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Actualités - OPINION

Réflexions sur la partielle du Metn Quelques rappels à l’adresse du général Dr Loutfi ANTAKI

Mon général, C’est avec le plus grand respect que je m’adresse à vous pour essayer de comprendre votre discours. Il fut un temps où vous représentiez la légalité au Liban quand celle-ci vous fut confiée par le président Amine Gemayel à la fin de son mandat, en septembre 1988. Nous vous avons apporté alors un soutien inconditionnel car vous représentiez à nos yeux, nous les Libanais de l’étranger, la légalité dans toute sa valeur. Pendant deux ans, nous n’avons eu de cesse de vous soutenir, avec les modestes moyens dont nous disposions à l’époque, aidés en cela par nos amis français amoureux du Liban. Que de conférences n’avons-nous données au Sénat et à l’Assemblée nationale pour parler et défendre la même cause que vous défendiez, vous, sur le terrain ! Que de manifestations et de marches silencieuses n’avons-nous organisées, accompagnés et encadrés par les élus de la France amis du Liban, bardés de leur écharpe tricolore. Nous avons même occupé les locaux de notre ambassade à Paris où l’ambassadeur, M. Fouad Turk, nous reçut aimablement. Nous avons été attristés par votre départ précipité du palais présidentiel de Baabda et votre hébergement pendant des mois à l’ambassade de France, à Mar Takla, puis votre transfert sur les hauteurs de Marseille où vous résidiez avec votre famille dans une magnifique villa, avant de déménager, quelque temps après, dans la banlieue parisienne où vous avez vécu sous une haute protection assurée par le gouvernement français. Il est déjà loin le temps où vous parliez du Syria Accountibility and Lebanese Sovereignty Act et réclamiez le départ des troupes syriennes du Liban. Nous avons tous applaudi à votre retour au Liban, où vous avez été accueilli en héros et nous avons aussi applaudi à votre victoire aux élections législatives. Mais que s’est-il passé depuis ? Nous aimerions – nous simples citoyens, qui ne faisons pas de politique, qui n’appartenons à aucun parti et qui suivons de loin à la radio et à la télévision le cours des événements dans notre pays – comprendre votre discours. Car si nous le suivons de près, nous constatons qu’un jour vous déclarez une chose et le lendemain son contraire. Vous avez affirmé que le gouvernement actuel n’existait pas, qu’il était inconstitutionnel, que le Parlement l’était aussi. Par contre, vous dites par ailleurs représenter la majorité des chrétiens dans ce même Parlement.Vous avez déclaré aussi nul et non avenu le décret ministériel concernant la convocation du corps électoral pour le scrutin partiel du Metn et de Beyrouth en vue de remplacer feu Pierre Amine Gemayel et Walid Eido, tous les deux lâchement assassinés. Or vous voilà à présent en plein dans une bataille électorale qui, d’après vous, n’a pas de valeur légale. Mais alors pourquoi l’entreprendre ? Vous êtes allé jusqu’à déclarer que le président Amine Gemayel faisait commerce du sang de son fils. Je vous comprends, car vous n’avez pas de fils et vous n’avez pas été touché dans votre chair et dans votre sang. Mais ne comprenez-vous pas, ne ressentez-vous pas la douleur d’un père et d’une mère qui ont perdu leur enfant, lâchement assassiné en pleine force de l’âge, laissant derrière lui une veuve et deux petits enfants en bas âge ?... Je regrette, mon général, votre discours qui nous a beaucoup choqués, au point que nous nous sommes demandés comment quelqu’un qui prétend être un homme d’État et qui aspire à la magistrature suprême peut formuler de tels propos. Enfin, en regardant de plus près, nous sommes tous dégoûtés par le niveau auquel certains de nos politiciens sont tombés. Que Dieu préserve le Liban de ces gens-là. Mon général, jamais la démagogie n’a été payante. Vous avez un programme qui, sans doute, recèle de bonnes choses pour le pays. Nous sommes d’accord avec vous sur beaucoup de points, comme beaucoup de nos compatriotes, mais de grâce revenez à vos valeurs initiales et vous serez le grand gagnant. C’est le cœur gros et tremblant d’inquiétude pour l’avenir de mon pays et celui de mes enfants, comme d’ailleurs la majorité de mes compatriotes, que je vous écris ces quelques lignes afin de vous demander de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour arrêter l’hémorragie. Vous verrez que l’ensemble du pays vous en saura gré. Dr Loutfi ANTAKI Neuilly-sur-Seine – France Article paru le Vendredi 03 Août 2007
Mon général,
C’est avec le plus grand respect que je m’adresse à vous pour essayer de comprendre votre discours.
Il fut un temps où vous représentiez la légalité au Liban quand celle-ci vous fut confiée par le président Amine Gemayel à la fin de son mandat, en septembre 1988.
Nous vous avons apporté alors un soutien inconditionnel car vous représentiez à nos yeux,...