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Actualités - OPINION

Beyrouth-Paris-Damas

Par Dominique CHEVALLIER Professeur émérite à la Sorbonne «Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant. » Me revient ce cri de révolte lancé par les canuts de Lyon au XIXe siècle. Ces ouvriers tissaient aussi de belles étoffes avec de la soie venue des montagnes libanaises. Je me trouve aujourd’hui en haute Corrèze, à la limite du Limousin et de l’Auvergne. Le soir, le hululement de la chouette se mêle aux vieilles peurs rurales. Dans la brume du matin, les croassements des corbeaux évoquent les misères vécues. À l’ouest de l’Europe, la pluie refroidit comme la sueur. En Méditerranée orientale, le soleil brûle les sangs. Mon cœur en est-il réchauffé ? J’appréhende toujours que l’un de mes disciples libanais, égyptiens, français ou autres soit assassiné dans cet Orient islamique si tendu et si divisé. Trop d’amis arabes, chrétiens et musulmans, sont déjà tombés, victimes de leur savoir, de leur intelligence ou de leur action médiatrice. Ils tenaient leur vertu de leurs paroles, de leurs écrits, de leur foi dans les négociations, même s’ils en connaissaient trop sur certains personnages et certains événements. Ils appartenaient à cette élite de vrais créateurs conscients des dangers encourus et des retournements de situation. La vie se renouvelle par la fécondation. Le Liban et la France doivent-ils négocier avec la Syrie ? La décision appartient aux responsables politiques. Les échanges et les pourparlers plus ou moins discrets n’ont jamais cessé. Les hommes au pouvoir, les partis et les différentes communautés confessionnelles n’ont cessé d’être partagés sur les voies à suivre. Avant tout, un principe doit être respecté : le Liban, dans sa pluralité, forme un État unique et souverain. L’expérience de cette réalité anime les diplomates français auxquels a été confiée la mission de favoriser un accord entre les parties en présence. Autour du gouvernement libanais, les responsables de la politique étrangère non seulement n’existent que par cette vérité, mais ils s’activent pour la faire reconnaître par tous leurs partenaires. Les autorités syriennes peuvent-elles agir sans en tenir compte ? Si elles veulent que le peuple libanais souffre comme les populations de l’Irak, elles réservent inévitablement le même sort à celles de la Syrie. En sont-elles conscientes ? Un État et un gouvernement ne peuvent durer que dans la reconnaissance de l’existence du voisin, et non dans le contrôle de sa liberté par l’intimidation, l’infiltration, les attentats et les trafics en tout genre. Il faut donc encore négocier. D’ailleurs, y aurait-il d’autres moyens pour éteindre les feux allumés par Israël, alimentés par l’impéritie américaine et entretenus par tous ceux qui croient que la terre brûlée leur apportera justice ? La mort se profile. Négocions pour vivre libres et solidaires. Ma propre reconnaissance à l’égard de l’amitié des Libanais est immense. Et que mes amis Syriens m’entendent.
Par Dominique CHEVALLIER
Professeur émérite à la Sorbonne


«Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant. » Me revient ce cri de révolte lancé par les canuts de Lyon au XIXe siècle. Ces ouvriers tissaient aussi de belles étoffes avec de la soie venue des montagnes libanaises.
Je me trouve aujourd’hui en haute Corrèze, à la limite du Limousin et de...