l’Europe de la défense à une réduction par la France de son autonomie au sein de l’OTAN. Vingt et un des 26 pays de l’OTAN appartiennent à l’UE, et « beaucoup ne veulent ni d’une rivalité ni d’un double emploi, d’où l’envie de Paris de débloquer la situation », note Yves Boyer, de la Fondation pour la recherche stratégique. Quarante et un ans après le retrait fracassant décidé par de Gaulle, le débat n’en est qu’à ses débuts et il faudra attendre la publication, prévue fin mars, du Livre blanc sur la défense, commandé par M. Sarkozy, pour en savoir davantage. Il faudra aussi connaître les conditions précises posées par Paris à son retour et l’accueil que leur réserveront les États-Unis et d’autres alliés, comme le Royaume-Uni, accusé ces derniers mois par la France de bloquer le développement de la défense européenne. Parmi les compensations que pourrait réclamer la France, selon Bastian Giegerich, spécialiste de la défense européenne à l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Londres : le renforcement du petit centre opérationnel ouvert par l’état-major de l’UE à Bruxelles en janvier 2007. Quoi qu’il en soit, côté OTAN, on se réjouit que 12 ans après une première tentative de rapprochement qui ne s’était traduite que par une réintégration partielle de la France à l’appareil militaire allié, Paris parle publiquement de mener le processus à son terme. « S’il se produisait, l’événement serait tout à fait le bienvenu », assure un haut responsable militaire de l’OTAN, soulignant que parmi les officiers alliés, « tout le monde suit avec attention le débat public » engagé en France sur cette question. Cet officier supérieur fait valoir que la France « participe déjà de manière significative aux opérations » de l’OTAN, mais reconnaît « l’impact psychologique » qu’aurait sa réintégration totale. Et, ajoute-t-il, « il est raisonnable de penser que si les Français revenaient, cela leur ouvrirait des postes d’état-major et de commandement supplémentaires ». « Je ne vois que des aspects positifs à cette éventualité », a déclaré de son côté un diplomate européen dont le pays aurait pourtant logiquement à céder une partie des postes d’encadrement militaire qu’il détient. « Il est généralement admis que les militaires français sont plutôt favorables à une telle réintégration, tandis que les diplomates du Quai d’Orsay seraient plus sceptiques », souligne Dana Allen, expert à l’IISS. Dans son rapport sur la mondialisation remis la semaine dernière à M. Sarkozy, l’ancien chef de la diplomatie française Hubert Védrine estimait ainsi que la France n’aurait rien à gagner d’un apparent alignement sur Washington. Une normalisation totale de la position française « donnerait à la France une influence comparable à celle des autres alliés » sur les États-Unis, « c’est-à-dire quasi nulle », a-t-il asséné. M. Morin a reconnu mardi que c’était là un des arguments « contre » un retour au bercail atlantiste. Toutefois, au nombre des arguments « pour », il a estimé que la France gagnerait en influence à ne plus systématiquement « chipoter et barguigner » au sein de l’OTAN. Interrogé par l’AFP, l’ancien chef d’état-major des armées françaises, aujourd’hui chef du comité militaire de l’UE, le général Henri Bentégeat, a « à titre personnel » estimé que « si la position de la France au sein de l’OTAN était normale, cela aiderait à dissiper la suspicion à son encontre ». Pascal MALLET (AFP)
La France évoque depuis peu son éventuel retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN en espérant apparemment obtenir un rôle accru pour les Européens qu’elle revendique depuis la fin de la guerre froide, mais le succès de sa démarche n’est pas garanti.
Le président Nicolas Sarkozy fin août, puis le ministre de la Défense Hervé Morin mardi dernier, ont...