Rechercher
Rechercher

Santé

Salim Adib : Sensibiliser les enfants aux dangers du tabagisme pour prévenir le cancer à l’âge adulte

Sensibiliser aux dangers de l'obésité et du tabagisme qui peuvent mener à l'apparition de certaines formes de cancer. Tel est l'objectif de la campagne menée par les sociétés savantes au Liban pour marquer la Journée mondiale contre le cancer.
Mieux vaut prévenir que guérir. Cet adage populaire, qui peut s'appliquer à plus d'un aspect de notre vie quotidienne, trouve aujourd'hui écho dans le thème qui marque la Journée mondiale du cancer. Célébrée le 4 février (demain) de chaque année, la journée est en fait axée sur « la sensibilisation des parents et des enfants aux dangers de l'obésité et du surpoids qui peuvent mener au cancer à l'âge adulte ».
Le Liban ne sera pas en marge de ces activités. Une campagne sera certes axée sur la nécessité d'adopter un mode de vie sain pour prévenir non seulement les maladies cardio-vasculaires, mais aussi certaines formes de cancer, comme les tumeurs du sein et du côlon. En effet, le fait de maintenir son poids peut aider à réduire le risque du cancer du sein, bien que ce ne soit pas le risque le plus important. La vie reproductive reste en tête de liste des facteurs de risque pour le cancer du sein, c'est-à-dire le fait d'avoir moins d'enfants et une première grossesse tardive. « Ce sont des facteurs que nous ne pouvons pas modifier, d'autant qu'il s'agit de l'évolution sociologique du pays », remarque le Dr Salim Adib, chef du département de santé publique et coordinateur du programme de médecine de famille à l'Université Saint-Joseph (USJ).
Prévenir le cancer du côlon consiste à privilégier une alimentation pauvre en graisses animales et riche en fibres, c'est-à-dire principalement en légumes, fruits et légumineuses. « Notre tabboulé national est un plat riche en antioxydants et en fibres, note-t-il. C'est un anticancer idéal donc. On n'aurait jamais imaginé avoir un moyen aussi délicieux pour contrer le cancer. »

Le fléau du narguilé
Néanmoins, une importante partie des activités organisées au Liban dans le cadre de la Journée mondiale du cancer sera consacrée aux effets néfastes et dangereux du tabagisme. Et pour cause. « Près de 30 % de tous les cancers sont en fait dus au tabagisme, explique le Dr Adib. Les activités organisées par la Fédération libanaise contre le cancer et les sociétés savantes qui participent à cette campagne menée sous l'égide du ministère de la Santé seront ainsi axées sur le thème des enfants et du tabac. Nous allons faire en sorte d'atténuer la curiosité des enfants vis-à-vis du tabac en insistant sur le caractère dangereux de cette matière. Nous allons de même les responsabiliser en soulignant le rôle qu'ils ont à jouer pour empêcher leurs parents de continuer à fumer. Mais nous allons surtout les éveiller sur le droit à grandir dans un environnement sûr et libre de fumée, ce qui n'est pas le cas si les parents sont tabagiques. »
Mais c'est l'épidémie du narguilé qui préoccupe toutefois les spécialistes. « Ce fléau gagne du terrain et prend des proportions dangereuses, met en garde le Dr Adib. Nous pensons que 25 à 30 % des enfants de 13 à 15 ans sont en contact régulier avec le narguilé à raison d'une à deux fois par semaine, et parfois même plus. Le narguilé est souvent associé à la cigarette, ce qui double encore les dangers. Malheureusement, les normes sociales sont plus permissives pour le narguilé que pour la cigarette. En effet, si dans certains milieux on ne tolère pas de voir les enfants fumer devant leurs parents, il n'en est pas de même pour le narguilé. Celui-ci est devenu un lien social, une excuse pour s'installer en groupe dans un café. Son danger est potentiellement assez grand. »

Situation au Liban
La situation du cancer au Liban sera également à l'ordre du jour de la journée de demain qui sera marquée notamment par une conférence de presse qui se tiendra à midi, au siège de l'ordre des médecins, à Téhouita. « Le cancer est une réalité qui commence à s'imposer de plus en plus au Liban, note le Dr Adib. En 1960, on faisait état de 100 nouveaux cas par an pour 100000 habitants. Or, d'après le dernier rapport du Registre national pour le cancer, chaque année 180 nouveaux cas sont détectés pour 100000 habitants. »
En l'espace d'un demi-siècle, l'incidence du cancer a presque doublé. « Bien entendu, une partie de cette augmentation est due à un meilleur dépistage, à des moyens de diagnostic plus poussés et au fait d'explorer les maladies au lieu de les ignorer, explique le Dr Adib. Il y a donc cet effet artificiel. Il n'en reste pas moins qu'une partie des cas est due au vieillissement de la population libanaise, ce qui non plus ne peut pas être prévenu. Il faut toutefois avouer que nos expositions environnementales et comportementales augmentent elles aussi les risques de développer le cancer et de façon considérable. »
Et c'est justement sur ces comportements de risque que la campagne sera axée. Le tabagisme et la pollution urbaine, « visible à l'œil nu certains jours au-dessus de Beyrouth », les contaminants naturels et artificiels dans l'alimentation « et qui ne font pas suffisamment l'objet de système de vigilance dans notre pays » figurent au nombre de ces comportements à risque.

Avancées en matière de prévention
« Il faut toutefois reconnaître que le Liban est actif en matière de prévention, indique le Dr Adib. L'application du vaccin contre l'hépatite B va aider à extrêmement réduire le danger de développer un cancer de foie lié à ce virus. Un remarquable travail a été de même mené sur la sensibilisation et l'éducation au dépistage précoce du cancer du sein. De ce fait, les cas de ces tumeurs vont nécessairement continuer à augmenter, mais ils vont être mieux gérés et guéris. Nous disposons de même de bons traitements pour les leucémies de l'enfant qui sont devenues guérissables. »
« Il y a certes des voies de progrès, poursuit-il, mais il faut essayer de réduire la contamination liée au tabagisme et à la pollution. Un des agendas qu'il faudrait aussi revoir demeure celui lié à la contamination par rayonnements non ionisants, comme les lignes électromagnétiques et les lignes statiques des stations du cellulaire et des appareils cellulaires. Le fait que nous ne disposons pas encore d'informations concernant les risques liés à ces rayonnements ne veut pas dire qu'il faut tolérer cette situation de chaos dans laquelle est plongé le pays. Il en est de même pour les lignes de haute tension. Il faut éloigner tous ces rayonnements des zones habitables et garder un périmètre de sécurité. »
Et le Dr Adib de mettre l'accent enfin sur la nécessité de prévoir, dans le cadre de la carte sanitaire qui sera émise par le ministère de la Santé, des tests de dépistage du cancer de la prostate à partir de 50 ans. Il a de même mis l'accent sur la nécessité d'une politique nationale pour détecter le cancer du côlon. « Cette forme de cancer est facilement détectable si, à partir de l'âge de 50 ans et tous les cinq ans, une colonoscopie est effectuée. En admettant qu'elle soit acceptable culturellement, la colonoscopie reste une intervention assez coûteuse (100 à 200 dollars). Pour en faire une ligne directrice nationale, il faudra garantir un remboursement substantiel ou même, pour certaines tranches défavorisées, l'offrir gratuitement », conclut-il.
Mieux vaut prévenir que guérir. Cet adage populaire, qui peut s'appliquer à plus d'un aspect de notre vie quotidienne, trouve aujourd'hui écho dans le thème qui marque la Journée mondiale du cancer. Célébrée le 4 février (demain) de chaque année, la journée est en fait axée sur « la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut