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Actualités - REPORTAGE

Médecins réticents, hôpitaux non adaptés, femmes toujours terrorisées… Six mois après le « oui », beaucoup reste à faire

La campagne autour du référendum sur la dépénalisation de l’avortement au Portugal a mis en évidence l’ampleur du phénomène des mouvements citoyens qui ont contribué à animer un débat historique dans ce pays. Les partisans du « oui » et du « non » ont regroupé des partis politiques et des associations civiles qui se sont efforcés à défendre leur cause avec acharnement, entraînant en fin de compte la victoire du « oui ». Mais six mois plus tard, beaucoup reste à faire. Le Mouvement libéral-social (MLS) est une organisation politique fondée sur la promotion des libertés individuelles et économiques. « Nous considérons qu’une société parfaite est celle où l’être humain peut s’épanouir et faire son choix sans la coercition des autres ou de l’État », explique Miguel Duarte, un responsable du parti. « Concernant l’avortement, notre but était de le légaliser jusqu’à 12 semaines de la gestation. Cette limite nous paraît équilibrée entre le droit de la femme de disposer de son corps et le droit de l’enfant à naître au cas où il n’y aurait pas eu avortement », estime M. Duarte. De son côté, le Mouvement démocratique des femmes (MDM – Movimento Democratico de Mulheres) est une association féministe dont le but est l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes, ainsi que la promotion de l’égalité entre les sexes. « MDM participe activement aux côtés d’autres associations féministes à des campagnes sur des sujets concrets et pratiques », affirme Natacha Amaro, responsable du mouvement. Ces deux organisations ont participé activement à la campagne pour le « oui », avec bien d’autres, dont certaines avaient été créées pour la circonstance. « Un énorme effort a été fait par notre organisation pour expliquer l’enjeu du référendum. Clarifier, discuter et débattre étaient notre principal objectif durant la campagne dominée par une approche très agressive de la part des mouvements conservateurs et de l’Église. Nous avons organisé plusieurs rencontres pour prendre contact avec le plus grand nombre de personnes, explique Natacha Amaro. Et comme nous sommes une association qui concerne les femmes, notre priorité était donc de leur faire prendre conscience de l’importance de leur vote », ajoute-t-elle. Le MLS a « organisé plusieurs discussions sur le sujet, qui ont été postées ultérieurement sur Youtube », explique pour sa part M. Duarte. « Nous avons également participé à des débats programmés par d’autres associations. Notre mouvement a par ailleurs construit un site Internet pour promouvoir le « oui » appelé euvotosim.org (je vote oui, en portugais) », ajoute le responsable du MLS qui a distribué des tracts et des affiches dans la capitale portugaise pour encourager à voter « oui ». Le Mouvement libéral-social considère toutefois que la nouvelle loi était en deçà de ses revendications. « Mais nous croyons que c’était une occasion unique pour les femmes portugaises de pratiquer enfin l’avortement dans des conditions légales et sanitaires adéquates », justifie M. Duarte. « Au-delà des justifications légales et sanitaires liées directement à la raison pour laquelle l’ancienne loi, injuste et conservatrice, a été amendée, MDM a encouragé le « oui » parce qu’il s’agit de reconnaître à la femme le droit de décider si elle veut être une mère ou non », déclare de son côté Natacha Amaro. Six mois plus tard, « la situation n’est pas tout à fait régularisée », affirme Miguel Duarte qui estime toutefois que « beaucoup a changé. Quelques hôpitaux publics ont commencé à pratiquer l’IVG, des cliniques privées demandent les autorisations nécessaires et des centres spécialisés ouvrent leurs portes ». Selon lui, « le débat est clairement clos aujourd’hui dans la société portugaise qui a fait un pas supplémentaire pour un pays plus civilisé ». Mais pour Natacha Amaro, « même si la loi a été votée, nous avons toujours des problèmes. C’est le cas par exemple de la capacité de certains hôpitaux ou centres médicaux à s’adapter à la nouvelle législation. Certains médecins sont par ailleurs réticents à appliquer la loi modifiée, alors que les partisans du « non » n’ont pas accepté le résultat démocratique des urnes et continuent à terroriser les femmes qui demandent assistance. Beaucoup de travail reste donc à faire, et MDM a été, est et restera vigilante pour aider la cause des femmes », conclut-elle. Propos recueillis par A.A.
La campagne autour du référendum sur la dépénalisation de l’avortement au Portugal a mis en évidence l’ampleur du phénomène des mouvements citoyens qui ont contribué à animer un débat historique dans ce pays. Les partisans du « oui » et du « non » ont regroupé des partis politiques et des associations civiles qui se sont efforcés à défendre leur cause avec...