CIMAISES - Au musée d’art et d’histoire Romain Rolland Des trésors, des rois d’Abomey à l’Afrique d’aujourd’hui

Le musée d’art et d’histoire Romain Rolland consacre sa nouvelle exposition à l’Afrique subsaharienne. Les objets issus de fonds anciens du musée, longtemps laissés en réserve, voisinent avec les tableaux de la donation François Mitterrand. Une série de manifestations culturelles est organisée en parallèle à cette exposition pour susciter échanges et débats dans une optique d’ouverture et d’éveil. Projections de films, de documentaires, contes, concerts, rencontres littéraires, conférences sont au programme et permettront aux visiteurs d’enrichir et de partager leurs connaissances. Les trésors du général Taverna La première surprise de l’exposition consiste dans la présentation d’un ensemble de statuettes, entreposées dans les réserves du musée depuis des dizaines d’années. L’étude de ces objets a permis d’en révéler la grande qualité et la provenance. Certains appartiennent aux cultures « senoufo » et « baoulé » de Côte d’Ivoire, d’autres viennent du Congo. Particulièrement intéressants sont des trophées de la guerre de la conquête du Dahomey. Ils ont été pris sur le roi Béhanzin par le général Taverna (1854-1945), d’origine nivernaise, alors qu’il était chef de bataillon sous les ordres du général Dodds. Ces œuvres avaient été données en 1949 par le directeur du musée, Victor Gautron du Coudray, qui les tenait du général Taverna. Au musée, les objets du Dahomey provenant du général Taverna constituaient ainsi une petite collection africaine, qui n’avait pas été exposée depuis longtemps. Un ensemble exceptionnel du roi d’Abomey Les objets provenant des rois d’Abomey (aujourd’hui Bénin) constituent le point fort de l’exposition. Quoique le roi Béhanzin se soit enfui devant l’avancée française en incendiant ses palais, il en avait mis à l’abri le mobilier. Parmi les insignes du pouvoir figure à la place d’honneur un trône en bois à assise incurvée. Un sabre d’apparat en métal ouvragé s’orne d’un caméléon, emblème du roi Akaba qui régna de 1685 à 1708. L’objet pourrait donc remonter au XVIIIe siècle. Le caméléon, symbole de l’ascension lente d’un roi arrivé âgé au pouvoir, se retrouve sur un « assen » en alliage cuivreux. Une statue de la fin du XIXe siècle en bois polychrome représente un homme aux pieds entravés par des fers. L’œuvre rappelle que les rois d’Abomey faisaient pendant leurs guerres des prisonniers qu’ils revendaient ensuite comme esclaves. Un groupe sculpté figure un individu braquant un énorme pistolet sur un Africain. Qu’a voulu représenter le sculpteur ? L’énigme reste entière. Parmi les œuvres exposées figure aussi un ensemble de statuettes provenant de Côte d’Ivoire, de l’ethnie des baoulé, traditionnellement produites pour calmer la colère du blolo bian ou du blolo bla, le conjoint que chaque être humain possède dans l’autre monde. L’Afrique dans la donation François Mitterrand Depuis 1994, le musée de Clamecy possède un ensemble de plus de 360 tableaux offerts par François Mitterrand. Ces œuvres avaient été remises au président de la République pendant ses mandats. « Il m’a paru naturel que les cadeaux reçus dans mes fonctions de président de la République fussent accessibles à tous », écrivit-il. Pour les recevoir, il choisit trois villes de la Nièvre, département où il avait commencé sa carrière politique : Château-Chinon, ville dont il fut maire de 1959 à 1981, Nevers (les 23 000 volumes de la bibliothèque présidentielle) et Clamecy. La donation Mitterrand du musée d’art et d’histoire Romain Rolland a été inaugurée par Danielle Mitterrand le 6 juin 1998. Elle se compose de tableaux contemporains. Parmi ces œuvres, plusieurs émanent de chefs d’État africains. On peut notamment citer une singulière peinture sous verre du Sénégalais Babacar Lo, une scène de village de l’artiste camerounais Ngon, une représentation de vanniers, qui évoque l’importance de l’économie informelle, et une grande scène de marché, rappelant la place fondamentale que constituent ces lieux de commerce, d’échanges, de vie. Les tableaux présentent des techniques aussi diverses que la gouache, l’acrylique, la peinture sous verre ainsi que des sables de différentes couleurs appliqués sur isorel ou du cuir incisé. Jusqu’au 17 septembre.