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Le monstre sacré du cinéma français est décédé dimanche soir des suites d’un cancer Serrault est parti « faire rigoler le bon Dieu »

«Je lui ai dit : le bon Dieu t’attend, il faut que tu le fasses rigoler. Il a fait un petit sourire. » L’abbé Alain de la Morandais, aumônier des artistes qui a assisté Michel Serrault dans ses derniers instants, a assuré hier que la mort avait été « une libération » pour l’acteur décédé dimanche soir dans sa maison de Honfleur (Calvados). « Il est parti détendu et la mort a été pour lui une libération car il n’en pouvait plus », a déclaré à l’AFP le médiatique curé parisien, dont Michel Serrault était un ami. L’acteur français Michel Serrault est décédé dimanche soir à l’âge de 79 ans des suites d’un cancer. Michel Serrault avait été hospitalisé ces dernières semaines à l’Hôpital américain de Neuilly d’où il était sorti fin juin pour se rendre dans sa résidence secondaire de Honfleur, a-t-on précisé de même source. Michel Serrault, un des monstres sacrés du cinéma français, était connu pour son talent comique, mais avait également su s’imposer dans des rôles dramatiques. En plus d’un demi-siècle d’une impressionnante carrière, il a joué dans quelque 135 longs-métrages (sans parler des téléfilms), sous la direction de Clouzot, Chabrol, Mocky, Lautner, Audiard, Blier, Zidi ou Kassovitz. Cinq fois nominé, il a obtenu trois Césars : en 1979 pour son plus grand succès, La cage aux folles (d’Édouard Molinaro), 1982 pour Garde à vue (de Claude Miller) et 1996 pour Nelly et Monsieur Arnaud (de Claude Sautet). Cet homme au physique de monsieur tout-le-monde et au caractère fougueux, cabotin, provocateur, franc et chaleureux répétait que le principal souci dans son métier était de ne pas ennuyer le spectateur. Peut-être grâce à cette ambition, il a accumulé une impressionnante galerie de portraits, se glissant avec la même aisance dans la peau de personnages ambigus et dramatiques, du Dr Petiot à Zaza, l’homosexuel excentrique de La cage aux folles, d’Harpagon à Nestor Burma. Le public n’a longtemps attendu de lui qu’une seule chose : qu’il fasse rire. Mais, comme tous les clowns qu’il prenait d’ailleurs pour modèles, Michel Serrault était dans le fond assez triste. Il se définissait comme « l’âme de Chaplin sur un corps d’apothicaire ». Né le 24 janvier 1928 dans une famille modeste et chrétienne, il entre à 14 ans au petit séminaire. Hésitant entre devenir curé ou clown, il choisit finalement le monde du spectacle. Il fréquente dès 1949 la fameuse troupe des « Branquignols » de Robert Dhéry et apparaît pour la première fois au cinéma en 1954 dans Ah ! les belles bacchantes ! de Jean Loubignac. Avec son complice et ami Jean Poiret (mort en 1992), il monte un fameux numéro de cabaret qui fait les beaux soirs de l’Alhambra, de Bobino ou de l’Olympia. Puis, pendant vingt ans, Michel Serrault accumule les rôles plus qu’il ne les choisit véritablement. Les navets, il les appelait « mes exercices de style ». « Mes auditions, poursuivait-il, je les ai passées à l’écran. » Il retrouve Poiret pour La cage aux folles (pièce écrite par ce dernier qui fera plus tard l’objet du film) qu’ils jouent plus de 1 500 fois. « Il n’était pas question de se vautrer dans une farce épaisse et vulgaire. Nous avons prouvé que l’ennui au théâtre n’était pas un mal nécessaire », disait Serrault. « Combien tu me manques, Jean. Toi, tu as su tout dissimuler sous le rire. Moi, j’y parviens de moins en moins », a-t-il aussi écrit dans un livre de souvenirs. Au milieu des années 70, ses personnages s’étoffent et on le voit dans des rôles dramatiques comme dans Pile ou face (Enrico), Garde à vue (Miller), L’ibis rouge (Mocky, un de ses grands potes) où il étrangle des femmes. Il dit que jouer « les tordus » l’amuse. Au théâtre, on le remarque notamment dans L’Avare (1986, dirigé par Roger Planchon) et dans Knock (1992, mise en scène de Pierre Mondy). Avec sa femme Juanita, épousée en 1958, ils ont eu deux filles, l’aînée se tuant en 1977 dans un accident de voiture. N’ayant jamais cessé d’être croyant, il restait fort pudique sur sa vie privée. Il passait beaucoup de temps dans sa propriété du Perche et sa maison de Neuilly-sur-Seine où on pouvait encore récemment le voir, en soirée, promener paisiblement son chien. Une véritable pluie d’hommages a accompagné l’annonce de sa mort. Le président Nicolas Sarkozy a réagi le premier, dans la nuit, en saluant « un monument du monde du théâtre de boulevard, du cinéma et de la télévision ». Le réalisateur Jean-Pierre Mocky, un de ses amis, a salué « l’un des plus grands acteurs français avec Jean Gabin ou Philippe Noiret ». « C’était un acteur formidable », a dit à l’AFP le réalisateur. « J’ai remplacé Bourvil par Michel Serrault. Maintenant, je ne vois pas à qui proposer ses rôles », a-t-il ajouté. La mort de Michel Serrault laisse pour Pierre Tchernia, qui l’avait mis en scène dans Le Viager, « un grand vide ». « C’est le plus grand qui s’en va », a souligné le réalisateur Jean-Louis Guillermou, avec lequel il a tourné un de ses derniers films Antonio Vivaldi, un prince à Venise. C’était « un plaisir » de tourner avec lui, a-t-il indiqué à l’AFP : « On n’avait pas l’impression de travailler » et d’ailleurs, « vous ne dirigez pas Michel Serrault, c’est lui qui faisait tout lui-même ».
«Je lui ai dit : le bon Dieu t’attend, il faut que tu le fasses rigoler. Il a fait un petit sourire. » L’abbé Alain de la Morandais, aumônier des artistes qui a assisté Michel Serrault dans ses derniers instants, a assuré hier que la mort avait été « une libération » pour l’acteur décédé dimanche soir dans sa maison de Honfleur (Calvados). « Il est parti...