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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSIQUE Venu du Liban-Sud, un « bagad » palestinien défend ses couleurs en Bretagne

Un « bagad » palestinien composé de 13 cornemuses et trois percussions est venu de l’un des camps de réfugiés les plus pauvres du Liban pour défendre en Bretagne (ouest de la France) ses traditions musicales à l’occasion du Festival interceltique de Lorient (Morbihan) qui s’est achevé dimanche. Âgés de 13 à 26 ans, les huit filles et dix garçons du groupe Guirab (cornemuse, en arabe) ont défilé le 5 août en costume traditionnel devant quelque 65 000 festivaliers pour la Grande parade des nations celtes, avant de donner plusieurs concerts durant la semaine dans d’autres communes de Bretagne. « Je suis content d’avoir joué de la cornemuse au nom de mon peuple », explique, très fier, Abderrahim Hellal, le benjamin de la formation. « Nous avons un double message à transmettre : l’un, destiné aux gens de notre camp, qui est que l’Occident n’est pas nécessairement hostile au peuple palestinien, et l’autre, pour vous Français, qui est que l’Orient n’est pas nécessairement synonyme d’extrémisme et de terrorisme », renchérit Mahmoud el-Joumaa, porte-drapeau de ce « bagad » (nom breton des orchestres traditionnels à base de cornemuses) un peu particulier. Joumaa dirige depuis 21 ans l’association Beit Atfal Assoumoud (la Maison des enfants de la résistance) dont dépend l’orchestre, une association qui propose activités sportives, culturelles et associatives aux jeunes des camps palestiniens du Liban. Le groupe Guirab a été créé en 1989 par des scouts du camp de Bourj al-Chamali, « timbre-poste d’un kilomètre carré où s’entassent 20 000 réfugiés » dans le sud du Liban, explique Joumaa, rappelant que la cornemuse fait partie intégrante de la culture musicale palestinienne. Oublié durant des siècles, cet instrument a été réintroduit au début du XXe siècle dans la région alors sous mandat britannique, notamment au sein de la Légion arabe composée de Bédouins. Transmis depuis de génération en génération, l’instrument est arrivé dans les camps de réfugiés au Liban dans les années 1970. « Nous sommes le meilleur groupe (traditionnel) du Liban », se félicite Bahaa, 18 ans, fils de Joumaa, qui a dû au pied levé prendre la direction du groupe, le leader n’ayant pu obtenir de visa. Il existe selon lui environ 200 joueurs de cornemuse dans les camps de réfugiés au Liban, « mais aucun orchestre n’est aussi connu que Guirab ! » assure-t-il. Bahaa se rend pour la seconde fois en France, le groupe ayant été invité une première fois au Festival interceltique de Lorient en 2005. Comme ses camarades, il se dit « très content d’être là, à cause de l’accueil des gens ». « Tout le monde nous dit “bienvenue”. C’est encore mieux que la première fois parce que maintenant, les gens nous reconnaissent », renchérit Katia Abou Kharoub, 22 ans. Le temps de ce bref séjour qui s’achèvera demain mercredi 15 août, les 18 jeunes gens oublient les difficultés quotidiennes du camp de réfugiés : pauvreté, entassement, échec scolaire, chômage, mais aussi les séquelles de la guerre israélo-libanaise qui les a touchés à l’été 2006 (deux morts, une vingtaine de blessés). « C’est bon pour ces enfants de voir tant de visages souriants et accueillants autour d’eux », se réjouit Mahmoud el-Joumaa, espérant revenir « l’an prochain... peut-être avec deux orchestres, qui sait ? »

Un « bagad » palestinien composé de 13 cornemuses et trois percussions est venu de l’un des camps de réfugiés les plus pauvres du Liban pour défendre en Bretagne (ouest de la France) ses traditions musicales à l’occasion du Festival interceltique de Lorient (Morbihan) qui s’est achevé dimanche.
Âgés de 13 à 26 ans, les huit filles et dix garçons du groupe Guirab...