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Grèce - Maisons brûlées et biens perdus à tout jamais Chassés par le feu, les vieux du Péloponnèse ne savent plus où aller

Grands-mères grecques de cartes postales : visages ridés drapés d’un fichu noir et tablier, Iannoula, Dimitra et d’autres encore, ne savent plus que faire de leur vie depuis que le feu les a chassées de leurs montagnes du Péloponnèse. Assises dans les salons d’un confortable hôtel de Sparte, dans la plaine, où la préfecture les a provisoirement installées, elles sont six, les mains sagement posées sur leur giron, le dos tourné à la télévision. Iannoula Iannopoulos, 77 ans, a été évacuée dimanche soir de son village de Phalaisia, à l’ouest du Péloponnèse, qu’elle n’avait pratiquement jamais quitté, et où elle vivotait avec des oliviers et quelques bêtes. « Nous sommes une trentaine d’habitants, tous des vieux, comment lutter contre les flammes ? Il aurait fallu que nos enfants viennent, mais les routes étaient bloquées », dit-elle. Son mari, un beau vieillard de 85 ans, « veut qu’on aille s’installer chez notre fils, à Athènes. Mais il doit demander son avis à notre belle-fille », poursuit-elle. Un autre fils, vivant près de la bourgade de Mégalopolis, est allé voir la maison : « Il nous dit qu’elle a été épargnée, mais est-ce que c’est vrai ? » Parfois, leurs familles préfèrent cacher à ces vieillards qu’ils ont perdu leur maison, souvent leur seul bien. C’est le cas de ce pompier volontaire de 27 ans, Grigoris Panayotis, qui n’a pas eu le courage de dire à sa grand-mère que sa maison à Agrianoi avait brûlé. « Heureusement, elle était pour quelques jours chez nous. Pour le moment, on lui dit que tout va bien, et je vais essayer de réparer ce que je peux, sinon ça la tuerait », dit-il. « De toute manière, pour le moment, on ne peut pas remonter; à nos âges, on va étouffer avec la fumée et les cendres », tranche Dimitra Agrida, une veuve de 85 ans, qui attend des nouvelles sur le sort de son village de Spaneïka. Manifestement coriace, cette petite femme voûtée tente de remonter le moral de deux autres veuves, figées près d’elle. En vain, elles ont les larmes aux yeux, ne disent rien, sous le choc. « Moi, les policiers m’ont embarquée de force, je n’ai même pas eu le temps de fermer la maison ou de prendre des chaussures », ajoute-t-elle en montrant les mocassins d’homme maculés de peinture qu’elle a pu récupérer. Pour les sinistrés, les autorités ont promis des aides financières et des subventions, mais elles n’y croient pas trop. « Heureusement, on a les enfants », soupire une voisine, Maria. En début de semaine, près d’une centaine d’habitants des régions sinistrées, pour la plupart des personnes âgées, avaient été accueillis dans des hôtels à Sparte, selon le responsable local de la sécurité civile, Panayotis Manolakos. Cramponné à son téléphone dans son bureau de la préfecture, il supervisait lundi une nouvelle évacuation, cette fois-ci de religieuses, elles aussi âgées, d’un couvent isolé. Avec l’énergie du désespoir, Iannoula Iannopoulos continue de faire de l’humour. « Au moins pour une fois, je n’aurai pas à faire la cuisine, et puis on découvre la vie à l’hôtel, je ne me souviens pas y avoir jamais dormi. » « Et on peut même manger sans payer », ajoute-t-elle après s’en être assurée auprès d’une volontaire de la Croix-Rouge venue donner quelques consignes. Catherine BOITARD (AFP)

Grands-mères grecques de cartes postales : visages ridés drapés d’un fichu noir et tablier, Iannoula, Dimitra et d’autres encore, ne savent plus que faire de leur vie depuis que le feu les a chassées de leurs montagnes du Péloponnèse. Assises dans les salons d’un confortable hôtel de Sparte, dans la plaine, où la préfecture les a provisoirement installées, elles sont six, les...