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Beirut Street Festival - Nadim Deaïbess s’installe sur le trottoir à Aïn Mreissé Une pensée pieuse pour le TDB

Nadim Deaïbess comptait « poser » dans la vitrine du Théâtre de Beyrouth durant deux jours pour attirer l’attention sur le sort de cet endroit tristement délabré qui a (re)fermé ses portes fin 2004. Mais, en lui en interdisant l’accès, le propriétaire lui a signifié que le mot « Fin » a bel et bien été inscrit sur la belle, la triste histoire de ce haut lieu culturel perdu. Nadim Deaïbess a alors posé des charpentes devant le TDB et il en a enveloppé la pancarte avec une grande toile noire. Le rideau est-il définitivement tombé sur le TDB, comme il l’a été auparavant pour le Grand Théâtre du centre-ville ? L’installation de Deaïbess, qui s’inscrit dans le cadre du Beirut Street Festival, propose apparemment deux symboliques : les charpentes et les bougies. La vie ou la mort, la rénovation ou le deuil… Nadim Deaïbess a choisi cette façon de s’exprimer car c’est un artiste. Un jeune artiste qui, après des études d’audiovisuel à l’Iesav, prépare son doctorat d’État à Paris. La triste histoire de ce haut lieu culturel perdu qu’est le TDB doit vraiment l’émouvoir beaucoup. Il était prêt à « vivre » dans cet espace restreint, cette vitrine consacrée à l’origine à l’affichage des posters et des programmes. Trêve de plaisanteries. Mais que représente pour lui ce lieu hautement symbolique ? « Ceux qui ont connu le foisonnement intellectuel du Liban dans les années 60-70 doivent être plus nostalgiques que moi », lance celui qui a donné deux représentations « seulement » sur les planches du TDB. C’est surtout l’absence de bâtiments historico-culturels (le Grand Théâtre du centre-ville qui devait être rénové et rendu à sa vocation première) qui l’attriste. Ajoutez à cela que le théâtre de Aïn Mreissé a bel et bien vu naître le théâtre libanais. Alain Plisson (producteur, auteur, metteur en scène et acteur) est même allé plus loin en affirmant dans un article intitulé Le TDB in memoriam, publié le 28 juillet 2004, qu’il n’y aurait pas eu de théâtre au Liban si le TDB n’avait pas existé ! « Faut-il rappeler que c’est sur ces planches-là que nos plus grands metteurs en scène ont fait leurs premières armes : Antoine Moultaka, Mounir Abou Debs, Chakib Khoury, Berge Fazlian, Gérard Avédissian, Jalal Khoury, Jean-Marie Méchaka et, bien entendu, Roger Assaf ? » écrit-il. « C’est là que des actrices et des acteurs comme Rafic Ali Ahmad, Antoine Kerbage, Raymond Gébara, Nabih Aboul Hosn, Madonna Ghazi, Reda Khoury, Latifé Moultaka, Élias Élias et, bien entendu, Nidal el-Achkar ont affronté, pour la première fois, le public beyrouthin. C’est là que Gabriel Boustany a présenté ses premières œuvres. Et c’est toujours là que naquit un théâtre politique et engagé qui a fait date, avec des œuvres comme Majdaloun, Jeha dans les villages frontaliers, Yacoub, Mirjane et Tefa’ha. Le Théâtre de Beyrouth a été un véritable centre de la pensée intellectuelle au Liban », témoignait Plisson. Rappelons que de 1999 à 2004, Roger Assaf et l’association Shams en ont assumé la direction, et ont donné ainsi la possibilité à de nombreux jeunes d’y fouler les planches et de s’exprimer. Aujourd’hui, ce sont les anciennes salles de cinéma de la ville qui sont transformées en salles de théâtre. Et la jeune génération, nostalgique du passé glorieux et avide de repères culturels, de s’inquiéter de la disparition de ces endroits symboliques qui donnent à la ville sa saveur si particulière. Une pensée pieuse, ici, aux cafés mythiques disparus de la rue Hamra, comme le Modca ou le Wimpy, et avant eux le Horse Shoe et bien d’autres non moins importants vestiges des années souvenirs. Né en 1965, mort durant la guerre. Réanimé en 1991 pour (re)mourir en 2004. C’est avec douleur que Nadim Deaïbess fait part du décès du Théâtre de Beyrouth. Les condoléances ont été reçues hier et avant-hier devant le domicile du défunt à Aïn Mreissé. Une centaine d’amis se sont associés au deuil en allumant une bougie et en emportant une pièce de toile noire. Se trouvera-t-il quelqu’un pour réanimer le TDB ? Maya GHANDOUR HERT
Nadim Deaïbess comptait « poser » dans la vitrine du Théâtre de Beyrouth durant deux jours pour attirer l’attention sur le sort de cet endroit tristement délabré qui a (re)fermé ses portes fin 2004. Mais, en lui en interdisant l’accès, le propriétaire lui a signifié que le mot « Fin » a bel et bien été inscrit sur la belle, la triste histoire de ce haut lieu culturel perdu....