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Actualités - REPORTAGE

Social - Fondée il y a deux ans, à la suite d’un accident qui a coûté la vie à Karim Rayess « Tamanna », ou la bonne fée des enfants malades

C’est une belle leçon de courage et de la volonté d’aller de l’avant, malgré les grandes souffrances, que donne l’association Tamanna, une ONG à but non lucratif, déterminée à « transformer les larmes en rires ». Fondée il y a près de deux ans, suite à un accident tragique qui a coûté la vie, le 28 août 2005, à Karim Rayess, alors âgé de 5 ans et demi, Tamanna est la bonne fée des enfants dont l’état de santé est critique, toutes communautés et nationalités confondues. Il suffit qu’ils expriment leur souhait pour que celui-ci se réalise sous le coup d’une baguette magique. «Je rêve de me marier à mon cousin. » Batoul, petite fille de 4 ans, sait déjà ce qu’elle veut. Sur son lit d’hôpital, elle n’hésite pas à faire part de son désir le plus intime à un des membres de l’ONG Tamanna. Quelques semaines plus tard, c’est dans un grand hôtel de la ville que Batoul, vêtue de sa robe blanche, voit son rêve se réaliser l’espace d’une cérémonie à laquelle étaient conviés ses parents et plusieurs de ses amis de l’hôpital. Batoul fait partie d’un groupe de plus de 240 enfants malades, âgés de 3 à 18 ans, qui ont vu leurs rêves exaucés grâce à l’intervention de Tamanna. « Karim m’a quittée tôt, et la douleur provoquée par sa perte est innommable », raconte Diala Rayess, dans les locaux de Tamanna, où les dessins de Karim ainsi que son portrait pendent aux murs. « J’ai alors voulu qu’il reste à mes côtés, mais d’une autre façon, souligne-t-elle. Après son accident, je me rappelle avoir eu honte de rire et je me sentais coupable si je le faisais spontanément. Je me cachais le visage. Un ami m’a alors prêté le film Patch Adams (médecin américain versé dans le social, le Dr Hunter “Patch” Adams est aussi un clown professionnel qui prône les vertus thérapeutiques du rire), et j’ai découvert que le rire est un remède en soi. » Diala Rayess a pensé alors fonder une association qui serait dédiée à la réalisation des rêves des enfants, à l’instar des ONG Make a Wish, aux États-Unis, et Petits Princes, en France. Avec son mari, Fadi Rayess, et un groupe d’amis (Nadine Akkaoui, Rana el-Fil, Nabil Makhlouf, Dina Kaddoura et Hania Boustany), elle monte Tamanna qui voit le jour le 5 décembre 2005. « J’ai voulu donner un sens positif au départ de Karim, poursuit Diala Rayess. Il est facile de sombrer dans la déprime, mais il faut du courage pour aller de l’avant. Je voulais que Karim me voie sourire. Et c’est pour lui que j’ai créé cette association. Grâce à lui, des centaines d’enfants retrouvent aujourd’hui le sourire malgré leur maladie. Je me sens mieux quand je vois le bonheur illuminer leurs visages et je sais que Karim l’est aussi. » Le père Noël « Nous sommes une sorte de père Noël, explique pour sa part Nadine Akkaoui. Certains enfants attendent leur troisième anniversaire pour pouvoir exprimer leur vœu. » Les activités de l’association couvrent actuellement le Children Cancer Center (Saint Jude) à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth, l’hôpital des Makassed, l’hôpital universitaire Rafic Hariri, l’hôpital Saint-Georges des grecs-orthodoxes et l’hôpital al-Zahra’a. « Il nous faudrait plus de fonds pour pouvoir étendre le champ de nos activités, d’autant que nous sommes en train de réaliser trois vœux par semaine, allant de l’achat d’un ordinateur portable à un voyage à Eurodisney ou ailleurs, note Nadine Akkaoui. La réalisation d’un vœu varie de 300 à 3 000 dollars. Et notre but est de les réaliser et non de les collectionner. » Les vœux varient d’un enfant à l’autre, mais les demandes les plus fréquentes demeurent celles de posséder une playstation ou un ordinateur portable. D’autres demandent à voyager (Eurodisney, Médugorjé, Égypte…), à rencontrer une star (Ahmad al-Charif, Waël Kfoury, Nancy Ajram, Haïfa Wehbé…) ou une personnalité politique (Michel Aoun, Saad Hariri, Walid Joumblatt…), à faire du shopping, à redécorer leur chambre, à apprendre à jouer sur un instrument de musique ou à dessiner, à être pilote ou présentatrice de télévision, ou encore à voyager… « Nous veillons toujours à rendre cette journée inoubliable, insiste Nadine Akkaoui. Ainsi, nous les emmenons, à titre d’exemple, en limousine pour rencontrer la célébrité. Nous jouons beaucoup sur le côté psychologique. Et les enfants se sentent tellement fiers d’eux. Ils ont plus confiance en eux-mêmes et cela les aide à lutter contre la maladie. L’exemple de Racha en est une preuve. Première à avoir effectué un voyage à Eurodisney, elle souffrait d’une immunodéficience, à l’époque. Lorsque je l’ai visitée la veille de son voyage pour lui donner de l’argent de poche, je lui ai expliqué que si elle ne pouvait pas aller le lendemain, ce sera pour une autre fois. Mais elle était tellement excitée par l’idée de voyager, que le jour J, elle se sentait déjà mieux. Sa mère m’a raconté que tout au long du voyage, elle n’a pas eu besoin de ses médicaments. Un autre groupe de huit enfants a été récemment à Eurodisney. » Et Nadine Akkaoui de préciser : « Les voyages sont organisés après un accord préalable du médecin. Une infirmière accompagne l’enfant, et en France, nous prévoyons toujours une aide médicale spécialisée en cas d’urgence. » « Je veux voir la neige » Quel est le vœu qui les a le plus marqué ? « Le cas du petit Ahmad », répondent en chœur Diala Rayess et Nadine Akkaoui. Cet enfant âgé de 5 ans n’avait jamais vu la neige. « Ses parents sont tellement démunis qu’ils ne pouvaient pas se payer le luxe de louer un taxi pour l’emmener à la montagne, remarque Diala Rayess. Finalement, il a eu droit avec ses parents à un week-end dans un centre de villégiature. » Certains de ces enfants ont quitté la vie. D’autres ont réussi à vaincre leur maladie, mais au prix de douleurs atroces. Pour pouvoir poursuivre son action, Tamanna organise le 27 août une soirée de collecte de fonds au Sky Bar, au BIEL. Vous pouvez également aider ces enfants en parrainant un rêve ou en adressant vos dons à la Bank Audi, n° du compte 408019/02. Pour plus de renseignements, appeler aux 01/998995, 70/114718. Site Web : www.tamannalebanon.org Nada MERHI



C’est une belle leçon de courage et de la volonté d’aller de l’avant, malgré les grandes souffrances, que donne l’association Tamanna, une ONG à but non lucratif, déterminée à « transformer les larmes en rires ». Fondée il y a près de deux ans, suite à un accident tragique qui a coûté la vie, le 28 août 2005, à Karim Rayess, alors âgé de 5 ans et demi,...