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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL Deux monstres sacrés autour du « Lélio » de Berlioz à Salzbourg

Deux monstres sacrés, Gérard Depardieu et Riccardo Muti, à la tête du Philharmonique de Vienne, ont été ovationnés dimanche au Festival de Salzbourg dans Lélio, un drame lyrique rarement donné de Berlioz. Tour à tour concentré et exalté, Depardieu, massif en tunique sombre, a déclamé le texte où Hector Berlioz, en héros romantique enflammé, décrit son propre « retour à la vie », son refus de la mort, sa passion amoureuse, son rôle d’artiste maltraité en invoquant Shakespeare. Derrière un voile bleu semi-transparent symbolisant le rêve, l’orchestre, le chœur de l’opéra de Vienne, le ténor Michael Schade et le baryton Ludovic Tézier ont donné la partie musicale de cette œuvre que le compositeur voulait complémentaire de la Symphonie fantastique. Celle-ci a été donnée en première partie sous la baguette de Riccardo Muti, le chef italien, élégant, précis et énergique. L’acteur français, qui avait refusé sans explications les droits de diffusion télévisée du concert, était arrivé jeudi dernier dans la ville autrichienne, au milieu de soupirs de soulagements après une série de forfaits – comme celui de la diva Anna Netrebko. « Une star mondiale est enfin venue dans la ville de Mozart : Gérard Depardieu fait honneur à Salzbourg », titrait ainsi le grand journal populaire Kronen-Zeitung. En fin du spectacle de deux heures, le musicien et l’homme de théâtre se sont donné une amicale accolade sous les vivats de la grande salle comble. « Je suis très ému, enthousiasmé », a glissé à l’AFP le nouveau directeur du Festival de Salzbourg, Jürgen Flimm, alors que le musicologue Jürgen Maehder en louait « la clarté » : « on entendait chaque son de chaque instrument » dans les deux œuvres, « c’est la meilleure représentation de Lélio que j’aie vue », a-t-il dit. Une choriste asiatique s’est, elle, félicitée de répétitions dans la bonne humeur : « Depardieu est gentil et drôle, avec une telle présence et une telle voix », dit-elle, sous le charme. Lélio est cependant rarement montée car sans doute trop hétérogène : elle le fut à Salzbourg en 2000 avec Daniel Mesguich et l’Orchestre de Paris et, plus récemment, à Berlin. Berlioz put cependant présenter la double affiche Symphonie fantastique/ Lélio à Paris en novembre 1832 devant un extraordinaire parterre admiratif : Franz Liszt, Frédéric Chopin, Niccolo Paganini, Victor Hugo, Heinrich Heine, George Sand, Eugène Sue, Alexandre Dumas, Théophile Gautier. Dans son texte, le compositeur français se venge des critiques et donne aussi une véritable « masterclass » aux musiciens – un passage ironique que Depardieu a lu en regardant les illustres Wiener Philarmoniker et leur chef, sous les rires du public. Hector Berlioz (1893 -1867) est décidément à l’honneur cette année à Salzbourg, avec une première de Benvenuto Cellini, dans une mise en scène exubérante du vidéaste pop Philipp Stulzl, qui a emballé le public mais que certains critiques ont jugé excessive pour la qualité musicale et les chanteurs.

Deux monstres sacrés, Gérard Depardieu et Riccardo Muti, à la tête du Philharmonique de Vienne, ont été ovationnés dimanche au Festival de Salzbourg dans Lélio, un drame lyrique rarement donné de Berlioz.
Tour à tour concentré et exalté, Depardieu, massif en tunique sombre, a déclamé le texte où Hector Berlioz, en héros romantique enflammé, décrit son propre «...