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Russie - Après la démission de Fradkov, le président nomme un inconnu au poste de Premier ministre Poutine brouille les cartes de sa succession au Kremlin

Le président russe Vladimir Poutine a décidé hier de nommer Viktor Zoubkov, inconnu du grand public, au poste de Premier ministre, brouillant un peu plus les cartes pour sa succession au printemps 2008. Après des mois de spéculations, la situation s’est brusquement emballée en Russie, avec l’annonce de la démission du Premier ministre Mikhaïl Fradkov, aux manettes gouvernementales depuis mars 2004. Dans la foulée, le président Vladimir Poutine a présenté la candidature de Viktor Zoubkov, spécialiste de la lutte contre le blanchiment d’argent au ministère des Finances, à la tête du gouvernement. Conformément à la Constitution russe, cette candidature sera examinée demain vendredi par la Douma (Chambre basse du Parlement), a annoncé le président de cette dernière, Boris Gryzlov. L’approbation ne fait guère de doute dans une Assemblée contrôlée aux deux tiers par Russie unie, un parti acquis au Kremlin. Viktor Zoubkov, bientôt 66 ans – il est né le 15 septembre 1941 –, est un ancien responsable de sovkhoze et dirige depuis 2001 le Service de surveillance financière. Il fait surtout partie du clan des « Pétersbourgeois ». Dans les années 90, il a travaillé au comité des relations extérieures de la mairie de Saint-Pétersbourg, alors dirigé par un certain Vladimir Poutine. Ce remaniement gouvernemental surprise marque le début des grandes manœuvres pour la succession de M. Poutine, qui ne peut se représenter à la présidentielle de mars 2008 après deux mandats successifs. Reste à savoir quelle est la portée du choix d’un inconnu, technicien des finances, pour un poste jusqu’ici considéré comme un tremplin potentiel vers le fauteuil présidentiel. En 1999, Vladimir Poutine avait émergé selon ce schéma. Chef des services secrets (FSB), il fut propulsé Premier ministre et succéda quelques mois plus tard au président Boris Eltsine démissionnaire. Pour la plupart des analystes, il est fort peu probable que M. Poutine voie en M. Zoubkov, un apparatchik aux traits austères, le futur président de Russie. Dans un système politique largement verrouillé par le Kremlin, le candidat adoubé par le président sortant est en général assuré d’être élu. « J’ose faire le pari que Zoubkov ne sera pas le prochain président de Russie. Il n’est pas le premier candidat pour la direction du pays », a déclaré le politologue Vitali Tretiakov, cité par l’agence de presse RIA Novosti. Pour cet analyste comme pour d’autres, le premier vice-Premier ministre et ex-ministre de la Défense Sergueï Ivanov, 54 ans, issu comme Vladimir Poutine du KGB et de Saint-Pétersbourg, reste le mieux placé à ce jour dans la course à la présidentielle. Mercredi encore, le quotidien russe Vedomosti affirmait qu’il était sur le point d’être nommé Premier ministre. Depuis des semaines, Sergueï Ivanov est omniprésent dans les médias, un signe tangible d’une montée en puissance suivie de près par les observateurs dans un système de pouvoir qui reste opaque. Égal à lui-même, l’air sûr et souriant, il s’est d’ailleurs très vite fendu d’un commentaire sur son futur patron : « Voilà un homme qui a travaillé sans faire de vagues dans différents domaines. » Pour nombre d’analystes, M. Poutine continue ainsi d’entretenir le suspense sur sa succession pour mieux préserver son pouvoir jusqu’au bout, en mars 2008. « Il est tout à fait possible qu’une série de remaniements interviennent de nouveau après les élections parlementaires » en décembre, a relevé le politologue Stanislav Belkovski sur la radio Echo de Moscou. « Poutine n’a pas pu résoudre jusqu’ici le problème de sa succession », affirme pour sa part le chef de file des communistes, Guennadi Ziouganov. Pour le politologue Viatcheslav Nikonov, réputé proche du Kremlin, avec Viktor Zoubkov, Vladimir Poutine prépare en fait une « réorganisation de tout le système de pouvoir » en s’appuyant sur un homme de confiance. « Il faut mettre en place ce système de pouvoir pour la période pendant laquelle il ne sera pas président », ajoute M. Nikonov, faisant le pari que Vladimir Poutine « reviendra » dès que possible... à la présidentielle de 2012.
Le président russe Vladimir Poutine a décidé hier de nommer Viktor Zoubkov, inconnu du grand public, au poste de Premier ministre, brouillant un peu plus les cartes pour sa succession au printemps 2008.
Après des mois de spéculations, la situation s’est brusquement emballée en Russie, avec l’annonce de la démission du Premier ministre Mikhaïl Fradkov, aux manettes...