ÉDITION - Deux beaux livres signés Hani Samaha Les plus belles maisons de Beyrouth ouvrent leurs portes... sur papier glacé

Parce qu’il commençait à trouver lassantes les questions ignares que lui posaient ses camarades américains sur le mode de vie à Beyrouth, Hani Jean Samaha, 25 ans, étudiant en marketing et management à la Depaul University (Chicago), s’est attelé à l’élaboration d’un beau livre présentant les plus belles demeures de la capitale libanaise. Paru en janvier 2006 aux éditions Antoine, le succès de « Inside Beirut, Private Views » fut tel qu’il poussa son auteur à poursuivre cette exploration des riches intérieurs libanais avec un second volume, sorti il y a quelques mois et intitulé cette fois « Beirut Interiors. The Art of Living ». «Aux États-Unis, l’image dominante que les gens ont du Liban est celle, véhiculée par les médias, d’un pays miné par les guerres, la violence et la destruction. Je voulais leur montrer une autre facette en en révélant les richesses architecturales et décoratives », indique le jeune auteur. Un thème dont il ne trouve trace dans aucun ouvrage disponible sur le marché. « J’ai trouvé des livres sur l’architecture libanaise, le patrimoine, des guides touristiques, mais rien qui se réfère à la décoration intérieure. J’ai pensé qu’il y avait là un besoin à combler », dit-il. D’où l’idée de réaliser lui-même un tel ouvrage. Aussi entreprenant que bien introduit, ce fils d’antiquaires va ainsi puiser dans le carnet d’adresses de ses parents les noms des propriétaires des plus prestigieuses résidences, des plus belles maisons et villas, et des plus luxueux appartements du pays du Cèdre. Les contacter et les convaincre de participer à l’élaboration d’un livre où leur lieu de vie serait exposé au public n’était pas une entreprise facile. Le projet est ambitieux. Spécialement pour un jeune de son âge, même s’il a toujours baigné dans l’univers de l’art et de la décoration. Sauf que le jeune homme, qui a de la suite dans les idées, va faire appel à des spécialistes pour l’aider : Albert Saïkaly pour les magnifiques photos, la journaliste britannique installée à Beyrouth Philippa Clayre pour les textes et Maryline Chbeir pour la correction des textes et des légendes. Palais, villas et résidences de rêve Il s’est chargé, pour sa part, de tout le reste. C’est-à-dire : répertorier les maisons (18 dans chaque ouvrage), réunir les informations relatives à leur historique, leur concept architectural, les pièces de valeur qu’elles recèlent et même collaborer à la « mise en scène » de certaines pièces pour le rendu de la photo, en dressant la table de la salle à manger, en réalisant des arrangements floraux... Le résultat de près d’un an de travail pour chaque livre se révèle à la hauteur de leur contenu. Luxueux et souvent époustouflant. Car Hani Samaha a visé haut. Ce sont réellement les plus fastueuses et les plus harmonieuses demeures qui ouvrent leurs portes aux lecteurs – en préservant cependant pour la plupart leur anonymat ! Des maisons de rêve sur papier glacé, aménagées par de grands décorateurs et recelant mille et un trésors. Des résidences somptueuses, riches d’œuvres d’art aux signatures prestigieuses (qui vont de Gallé à Paul Ackerman, ou encore Arman), d’argenteries et de vaisselles anciennes, et aux marques de renom, de tapis et tapisseries rares, de vrais meubles d’époque ou encore de collections antiques... Si, dans le premier volume, Hani Samaha a donné la priorité aux demeures historiques, à l’instar du palais d’Yvonne Cochrane, et aux résidences majestueuses de style classique, il a poursuivi dans le second livre sur le même mode sélectif, à savoir : le raffinement et l’éclectisme, mais en ouvrant ses pages aux villas plus contemporaines et aux « penthouses » de luxe. Sincèrement satisfait de son travail – « C’était un défi et même mes parents, qui m’ont totalement soutenu, n’imaginaient pas ce résultat, avoue-t-il. D’ailleurs, beaucoup parmi ceux qui s’étaient montrés récalcitrants lors du premier livre n’ont plus hésité à montrer leur maison dans le second volume » –, Hani Samaha ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le jeune esthète aux dents longues nous promet d’ores et déjà un troisième voyage, sur papier glacé à défaut de tapis volant, à travers les magnifiques intérieurs de la (très) riche jet-set libanaise. Zéna ZALZAL