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Actualités

Une défaite sévère pour l’Église

La dépénalisation de l’avortement approuvée cette année au Portugal constitue, selon les analystes, une amère défaite pour l’Église dans un pays sous forte influence catholique. Cette défaite serait d’autant plus sévère que dans ce bastion du catholicisme que constitue le Portugal, l’Église avait mobilisé tous ses réseaux contre le camp du « oui » lors du référendum en février dernier. Tout en prétendant ne pas donner de consigne de vote, le cardinal-patriarche de Lisbonne, José da Cruz Policarpo, avait affirmé dans le quotidien La Croix, à la veille du scrutin, qu’« aucune décision contre la vie n’est légitime ». Il craint par ailleurs que la dépénalisation de l’avortement ne soit que le « premier paragraphe d’une série » qui conduirait notamment à la dépénalisation de l’euthanasie. De son côté, le Conseil presbytéral du diocèse de Beja (sud-est du pays) a publié une lettre ouverte sur le thème de « la famille et la vie », adressée à tous les fidèles du diocèse à la veille du référendum. La lettre exhortait tous les chrétiens et les personnes sensibles au drame de l’avortement à voter « non » parce que « la vie humaine est un droit fondamental et prioritaire ». Plus radicaux, plusieurs curés zélés auraient même prononcé des anathèmes sans nuances menaçant d’« excommunication automatique » les partisans du « oui », alors que certains représentants de l’Église ont mis en garde contre la « malédiction » qui ne manquerait pas de s’abattre sur le Portugal s’il rejoignait « l’apostasie silencieuse » du reste de l’Europe et « sa culture de la mort ». Et pour la petite histoire, à Lisbonne, des vierges de Fatima en pleurs ont été distribuées dans les boîtes aux lettres, essayant de culpabiliser les électeurs. Revenant sur les résultats du scrutin, la Conférence épiscopale portugaise a publié une note pastorale qui déplore la manifestation d’une culture « qui n’est pas imprégnée des valeurs éthiques fondamentales qui devraient inspirer le sens des lois, comme le caractère inviolable de la vie humaine ». Selon ce texte, « cette mutation culturelle résulte de plusieurs causes, notamment : la médiatisation globalisée des manières de penser et des courants d’opinion ; les lacunes dans la formation de l’intelligence qui n’est pas préparée par le système éducatif à s’interroger sur le sens de la vie et les questions primordiales de l’être humain ; l’individualisme dans l’usage de la liberté et dans la recherche de la vérité, qui influe sur le concept et sur l’exercice de la conscience personnelle ; la relativisation des valeurs et des principes qui affectent la vie des personnes et de la société ».
La dépénalisation de l’avortement approuvée cette année au Portugal constitue, selon les analystes, une amère défaite pour l’Église dans un pays sous forte influence catholique. Cette défaite serait d’autant plus sévère que dans ce bastion du catholicisme que constitue le Portugal, l’Église avait mobilisé tous ses réseaux contre le camp du « oui » lors du...