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La détermination d’un exilé à chasser celui qui l’a destitué

Intraitable et un brin provocant, l’ancien Premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, a toujours affiché sa détermination face à la « dictature militaire » de celui qui l’a évincé en 1999, le président Pervez Musharraf. Avec des accents quasiment shakespeariens, M. Sharif, 57 ans, avait juré de revenir hanter l’homme qui le contraignit à l’exil, passant opportunément sous silence les scandales de corruption qui émaillèrent ses propres mandats (1990-1993 et 1997-1999). Mais depuis son exil, saoudien puis londonien, Nawaz Sharif a su raviver son étoile et se muer dans la peau d’un des principaux chefs de l’opposition. Il a martelé qu’il mènerait lui-même son parti, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), une scission de celle de M. Musharraf, dite PML-Q, aux élections législatives prévues d’ici à fin 2007 ou début 2008. Ses sorties contre le « dictateur » Musharraf semblent avoir payé, lui conférant l’image d’un homme intraitable, à l’inverse de son autre rivale et également ex-Premier ministre, Benazir Bhutto, qui négocie avec le général Musharraf pour un éventuel partage du pouvoir. Ironie de l’histoire, celui qui se présente aujourd’hui comme le dernier rempart contre « la dictature » avait débuté sa vie politique, en 1981, dans l’ombre du général Zia Ul-Haq, le général qui a dirigé le Pakistan d’une main de fer de 1977 à 1988. La suite fut une ascension-éclair. Sharif dirigea le gouvernement de la province du Pendjab (1988-1990) la plus riche et la plus peuplée des quatre du pays. Musulman pratiquant, l’ancien étudiant en droit et homme d’affaires avisé accède au secrétariat général de la Ligue musulmane pakistanaise (PML), parti du père fondateur de la nation, Mohammad Ali Jinnah. En 1990, il devient Premier ministre fédéral à la place de Benazir Bhutto. Trois ans plus tard, il doit lui céder à nouveau la place lors des élections anticipées organisées sous la pression de l’armée. Ses ennemis politiques accusent Nawaz Sharif d’avoir tenté d’instaurer un pouvoir autocratique tandis que le Pakistan s’enfonçait dans une crise économique sans précédent, après son retour au pouvoir en 1997. C’est à cette époque qu’il tente de soumettre l’armée et fait voter une loi interdisant au président de renvoyer le Premier ministre. C’est également durant ce second mandat qu’il songe à introduire la charia (loi islamique), suscitant l’inquiétude des alliés occidentaux. En 1998, il nomme à la tête des armées le général Pervez Musharraf avec qui les rapports se dégradent rapidement. Redoutant d’être renversé par ce militaire à la forte personnalité, Sharif tente de l’évincer en douce. La manœuvre échoue et le général Musharraf s’empare du pouvoir sans effusion de sang le 12 octobre 1999. Condamné à la prison à vie pour détournement de fonds, fraude fiscale et trahison, Nawaz Sharif est remis en liberté en décembre 2000 après avoir conclu un accord avec le général Musharraf prévoyant son départ en exil en Arabie saoudite pour 10 ans. Mais cet accord a été invalidé fin août par la Cour suprême, qui l’avait donc autorisé à rentrer.
Intraitable et un brin provocant, l’ancien Premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, a toujours affiché sa détermination face à la « dictature militaire » de celui qui l’a évincé en 1999, le président Pervez Musharraf.
Avec des accents quasiment shakespeariens, M. Sharif, 57 ans, avait juré de revenir hanter l’homme qui le contraignit à l’exil, passant opportunément sous...