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Tourisme - À une trentaine de kilomètres à peine de Nicosie, des dizaines de villages de vacances sortent de terre Les Britanniques « colonisent » le nord de Chypre

« Sahara », « Oasis dream », « Paradise island », les résidences secondaires s’alignent sur le littoral septentrional de Chypre, en République turque de Chypre du Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara, grignotant hectare après hectare les champs de vignes et d’oliviers. La RTCN, longtemps épargnée par la frénésie immobilière qui a bétonné le Sud, s’est transformée en quelques années en eldorado pour les Britanniques, attirés par le soleil et des prix battant toute concurrence. Ils seraient environ 6 000 à y être installés toute ou partie de l’année, selon les chiffres chypriotes-turcs. « Nous avons visité l’Espagne et la Grèce, mais les terrains étaient trop chers alors nous avons choisi le nord de Chypre », explique Ruth, originaire de Cambridge, qui vient de s’offrir un petit appartement près de la mer dans la région d’Esentepe (Agios Amvrosios en grec). Là, à une trentaine de kilomètres à peine au nord de Nicosie, la capitale divisée, des dizaines de villages de vacances sortent de terre. Un port de plaisance, des restaurants et des infrastructures sportives sont à l’étude. Seuls la carcasse d’un tracteur et les moutons rappellent le récent passé agricole. Les prix des terrains en RTCN – même s’ils ont augmenté ces dernières années – restent en moyenne deux fois moins chers qu’au sud. Et la main-d’œuvre y est meilleur marché. Aykut, un commerçant, ne regrette pas l’époque où la région ne voyait pousser que des oliviers. « En Europe, vous vous enrichissez avec le tourisme, pourquoi nous n’y aurions pas droit aussi ? J’espère que les Anglais vont être de bons clients et que mes affaires vont repartir », lance-t-il. Toutefois, l’attrait pour le soleil et la mer turquoise pourrait se transformer en longues batailles juridiques pour certains : quelque 78 % des terres de la RTCN appartiennent à des Chypriotes-grecs qui ont fui après la partition de l’île en 1974, selon les chiffres du gouvernement chypriote. En théorie, tout propriétaire britannique serait donc expulsable s’il a acheté un terrain appartenant à un Chypriote-grec. « Nous n’avons pas peur d’être expulsés », rétorque Anna, une Londonienne à la retraite. « Ce terrain appartenait à des Grecs, c’est vrai, mais il était à l’abandon. Il a fallu tout faire : l’électricité, l’eau courante. Aujourd’hui, il a pris une grande valeur et je ne crois pas qu’on nous chassera », explique-t-elle. Sa voisine est plus prudente : « Mon avocat m’a dit qu’il faudra peut-être payer une compensation aux anciens propriétaires. La situation juridique est compliquée et personne ne nous renseigne honnêtement », déplore-t-elle. Mais ces difficultés n’entament pas l’enthousiasme des nouveaux venus. Si la majorité des étrangers qui achètent au nord sont britanniques, des Français, des Allemands, des Saoudiens et des Iraniens commencent à se porter acquéreurs. Certaines maisons ressemblent à de somptueuses villas hollywoodiennes et se vendent plusieurs millions d’euros. Près de Morfou (Nord-Est), jusque-là épargné par le béton, 18 hôtels, une marina, un golf et plusieurs villages de vacances devraient voir le jour prochainement. Les promoteurs semblent convaincus de trouver preneurs. « La mer a toujours attiré les touristes et la situation politique de l’île n’y changera rien, la RTCN est l’endroit le moins cher de la Méditerranée. Un paradis pour vacanciers et investisseurs », explique l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. « Le mois dernier, j’ai vendu 35 appartements en 10 jours », ajoute-t-il. Il consulte son agenda. En août, rendez-vous est pris avec 26 nouveaux acquéreurs.
« Sahara », « Oasis dream », « Paradise island », les résidences secondaires s’alignent sur le littoral septentrional de Chypre, en République turque de Chypre du Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara, grignotant hectare après hectare les champs de vignes et d’oliviers.
La RTCN, longtemps épargnée par la frénésie immobilière qui a bétonné le Sud, s’est...