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Actualités - CHRONOLOGIE

Les funérailles du ténor seront célébrées demain à Modène Luciano Pavarotti tire son ultime révérence

Mort à Modène, dans sa villa médicalisée, Luciano Pavarotti a rejoint le mythe des légendes immortelles. L’Italie a mis les drapeaux en berne et les belcantistes du monde entier ont le cœur en écharpe. Cette écharpe fétiche inséparable de la personne de Luciano Pavarotti et censée protéger sa voix. Mais qui pouvait le protéger de la fragilité et de la précarité de la vie ? Peu de chanteurs ont, de leur vivant, rejoint le mythe des légendes immortelles telles que Luciano Pavarotti, « incarnation du grand ténor populaire depuis Enrico Caruso », selon la déclaration de Nicolas Sarkozy. Une carrière qui tient du rêve, du prodige, du conte de fées. Fils de modestes boulangers, d’un talent à balayer toutes les réticences, Luciano Pavarotti est d’abord commis d’assurance puis enseignant. Mais très vite, sa voix exceptionnelle, faite de ferveur, de grâce, de tendresse et de mélancolie, dépassant même ses rêves les plus fous et les plus démesurés, le propulse au zénith du « star system », de l’argent et de la gloire. Il fait d’abord part du chœur de l’opéra de Modène, ville où il a grandi. C’est avec La bohème de Puccini qu’il fait ses premières armes, sur la scène du Teatro Reggia-Emila le 29 avril 1961, mais c’est avec Lucia di Lammermoor qu’il fait sensation. Les grandes portes s’ouvrent dès qu’il remplace Guiseppe de Stefano (ami et complice de scène de la Callas) au Covent Garden de Londres. Dès lors, cavalcade effrénée où de Verdi à Puccini en passant par Donizetti et Bellini, le ténor surprendra par ses ut, ses contre-ut (brillants et à couper le souffle) ses rappels innombrables, ses records de vente, la ruée vers ses concerts… Amateur de vin, de pâte, victime de surpoids (toute sa vie il fera des régimes !), superstitieux (il ne pouvait voir un chat noir !), donateur généreux aux aides humanitaires et aux actions caritatives, Pavarotti est vite devenu un « phénomène » qui a largement contribué à démocratiser l’opéra, plus cercle fermé qu’amusement populaire où, comme au temps de Verdi, on mangeait des œufs durs et des tomates au poulailler ! Un opéra qui ne recule pas de se mêler à la sauce des variétés (sans rien perdre de l’aura de son piédestal !) avec des mégaconcerts (du jamais-vu ou entendu, avec les trois ténors avec Domingo et Carreras) dont l’audience atteint plus de 500 000 personnes. Du gigantesque rassemblement à Hyde Park au « rambla » du Brésil, sans oublier une prestation haririenne, pleine de panache à la Cité sportive de Beyrouth (où même le trafic aérien a été suspendu), Pavarotti est celui qui savait mettre une note de bonheur dans le cœur des gens. D’ailleurs Charles Kleiber, chef d’orchestre, n’a-t-il pas dit : « Quand Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde »… Pour les grincheux et les « titilleux » qui chicanent s’il savait bien lire une partition ou camper un rôle, le public aura tranché cette querelle byzantine, à tout jamais. Dans le sens positif, bien entendu. Car ce chanteur hors norme avait bien d’autres atouts dans ses manches… Détenteur de nombreux Grammy Awards et disques d’or, chanteur vibrionnant d’enthousiasme avec les jeunes pour qui il a organisé un concours, roi des annulations (selon les mauvaises langues) à cause de sa santé fragile, champion imbattable pour les rappels et les records de vente sans précédents, Pavarotti a largement dépassé le cadre un peu compassé de l’art lyrique. S’il a donné la réplique, entre autres, à Joan Sutherland et Mirella Freni, s’il a interprété comme personne le duc de Mantoue, séducteur et amateur de femmes, s’il a ébloui Herbert von Karajan à qui il doit tout, dit-il, Pavarotti reste, pour le commun des mortels, comme le souligne Ève Ruggieri, « une boule de gentillesse et de talent »… Il y a plus d’un an, Pavarotti a décidé de mettre fin à sa carrière. Comme s’il pressentait ou redoutait les grandes enjambées de sa maladie galopante. Sa dernière tournée internationale, jusqu’à la muraille de Chine, a été triomphale comme toutes celles qui l’ont précédée. Les Jeux olympiques de Turin, récemment, sous l’impulsion de sa voix interprétant Nessum Dorma n’en ont été que plus dynamiques. Elle s’est tue pour l’éternité, cette voix superbe qui chantait comme personne L’Elixir d’amour ? Qu’on se le dise, il y a des souvenirs impérissables, tout comme des voix inoubliables… Edgar DAVIDIAN
Mort à Modène, dans sa villa médicalisée, Luciano Pavarotti a rejoint le mythe des légendes immortelles. L’Italie a mis les drapeaux en berne et les belcantistes du monde entier ont le cœur en écharpe. Cette écharpe fétiche inséparable de la personne de Luciano Pavarotti et censée protéger sa voix. Mais qui pouvait le protéger de la fragilité et de la précarité de la...