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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Buenos Aires rend hommage à « L’éthernaute », une BD de science-fiction à succès

Cinquante ans après sa sortie, L’éthernaute, une bande-dessinée de science-fiction, continue à fasciner des générations d’Argentins, séduits par des aventures qui, avec le temps, ont pris un tour politique. La Bibliothèque nationale de Buenos Aires accueille une grande exposition en hommage à ce voyageur de « l’éther », El Eternauta, écrit à partir de 1957 par Hector Oesterheld. Science-fiction oblige, El Eternauta s’ouvre sur une chute de neige mortelle à Buenos Aires, premier signe d’une invasion extraterrestre contre laquelle vont résister quelques survivants. Pour beaucoup, cette bande dessinée est une sorte d’adaptation moderne de Robinson Crusoe. Cependant, cette aventure de héros argentins, qui se déroule dans le centre même de Buenos Aires, va toucher de nombreux lecteurs par son réalisme. Buenos Aires, pour la première fois, apparaît dans une bande dessinée. Les héros ne se battent plus entre les tours de New York, mais dans des lieux emblématiques de la capitale argentine, comme le stade de River Plate ou près de l’Obélisque. Et si l’invasion extraterrestre est mondiale, c’est Buenos Aires qui en est la première cible. De nombreuses suites de ces premières aventures ainsi que des livres sont publiés jusqu’en 1976. Les épisodes de L’éthernaute connaissent aussi un grand succès en Espagne et en Italie, surtout les plus politiques. À partir de 1969, El Eternauta devient clairement anti-impérialiste et le conflit avec les extraterrestres se transforme en une métaphore de la situation de l’Amérique latine face aux grandes puissances. El Eternauta met en scène des Argentins de classe moyenne qui se rassemblent pour lutter contre une invasion étrangère, un thème toujours sensible dans un pays qui s’est lancé dans la guerre en 1982 pour tenter, en vain, de reprendre les îles Malouines, possession britannique dans l’Atlantique sud. Pour l’auteur, « le vrai héros de El Eternauta, c’est le héros collectif. Le groupe humain, c’est le seul héros valide et non le héros individuel ». El Eternauta devient vite l’emblème des luttes urbaines des années 60. Oesterheld lui-même commence à militer dans les rangs des Montoneros, guerilla péroniste des années 70, et ses dernières bulles seront écrites dans la clandestinité, dictées depuis une cabine téléphonique. En 1977, Oesterheld est enlevé, un an après le coup d’État militaire. Plusieurs témoins l’ont vu dans différents centres de détention où il rejoindra les 30 000 « disparus » de la dictature argentine, selon le décompte des organisations de défense des droits de l’homme. Dans la première version de la bande dessinée, un personnage qui a survécu à la chute de neige s’interroge : « Ils ont tous disparu, comme s’ils n’avaient jamais existé. » Pour beaucoup, l’histoire de l’Argentine des années 70 était inscrite dans El Eternauta. Clin d’œil du destin, 50 ans après la sortie de cette bande dessinée, il a neigé sur Buenos Aires, ce qui ne s’était pas produit depuis 89 ans.

Cinquante ans après sa sortie, L’éthernaute, une bande-dessinée de science-fiction, continue à fasciner des générations d’Argentins, séduits par des aventures qui, avec le temps, ont pris un tour politique.
La Bibliothèque nationale de Buenos Aires accueille une grande exposition en hommage à ce voyageur de « l’éther », El Eternauta, écrit à partir de 1957 par Hector...