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Actualités - CHRONOLOGIE

OPÉRA Tchaïkovski entre à Salzbourg avec un sombre « Eugène Onéguine »

Le Festival de Salzbourg a donné pour la première fois de son histoire un opéra de Tchaïkovski, Eugène Onéguine, dans une production plutôt sombre de l’Allemande Andrea Breth éclairée par la distribution et le jeu du Philharmonique de Vienne. Le chef d’orchestre israélien Daniel Barenboïm veillait sur le cours musical de cet événement incroyable mais vrai : le plus grand festival d’opéra n’avait jamais donné, en 85 ans, ce chef-d’œuvre créé en 1879 et inscrit au répertoire de tous les grands théâtres lyriques du monde. « Dans 90 % des cas, l’opéra raconte comment le baryton empêche la soprano de coucher avec le ténor » : si le dramaturge irlandais George Bernard Shaw a dit vrai, Eugène Onéguine relève assurément des 10 % restants. Ici, le baryton (Eugène Onéguine), cynique et inconséquent, reste insensible à la flamme de la soprano (Tatiana) et empêche son ami le ténor (le poète Lenski) de filer le parfait amour avec la mezzo (Olga) en le tuant au cours d’un duel. Quand il voudra reconquérir, trois ans après, celle qu’il a repoussée, ce sera trop tard : Tatiana, mariée au prince Grémine (une basse), voudra rester fidèle à son époux, malgré les sentiments qu’elle se redécouvre pour Onéguine. La mise en scène d’Andrea Breth, qui signe ses débuts lyriques à Salzbourg, illustre parfaitement la thématique de la première édition du nouvel intendant du festival, l’Allemand Jürgen Flimm : « le côté nocturne de la raison ». L’action se déroule au XXe siècle entre les hauts murs gris-noir omniprésents – même pour un tableau bucolique avec des blés ou une scène en extérieur pour le duel – d’un appartement bourgeois, dont un plateau tournant fait découvrir les différentes pièces. Le parquet deviendra bien humide à l’acte II, comme pour illustrer un monde qui prend l’eau... Le regard d’Andrea Breth est pour le moins pessimiste, voire morbide – la nourrice Filipievna semble finir en terre, ce qui n’est pas dans le livret –, gommant ce que le récit adapté par le compositeur d’après Pouchkine peut avoir, fût-ce à de rares moments, de léger et insouciant. La direction de Daniel Barenboïm, qui n’avait jusqu’alors dirigé qu’un opéra à Salzbourg (Don Giovanni de Mozart, avec Patrice Chéreau, en 1994 et 1995), est à l’avenant, privilégiant une profondeur et des élans très romantiques, mais toujours avec le souci de la progression dramatique. Les Wiener Philharmoniker, rassemblés sur scène au salut final, récolteront une ovation bien méritée, tant le vibrant moelleux de leurs cordes teinte cette lecture d’une mélancolie bienvenue. Le public a également fait un triomphe au jeune ténor canadien Joseph Kaiser, Lenski d’un raffinement remarquable dans son air de l’acte II, peut-être le sommet de la soirée. Plus que dans la fameuse « scène de la lettre », un peu fade, la Russe Anna Samouil a offert une Tatiana prometteuse vocalement et scéniquement en fin d’ouvrage dans un corps-à-corps tendu avec l’Onéguine dilettante mais sûr de son fait du Suédois Peter Mattei. La première des huit représentations (jusqu’au 29 août) d’Eugène Onéguine, qui était retransmise en direct par la télévision autrichienne, a attiré nombre de personnalités au Grosses Festspielhaus (Grand palais des festivals). Parmi elles figurait la chancelière allemande Angela Merkel, qui aura multiplié les sorties à l’opéra ces derniers jours puisqu’elle a assisté aux Maîtres chanteurs de Wagner à Bayreuth puis à Armida de Haydn à Salzbourg.
Le Festival de Salzbourg a donné pour la première fois de son histoire un opéra de Tchaïkovski, Eugène Onéguine, dans une production plutôt sombre de l’Allemande Andrea Breth éclairée par la distribution et le jeu du Philharmonique de Vienne.
Le chef d’orchestre israélien Daniel Barenboïm veillait sur le cours musical de cet événement incroyable mais vrai : le plus...