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Actualités - OPINION

Ce que veut le Saint-Siège pour le Liban Par Daoud SAYEGH *

Le Vatican a été le théâtre, la semaine dernière, d’une sorte de bousculade diplomatique. Le vice-président syrien Farouk el-Chareh, dont la visite avait été reportée il y a un an, le prince Saoud el-Fayçal, ministre saoudien des Affaires étrangères, l’émissaire français Jean-Claude Cousseran se sont succédé aux audiences papales et ont eu des rencontres au plus haut niveau avec les responsables du Saint-Siège. Shimon Peres figurait aussi parmi les visiteurs. Mais c’est surtout la visite du patriarche Nasrallah Sfeir qui a suscité le plus d’intérêt chez une grande partie de l’opinion publique libanaise, qui espérait que les entretiens du patriarche avec les instances vaticanes pourraient conduire nécessairement à une vision plus claire de la crise libanaise, voire au choix du présidentiable. Bien que la visite du patriarche s’inscrivait dans le cadre d’une conférence sur les prisons, elle survenait à quelques jours du début du délai de l’échéance présidentielle, fixée par le président de la Chambre au 25 septembre. Ainsi, les pronostics les plus hasardeux ont été avancés, trahissant parfois un certain égarement face à ce qui est attendu des autres, dû sans doute au blocage interne et au climat de dissensions qui a été largement fomenté ou encouragé par certaines parties, dont les plus proches surtout. Farouk el-Chareh n’avait-il pas dit au mois de juin dernier que les alliés de la Syrie au Liban sont les plus forts, façon d’affirmer qu’ils finiront par avoir le dernier mot? Mais le Vatican, fidèle à ses constantes, évalue les discours et les messages qui lui parviennent à leur juste mesure. Et c’est à travers ces constantes qu’il déploie son activité en faveur du Liban, soucieux en même temps du sort des autres chrétiens d’Orient. C’est l’avenir de notre pays qui importe au pape et à ses adjoints. La vision du Vatican sur le Liban est différente de celles des autres. Et c’est pour cette raison que tous les regards convergent vers le Saint-Siège. Or, certains malentendus doivent être dissipés et certaines vérités dites sur le rôle du Vatican en ce qui a trait au Liban. Le Saint-Siège porte au Liban un intérêt évident, dont il serait actuellement superflu de rappeler tous les éléments, et de relater les raisons ou les étapes historiques qui ont contribué à ce rôle éminent, qui s’est fortement dévoloppé avec le pape Jean-Paul II. Pour résumer ce rôle, nous pouvons signaler que si toutes les capitales régionales ou internationales intéressées par la question libanaise veulent assumer leur rôle en cherchant à avoir quelque chose du Liban, le Vatican est le seul à vouloir quelque chose pour le Liban. Il n’a aucun intérêt particulier, à part celui de préserver cette expérience libanaise inédite qui représente à elle seule une valeur vaticane. Les chrétiens libanais, qui symbolisent la présence chrétienne en Orient et dont un des leurs est le président de la République, témoignent pour une rencontre de civilisations et de cultures, dont le monde a besoin, et particulièrement le monde oriental et méditerranéen. Et ce que Jean-Paul II avait dit du Liban était l’aboutissement de cette vision : « Un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient et pour l’Occident. » C’est ce pluralisme qu’on a tendance parfois à oublier. Que peut faire le Vatican pour le Liban ? Il peut beaucoup, comme nous le savons et comme il le montre. Il est devenu le passage obligé pour les émissaires de toutes les capitales qui sont intéressées par le Liban. Ces capitales qui, parfois, à défaut d’un terrain d’entente entre elles, le trouvent à travers le Vatican. Ryad et Damas sont brouillés. Mais ils ont envoyé leurs émissaires au Vatican. Washington et Paris ont envoyé David Welch et Jean-Claude Cousseran. Et l’ambassade iranienne auprès du Vatican est très active à travers sa représentation diplomatique, très importante. Les concertations se font donc avec le Vatican et à travers lui. Et bien que les chrétiens du Liban soient divisés, et que le Saint-Siège connaisse bien ceux qui ont œuvré et œuvrent encore à la division des Libanais, ses moyens d’action, au niveau diplomatique surtout, restent importants. Pour le moment, la phase actuelle voit s’établir des contacts de haut niveau, pour une identification claire et structurée de tous les paramètres en cause de cette échéance présidentielle qui a tous les caractères d’un grand défi pour assurer l’avenir de tous les fils de ce pays. * Conseiller de M. Saad Hariri Article paru le mardi 11 septembre 2007
Le Vatican a été le théâtre, la semaine dernière, d’une sorte de bousculade diplomatique. Le vice-président syrien Farouk el-Chareh, dont la visite avait été reportée il y a un an, le prince Saoud el-Fayçal, ministre saoudien des Affaires étrangères, l’émissaire français Jean-Claude Cousseran se sont succédé aux audiences papales et ont eu des rencontres au plus haut niveau...