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Allemagne À Cologne, la construction d’une imposante mosquée provoque la polémique

Dans le quartier d’Ehrenfeld à Cologne (Ouest), le projet de construction d’une des plus grandes mosquées d’Allemagne, destinée à remplacer des locaux vétustes, relance le débat autour de l’intégration des étrangers dans une ville qui compte 12 % de musulmans. Il règne une touffeur moite dans le préfabriqué beige délavé où pendent des lustres en faux cristal. Deux photos géantes de La Mecque et de Médine tentent de cacher que le bâtiment n’a rien d’un édifice religieux. Pourtant certains vendredis de fête, ils sont plus de 1 000 à venir prier dans cette ancienne usine de produits pharmaceutiques, coincée entre une station-service et une avenue bruyante et sans âme. Quand l’affluence est à son comble, des tapis de prière sont installés dehors. « Vous voulez vraiment qu’on continue de prier dans cette baraque misérable? » se lamente Bekir Alboga, chargé du dialogue interculturel au sein de l’Union turque islamique des affaires religieuses (DITIB), propriétaire du bâtiment. « Comme les chrétiens dans leurs églises et les juifs dans leurs synagogues, nous voulons prier dans une mosquée. » La Ditib, la plus importante organisation islamique en Allemagne, contrôlée par l’État turc, a donc décidé de construire ici une nouvelle mosquée qui accueillera également divers services administratifs. Deux minarets de 55 m, une coupole de verre de 34,5 m de haut, une capacité de 2 000 personnes, tel est l’imposant projet retenu et que le maire conservateur de Cologne, Fritz Schramma, juge « excellent aussi bien esthétiquement que symboliquement ». Les travaux, financés par des dons privés et un emprunt bancaire, devraient commencer dès la fin 2007. Tous les partis politiques se sont prononcés pour. « Cologne compte 120 000 musulmans », explique le maire social-démocrate du quartier, Josef Wirges. « Ils doivent pouvoir prier dans un bâtiment représentatif, ajoute-t-il ; nous avons bien la belle cathédrale de Cologne, nous. » Mais la cité rhénane, surnommée « la Rome du Nord » et qui a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en 2005, considère le projet avec appréhension. Le cardinal-archevêque de Cologne, Joachim Meisner, a affirmé comprendre les doutes de certains et dit ressentir une « mauvaise impression » en pensant à la future vaste mosquée. « Il faut prendre au sérieux les peurs des habitants », reconnaît M. Schramma. « Mais ces habitants ne se sont jamais préoccupés du fait qu’il existe déjà une mosquée à cet emplacement », critique-t-il. Dans un pays qui a longtemps considéré que ses immigrés étaient des « travailleurs invités » (« Gastarbeiter »), certains s’inquiètent du repli de certains Turcs qui, par exemple, 30 ans après leur arrivée, ne parlent toujours pas allemand. La polémique a pris une ampleur nationale quand l’écrivain juif Ralph Giordano a exigé que la nouvelle mosquée ne soit pas construite, affirmant qu’elle serait tout sauf une avancée en matière d’intégration. Comparant les femmes « voilées de la tête aux pieds » à « des pingouins humains », l’intellectuel a été accusé de faire le lit du groupuscule d’extrême droite « Pour Cologne », qui compte cinq élus au conseil municipal, et mène une campagne xénophobe. Un édifice aussi imposant « valide l’ordre islamique », selon son dirigeant, Manfred Rouhs. « Il renforce le développement de sociétés parallèles et l’autorité à l’imam qui va pouvoir imposer la charia. » Dans ce quartier populaire aux maisons basses où se croisent femmes voilées et jeunes bohêmes, Bekir Alboga tente de calmer le jeu : « Nous ne sommes pas un danger pour ce pays », « notre mosquée est ouverte ». Pour le maire du quartier, le vrai problème, « ce sont les mosquées installées dans les arrière-cours, où on ne sait pas vraiment ce qui est prêché ».
Dans le quartier d’Ehrenfeld à Cologne (Ouest), le projet de construction d’une des plus grandes mosquées d’Allemagne, destinée à remplacer des locaux vétustes, relance le débat autour de l’intégration des étrangers dans une ville qui compte 12 % de musulmans.
Il règne une touffeur moite dans le préfabriqué beige délavé où pendent des lustres en faux cristal....