Les Bourses mondiales reprennent des couleurs après leur « semaine noire »

Les Bourses mondiales poursuivaient leur rétablissement hier après la violente tempête de la semaine dernière, profitant d’une accalmie sur le front du crédit et des espoirs de baisse des taux d’intérêt aux États-Unis. En hausse pour la cinquième séance consécutive, les places européennes effaçaient pour la plupart leurs pertes récentes, dans le sillage des fortes progressions à Wall Street et en Asie. « Les marchés sont en train de prendre conscience que certaines valeurs sans aucun lien avec la crise financière ont été massacrées, notamment dans le secteur industriel, et se payent très peu cher », a expliqué à l’AFP Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert. En effet, selon M. Garabédian, les défauts en cascade sur le segment des crédits hypothécaires à risque (« subprime mortgages ») ont déclenché un mouvement de panique « qui a fortement amplifié la correction, alors que l’ampleur réelle de la crise n’était pas énorme ». « Or, rien n’est venu confirmer les craintes de récession, et nous n’avons pas non plus essuyé de grosse mauvaise nouvelle dans le secteur financier, donc il n’y avait aucune raison pour que les Bourses restent aussi bas », a poursuivi le gérant. Par ailleurs, les investisseurs ont salué mercredi à Wall Street la reprise des annonces de fusions-acquisitions – puissants soutiens pour les indices –, alors qu’ils craignaient de voir ce type de rapprochements se tarir faute de financement. Le groupe minier anglo-australien Rio Tinto a ainsi annoncé avoir réussi à s’assurer auprès des banques plus de 40 milliards de dollars pour financer son offre de rachat de 38,1 milliards sur le canadien Alcan. « L’activité repart, et le fait que Rio Tinto se soit vu proposer plus d’argent qu’il n’en cherchait pour son offre sur Alcan montre qu’il y a encore du cash pour les bonnes opérations », a commenté le stratégiste d’une maison de courtage indépendante. Enfin, les banques centrales ont multiplié les interventions pour alimenter les marchés en liquidités, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) indiquant de surcroît, mardi, qu’il utiliserait « tous les moyens à ma disposition » pour rassurer les opérateurs. Ces propos ont fait renaître les espoirs de baisse du principal taux directeur de la Fed, actuellement fixé à 5,25 %, tandis que la pression montait pour que la Banque centrale européenne ne relève pas ses propres taux d’intérêt dès le 6 septembre, comme elle l’avait annoncé. « La principale question porte aujourd’hui sur l’attitude des banques centrales. On n’aura pas de rebond puissant et durable tant qu’on ne sera pas rassuré sur leurs intentions en matière de politique monétaire », a résumé Guillaume Garabédian. La Fed, en particulier, « va devoir répondre à cette attente à un moment donné, (...) sinon elle ravivera la crise de confiance et s’exposera à une nouvelle correction massive des marchés », a renchéri Rob Carnell, économiste de la banque néerlandaise ING. Autre incertitude, l’impact réel de la crise des « subprimes » sur la sphère financière. Les annonces de fermetures de fonds et de licenciements se sont poursuivies ces dernières jours, sans affoler les marchés mais sans apporter non plus la moindre visibilité sur les risques encourus par les grands groupes. Alors que les publications de résultats semestriels reprendront la semaine prochaine, « il suffira qu’une banque annonce des pertes importantes ou revoie ses prévisions à la baisse pour que les Bourses se remettent à paniquer », a estimé un vendeur d’actions interrogé par l’AFP.