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EN LIBRAIRIES - Trois livres d’auteurs américains en français Auster, Kennedy, Allen : un tiercé gagnant... Zéna ZALZAL

Nul n’est prophète en son pays. Prenez Paul Auster ou Douglas Kennedy. Ces deux bons – très bons – romanciers américains sont nettement plus appréciés en Europe que chez eux. Question de style, d’esprit ou plus prosaïquement de maison d’édition ? Mystère. Toujours est-il que cela n’empêche pas le succès. Ces deux-là ont chacun, par-delà les continents, un très vaste lectorat. Assidu et francophone, entre autres. Idem pour l’électron libre du cinéma américain, Woody Allen, le plus européen des New-Yorkais, qui vient de publier un livre dans la même veine que ses meilleurs films. Voici les derniers livres de ces trois auteurs américains qu’il faut avoir lus cet été. En version originale ou en français, on vous laisse le choix... « Dans le scriptorium » de Paul Auster C’est par l’image « d’un vieillard assis au bord de son lit, les mains à plat sur ses genoux, la tête basse, contemplant le plancher » que s’ouvre Dans le Scriptorium, dernier roman de Paul Auster, publié, cette année en France, chez Actes Sud. Une image déterminante dans la genèse de ce livre, car c’est à force de le hanter et de revenir en « flashs » dans sa tête que l’écrivain new-yorkais s’est décidé un beau matin à la coucher sur papier et a en faire le point de départ de son dernier roman. Ce vieil homme vient de se réveiller dans une chambre inconnue. Il ne sait plus qui il est ni où est localisée cette pièce, percée d’une unique fenêtre donnant sur un parc, dans laquelle il se trouve. Chambre d’hôpital, d’asile, cellule de prison ? Une série de portraits photographiques, en noir et blanc, disposée en pile sur un bureau, et une brochette de visiteurs énigmatiques vont progressivement lui fournir des éléments de réponse et des indices sur... sa propre personne. On retrouve dans ce livre tout ce qui fait la singularité de cet auteur américain à l’étiquette d’« intello à l’européenne ». Un récit qui se déroule sur une journée, mais à la trame grouillante et labyrinthique. Un climat étrange, une atmosphère diffuse, construite sur un mélange de préoccupations métaphysiques et de métaphores politiques, mais aussi un face à face entre fiction et réalité, et le thème récurrent chez lui du roman dans le roman. Les assidus d’Auster retrouveront aussi Dans le Scriptorium divers personnages de ses précédents romans. Une sorte de clin d’œil complice adressé aux fidèles lecteurs, sans que cela ne handicape la lecture des autres, ceux qui découvrent son œuvre pour la première fois. Un récit complexe, mystérieux, aux confins du fantastique. Du pur Auster, mais condensé cette fois dans moins de 150 pages (146 plus précisément). Et dense. Donc excellent pour sortir les méninges de leur léthargie estivale ! « La femme du Ve » de Douglas Kennedy Il paraît que Douglas Kennedy n’a pas d’éditeur aux États-Unis, son pays d’origine. Né à New York, il y a une cinquantaine d’années, partageant actuellement son temps entre Londres et Paris, après avoir vécu quelques années à Dublin, Kennedy publie en Angleterre, généralement chez Hutchinson, des thrillers psychologiques, lesquels sont immédiatement traduits en France par les éditions Belfond. C’est que Kennedy « l’écrivain » figure parmi les auteurs favoris des Français. Chacun de ses romans est unanimement salué autant par le public que par la critique. La recette de ce succès ? « Un style, une facilité à créer une ambiance, la maîtrise des personnages et de leur complexité », pour paraphraser justement les propos de La (mystérieuse) femme du Ve, héroïne énigmatique de son dernier roman. Un polar construit autour de la rencontre à Paris – un Paris troublant, glauque, grouillant d’émigrés mafieux – d’un fugitif américain en plein désarroi existentiel – il a tout perdu, famille, boulot, argent – avec une femme mûre, belle, fascinante, envoûtante, comme l’amour, la mort et la vengeance. Un roman noir qui flirte avec le paranormal, écrit de main de maître par un maître du genre qui, depuis la moitié des années quatre-vingt-dix, enchaîne les best-sellers notamment avec L’homme qui voulait vivre sa vie, La poursuite du bonheur, Les charmes discrets de la vie conjugale. Prenant. (377 pages). « L’erreur est humaine » de Woody Allen Il est surtout connu en tant que cinéaste. Mais Woody Allen a déjà prouvé, en se produisant en tant que musicien-compositeur-clarinettiste dans les bars de Manhattan, qu’il avait plus d’une corde à son arc. Le fameux réalisateur américain est aussi un auteur qui sait vous ciseler de petites nouvelles au cynisme brillant. C’est le cas de L’erreur est humaine (Mere Anarchy, traduit de l’anglais par Nicolas Richard, publié en France chez Flammarion), son dernier recueil d’historiettes « juives new-yorkaises » drôles et caustiques, où Dieu et l’argent sont au premier rang. Mais où la naïveté américaine, la technologie à outrance, les traditions juives sont, entre autres sujets, épinglées avec délectation. Un pot-pourri de récits courts, où la dérision et l’esprit critique, enrobés d’un zeste d’absurde, donnent des dialogues aussi spirituels que décalés. Et qui font écho à ceux menés à bâtons rompus par ses personnages de cinéma. Une lecture pétillante, à savourer pleinement, nouvelle après nouvelle. Mais qui ravira certainement plus les fans de Woody Allen que ceux qui n’ont jamais vu aucune de ses œuvres. (252 pages)
Nul n’est prophète en son pays. Prenez Paul Auster ou Douglas Kennedy. Ces deux bons – très bons – romanciers américains sont nettement plus appréciés en Europe que chez eux. Question de style, d’esprit ou plus prosaïquement de maison d’édition ? Mystère. Toujours est-il que cela n’empêche pas le succès. Ces deux-là ont chacun, par-delà les continents, un très...