Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉMA - Venise sacre à nouveau son enfant prodige, le Taïwanais Ang Lee, défiant tous les pronostics La 64e Mostra prime les films de genre

Thriller, western ou biographie musicale, les films de genre ont raflé la mise à la 64e Mostra qui s’est achevée samedi, au détriment de chroniques réalistes saluées par la critique, mais négligées par le jury de cinéastes. En couronnant le thriller érotico-politique « Lust, caution » d’Ang Lee, déjà récompensé en 2005 avec le Lion d’or décerné à son western gay « Le secret de Brokeback mountain », le jury présidé par le Chinois Zhang Yimou et composé uniquement de cinéastes a déjoué les pronostics. L’élégant Lust, caution est une histoire d’espionnage et de sexe dans le Shanghai des années 40, tirée d’une nouvelle éponyme d’Eileen Chang. Bien qu’applaudi, ce Lion d’or a suscité une « certaine déception », jugeait hier le quotidien italien Corriere Della Sera, ajoutant : « Beaucoup attendaient d’autres noms... peut-être Mikhalkov, De Palma ou Kechiche. » « Personne n’avait pensé » à Lee, ni pour le Lion d’or ni même pour « un petit prix », estimait de son côté La Reppublica, or le film « repart avec deux récompenses » (la photographie du film a aussi été primée). De fait, le palmarès ne reflète que marginalement l’émotion suscitée par des films réalistes, voire durs, parfois ancrés dans une actualité brûlante, montrés par le doyen des festivals du monde (29 août-8 septembre) qui fête ses 75 ans. Si Redacted, la courageuse et expérimentale fiction-choc signée par l’Américain Brian De Palma sur la guerre en Irak, a reçu le Lion d’argent de la réalisation, en revanche Paul Haggis est reparti bredouille. Pourtant, son film In the valley of Elah, qui sondait les séquelles psychologiques du conflit chez les soldats américains, a fortement marqué. De même, le Britannique Ken Loach a dû se contenter du prix du Meilleur scénario, pour son film sur l’exploitation des immigrants clandestins, It’s a free world, dont l’actrice pouvait prétendre à la Coupe Volpi. Enfin, le chéri du public, La graine et le mulet, chaleureux portrait d’une famille franco-arabe et fine chronique sociale, a raté le Lion d’or prédit par la majorité des critiques. Son auteur, le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche, a d’ailleurs affiché une certaine amertume, lors de la cérémonie au palais du Cinéma sur le Lido. « Ce modeste prix prend de la valeur pour moi parce que je le reçois de tes mains, Catherine », a-t-il déclaré à la réalisatrice Catherine Breillat qui lui remettait le Prix spécial du jury, décerné ex-aequo à l’Américain Todd Haynes pour son psychédélique portrait de Bob Dylan dans I’m not there. Le reprenant amicalement, celle-ci a répondu : « Ce n’est pas un prix modeste, c’est un prix passionné ! » La graine et le mulet a aussi remporté le prix de la Meilleure révélation, décerné à la talentueuse Hafsia Herzi, 20 ans. Très divisé, le jury – composé, outre Breillat, d’Emanuele Crialese, Jane Campion, Alejandro Gonzalez Inarritu, Paul Verhoeven et Ferzan Ozpetek – a débattu « pendant neuf heures, et aucun des prix n’a été décerné à l’unanimité », a indiqué l’un de ses membres. Les prix d’interprétation sont allés à Cate Blanchett, sidérant Bob Dylan androgyne dans I’m not there, et à Brad Pitt pour son Jesse James – pourtant assez peu remarqué – dans The assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford du Néo-zélandais Andrew Dominik. Tous deux jouent avec les codes d’un genre : le premier fait exploser la biographie musicale en mêlant fiction, faux documentaire, émission TV... et en scindant le héros en six (le nombre des acteurs qui l’interprètent). Le second revisite le western, avec moins de brio toutefois. Un Lion d’or spécial a également été décerné au cinéaste italien Bernardo Bertolucci, âgé de 66 ans, pour l’ensemble de son œuvre (Dernier tango à Paris, Le Dernier empereur, Little Buddha...). Le palmarès Voici la liste des principaux prix décernés samedi soir lors de la cérémonie de clôture de la 64e Mostra de Venise : - Lion d’or du meilleur film : Lust, caution du Taïwanais Ang Lee - Coupe Volpi du meilleur acteur : l’Américain Brad Pitt pour son rôle dans The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford. - Coupe Volpi de la meilleure actrice : l’Australienne Cate Blanchett pour son rôle dans I’m not there. - Lion d’argent : le cinéaste russe Nikita Mikhalkov pour l’ensemble de son œuvre. - Lion d’Argent-prix de la Mise en scène : l’Américain Brian De Palma pour Redacted. - Prix spécial du jury : le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche ex-aequo avec l’Américain Todd Haynes.
Thriller, western ou biographie musicale, les films de genre ont raflé la mise à la 64e Mostra qui s’est achevée samedi, au détriment de chroniques réalistes saluées par la critique, mais négligées par le jury de cinéastes. En couronnant le thriller érotico-politique « Lust, caution » d’Ang Lee, déjà récompensé en 2005 avec le Lion d’or décerné à son western...