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Actualités - CHRONOLOGIE

DESIGN - Calligraphie tridimensionnelle de vers soufis sur meubles Dia Batal, l’art en héritage

Chez Dia Batal, l’art est un héritage. À la fois génétique et culturel. En digne fille de Mona Saudi (la fameuse sculptrice libano-jordanienne), Dia Batal s’est attelée, il y a deux ans, à la création. Mais plutôt que de traiter, comme sa mère, la pierre en abstraction, elle a préféré orienter son travail vers le design mobilier. Un exercice moderne qu’elle a néanmoins choisi d’inscrire dans la continuité d’un art séculaire arabe : la calligraphie. Elle a longtemps hésité entre graphic-design et architecture d’intérieur, avant de porter son choix sur cette dernière, «aux horizons plus larges », pensait-elle. Sauf qu’à peine ayant décroché ses deux diplômes d’architecture et de décoration à la LAU, Dia Batal est revenue vers ses amours premières : le graphisme et, plus particulièrement, la calligraphie. La calligraphie arabe, plus précisément, qu’elle a néanmoins modernisée et intégrée dans le design, créant ainsi toute une ligne de meubles ornés, sculptés ou plutôt incisés – au laser – de vers soufis ou encore d’extraits de poèmes de Mahmoud Darwish. Des tables basses, des tables d’appoint, des luminaires, des tabourets, des poufs, mais aussi des coussins peints, aux lignes, volumes et matériaux quasiment high-tech : mélange de bois laqué (MDF), de chrome, de plexiglas et d’acier inoxydable. Des pièces contemporaines, d’un esthétisme épuré, à la fois poétiques et d’une grande fonctionnalité. « J’aime faire en sorte que la phrase calligraphiée épouse parfaitement l’objet, autant du point de vue de la forme que du fond. Qu’il y ait, d’une part, une poétisation de l’objet mais aussi, d’autre part, une adaptation des lignes et des lettres à l’utilisation de cet objet. Par exemple, dans le cadre d’un luminaire, je n’oublie jamais que le tracé calligraphique doit favoriser la diffusion de la lumière », indique la jeune designer. Elle dit s’inspirer dans ce domaine des styles de deux calligraphes renommés, le Libanais Samir Sayegh et le Jordanien Mahmoud Taha. Ce qui donne chez elle un mélange modernisé de tracés géométriques et d’arabesques déliées. Porteur de sens La calligraphie, qui réunit le fond et la forme, l’élégance des lettres à la poésie du texte, la beauté plastique au poids des mots, a toujours fasciné la jeune femme. Mais c’est par un véritable concours de circonstance qu’elle en est arrivée à l’appliquer au design. « J’avais commencé par peindre des tableaux calligraphiques, lorsqu’il y a deux ans, un ami me demande de lui réaliser la couverture de son livre. Je lui ai adapté une calligraphie en graphic-design. À l’époque, je travaillais chez Nada Debs (l’une des meilleures designers du pays), dont la collection de poufs intégrés dans des caissons en plexiglas avait fait un tabac. J’ai alors eu l’idée de lui réaliser une série de ces mêmes poufs à base de calligraphie peinte. C’est à partir de là que j’ai enchaîné sur la calligraphie tridimensionnelle sur meubles.» Dia Batal quitte alors Nada Debs pour s’atteler à son design personnel, parallèlement à son travail dans un cabinet d’architecture. « Je conçois entièrement le meuble, le dessin du texte, les mélanges de matériaux et je fais réaliser par des artisans menuisiers et dans des aciéries », indique-t-elle, avouant être satisfaite de la bonne réception de son travail, autant par les galeristes européens que ceux de la région. Ayant grandi entourée de sculpteurs, peintres et poètes, Dia Batal a toujours accordé à la création une importance qui va au-delà de l’impact artistique. Pour elle, l’art est porteur de sens, de signification, voire même de message. À ce titre, elle voudrait que le sien montre la beauté de l’héritage oriental et sa parfaite compatibilité avec la vie moderne. « Nous avons dans cette région du monde un riche héritage artistique. Malheureusement, peu de designers arabes s’en inspirent. Car beaucoup pensent que seul le style occidental est moderne. Ce qui est totalement erroné », assure cette jeune femme de 29 ans, qui a, elle, décidé de prouver le contraire. Avec succès. Zéna ZALZAL

Chez Dia Batal, l’art est un héritage. À la fois génétique et culturel. En digne fille de Mona Saudi (la fameuse sculptrice libano-jordanienne), Dia Batal s’est attelée, il y a deux ans, à la création. Mais plutôt que de traiter, comme sa mère, la pierre en abstraction, elle a préféré orienter son travail vers le design mobilier. Un exercice moderne qu’elle a néanmoins choisi...