ENTREPRISE Pour Expeditors, le Liban est le réservoir des ressources humaines

Expeditors, une des multinationales leaders dans le domaine du transport et des solutions de logistique, a établi depuis 1999 son siège régional à Beyrouth. Une des raisons majeures du choix de la capitale libanaise comme quartier général de ses opérations pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le sous-continent indien est la qualité du marché du travail ou de l’emploi. Pour Expeditors, le Liban est le réservoir des ressources humaines qualifiées. Les chiffres bien mieux que les mots reflètent cet état de fait au sein de la compagnie. Depuis 1999, 115 nouveaux emplois au niveau du management et de la vente ont été créés et occupés par des Libanais. Ces emplois se répartissent sur l’ensemble des pays de la région. C’est que le personnel d’Expeditors, surtout dans le Golfe, est alimenté par les jeunes cadres libanais. Selon Rommel Saber, président d’Expeditors pour la région Emair (Europe, Moyen-Orient, Afrique et l’Inde), 35 % des postes de direction dans le Golfe sont occupés par des Libanais. À titre d’exemple, le bureau régional d’Expeditors à Beyrouth compte exclusivement des Libanais, les branches de Doha, de Riyad et de Koweït comptent respectivement 7 sur un total de 20, 10 sur 20 et 13 sur 28. Tous les ans, le siège régional d’Expediors recrute sept à dix nouveaux diplômés nationaux destinés au pourvoi de postes dans le monde arabe. « Aujourd’hui, les cadres libanais à l’instar des Européens sont fortement sollicités dans le Golfe et sont traités sur un même pied d’égalité au niveau des salariés », dit-il, ajoutant que « certaines offres de travail dans la région du Proche-Orient accordent la priorité aux Libanais, compte tenu de leur disposition à s’expatrier plus longtemps que les Européens, à leur ouverture d’esprit, et surtout à leur qualification et à leur adaptabilité aux conditions de travail proposées ». Lors de la guerre de juillet 2006, le maintien du siège régional d’Expeditors à Beyrouth a été sérieusement remis en question. C’est que les actions d’Expeditors sont cotées au Nasdaq, et par conséquent la multinationale ne pouvait s’exposer trop longtemps aux aléas conjoncturels. Une cellule d’urgence a été créée à Beyrouth, et les membres résidents du directoire régional ont été disséminés un peu partout dans les pays de la région pour continuer à gérer les opérations. Un transfert permanent du personnel du siège régional vers un autre hub de la région, en l’occurrence vers Dubaï, devait coûter à la multinationale des dépenses additionnelles de 40 %. Le 9 septembre 2006, la situation dans le pays commençait à rentrer dans l’ordre. Ce même jour, Expeditors, en coordination avec la Royal Jordanian Airlines, affrétait le premier avion commercial à atterrir à l’aéroport Rafic Hariri pour le compte de l’un de ses clients, Azadea. Depuis, les marchés du fret aérien et maritime ont repris en douceur. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie commerciale, Expeditors a abordé trois nouveaux segments de clientèle : les opérateurs dans le commerce de détail, ceux qui travaillent dans l’industrie du pétrole et ceux qui traitent des produits médicamenteux. Expeditors tente de donner un nouvel élan à un de ses nouveaux produits qui est celui de l’emmagasinage et de la distribution. Rommel Saber précise que le corps de métier de la compagnie n’est pas le stockage, mais l’emmagasinage en vue de la distribution. « De plus en plus, les Libanais admettent le concept de l’“outsourcing” ou de l’approvisionnement à l’extérieur de l’entreprise pour les métiers secondaires et préfèrent se concentrer sur leur corps de métier », relève Rommel Saber. En réponse à une question, le président d’Expeditors pour la région Emair souligne que la compagnie a prévu certaines accommodations pour le paiement des dus de sa clientèle, mais la multinationale a des règles de conduite strictes auxquelles elle ne peut déroger. « Ces tarifs sont justes », dit-il, pour la clientèle qui recherche des services à valeur ajoutée, en l’occurrence l’ « interconnectivité » entre le client, la compagnie et les différents opérateurs de la chaîne de fournisseurs, ainsi que la visibilité de la marchandise où qu’elle soit au niveau de la chaîne de transport ou de la distribution. Liliane MOKBEL