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Actualités - OPINION

Le fascisme, le leader et le fanatisme

Par Carlos EDDÉ * Le terme fascisme est polémique et difficile à définir comme un concept cohérent. Le texte ci-dessous est la synthèse résumée des principaux éléments communs aux divers philosophes et politologues consultés. Pour la plupart des penseurs, un mouvement fasciste vise à instaurer un régime autoritaire, populiste et nationaliste (ou confessionnel) visant la renaissance d’un groupe sous de nouvelles élites en leur insufflant des valeurs héroïques. Issue de sociétés ayant subi les affres de la guerre, l’humiliation, la crise économique, l’appauvrissement et la corruption, cette philosophie propose la substitution d’un pouvoir démocratique faible par une autorité centralisée forte avec la promesse de solutionner tous les maux laissés par l’ancien régime, et ce, si nécessaire, aux dépens de certaines libertés. Pour cela, il cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Tout mouvement fasciste tourne autour de l’importance d’avoir un chef fort et charismatique, dont l’autorité ne saurait être remise en question, excluant tout contre-pouvoir. Le fascisme cherche cependant à obtenir l’adhésion populaire plutôt que de recourir à des méthodes coercitives. Utilisant des techniques comme la démagogie et le populisme, il tente, en premier lieu, d’obtenir un fort soutien populaire et même de maintenir certaines formes démocratiques, comme le suffrage universel, en cas de victoire dans les urnes. Il ne reconnaît que les lois qui sont à son avantage. S’il n’arrive pas au pouvoir par les moyens légaux, il utilise alors la force et la violence. Il s’agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme et les idéaux de « rénovation » nationale. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l’insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d’urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à le détruire et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser. Le fascisme se développe selon cinq phases : Premièrement, associer tous les problèmes d’une société à un homme ou à un groupe comme « ennemi », « traître », « corrompu » afin de développer chez les gens un esprit de colère et de revanchisme. Deuxièmement, ces mouvements prennent de l’importance, car ils apparaissent, aux yeux des citoyens désabusés, comme la solution la plus efficace et rapide de sortir de la crise dans laquelle se trouve la société. Troisièmement, le mouvement fasciste accède au pouvoir. Jusque-là, ces mouvements ne remettent pas en cause la démocratie, au contraire ils déclarent militer pour défendre les libertés. Ils triomphent généralement grâce à l’indifférence ou le mutisme de la majorité silencieuse. Quatrièmement, le pouvoir fasciste se consolide et met en place des instruments de répression et de contrôle de la société, « pour son propre bien ». Ce n’est qu’à ce moment que la véritable nature autoritaire et répressive du fascisme apparaît. La cinquième et dernière phase voit la nouvelle élite s’installer pour de bon et accaparer les privilèges de l’ancienne élite, mais sans maintenir les libertés. Les fascistes ne sont délogés que par un coup de force ou devant un soulèvement populaire. Les fascistes, séduits par l’autoritarisme politique et l’obsession du contrôle centralisé dans tous les domaines, concentrent aux mains de l’État les pouvoirs permettant d’intervenir dans l’économie, souvent au détriment des lois du marché, mais sans toutefois l’expropriation massive de la propriété des moyens de production. Les fascistes instituent planisme centralisé, et l’économie est mise au service de l’État. Il existe plusieurs sous-ensembles : le fascisme laïc est plus riche en exemples et plus facilement identifiable. Le fascisme clérical associe l’autorité à une croyance divine qui dépasse l’autorité temporelle des politiciens. Cette forme d’autoritarisme est la plus dangereuse car elle intervient aussi dans la vie et le comportement du citoyen. Comme le terme fasciste a acquis une connotation négative, seuls quelques groupuscules se déclarent ouvertement néofascistes. Les autres peuvent être divisés en deux groupes : les crypto-fascistes qui adhèrent au fascisme de façon cachée en revendiquant les idées d’un autre groupe politique et ceux qui ne se reconnaissent pas comme fascistes. Ces derniers, comme Monsieur Jourdain dans Le bourgeois gentilhomme, font du fascisme sans le savoir. Comment alors reconnaître les vrais fascistes s’ils ne se déclarent pas comme tels ? C’est simple, il suffit d’identifier en eux quelques-unes des caractéristiques suivantes : – Le culte du chef infaillible. – L’encadrement de la population. – Une propagande massive et efficace à travers des slogans simplistes et souvent mensongers. – L’exhalation d’un nationalisme (ou confessionnalisme) exacerbé. – L’utilisation massive des couleurs par les fascistes surtout dans l’habillement : noir pour les Italiens, brun pour les Allemands, argenté pour les Américains et blanc pour le Klu Klux Klan, vert pour les intégristes brésiliens, bleu pour les Canadiens, et je vous laisse deviner le reste… – Le haut centralisme de l’État. Et de la décision. – Leur fin justifie leurs moyens, y compris les menaces, le chantage et la violence. – L’embrigadement des masses. – Les contradictions dans les positions : mais le chef a toujours raison. – L’anti-intellectualisme et le manque de rationalisation dans la pensée et dans les positions. Les partisans refusent de discuter les positions du chef. – Considérer que les idées contraires à celles du chef sont offensives et traîtresses. Le fascisme méprise le discours intellectuel et la pensée critique. – L’obsession d’être victime de complots. – La mobilisation permanente à travers la désignation d’un ennemi responsable de tous les maux et dont la neutralisation redressera tous les torts et réglera tous les problèmes. Cet ennemi peut être substitué par un autre au fil du temps. Au Liban, on les trouve sous plusieurs formes, dans beaucoup de communautés et dans des pays avoisinants. Ils sont dangereux pour les libertés, pour la démocratie et pour les esprits indépendants. Et ils attendent la bonne occasion… * Amid du Bloc national.

Par Carlos EDDÉ *

Le terme fascisme est polémique et difficile à définir comme un concept cohérent. Le texte ci-dessous est la synthèse résumée des principaux éléments communs aux divers philosophes et politologues consultés.
Pour la plupart des penseurs, un mouvement fasciste vise à instaurer un régime autoritaire, populiste et nationaliste (ou confessionnel)...